"Obviously doctor, you've never been a thirteen-year-old girl."
Ça faisait très longtemps que je ne l'avais pas vu, mais je gardais ce souvenir d'un film lointain, vaporeux, presque... évanescent ; le revisionner ne fit que confirmer mon impression.
Sinon, pour une raison que j'ignore, j'étais persuadée que Kirsten Dunst était l'aînée des cinq et qu'elle s'appelait non pas Lux mais Lust. Amusant.
Servi par une superbe photographie et une bande-son signée Air servant cet aspect "éthéré" si particulier, le film nous raconte une histoire. Il ne juge pas, il n'explique pas ; il bafouille son amour pour les cinq sœurs (même si au final, on ne se focalise ni plus ni moins que sur Lux et Cecilia) et évoque avec justesse les griefs de cette période cul entre deux chaises qu'est l'adolescence, sans s'attarder à accuser la folie des parents, cette mère intégriste et ce père impuissant, ou les voisins complètement inutiles qui commèrent et observent les filles et la famille Lisbon sombrer sans trop savoir quoi faire. Ce n'est pas pour ça qu'on est là ; on est là pour se laisser guider par cette voix un peu brisée mais résignée, qui peine à nous faire comprendre les événements puisqu'elle-même ne peut tout voir avec clarté.
The Virgin Suicides (titre mensonger) est à la fois d'une grande cruauté et d'une extrême douceur. Il ne se passe vraiment dans une banlieue américaine des seventies, mais plutôt dans un rêve, une vision éthérée du passé par le narrateur qui tente vainement de recoller les morceaux des années après l'événement. Au final, on ne parle ni plus ni moins que de la fascination de ces garçons (très bien joués au demeurant) pour ces filles quasi irréelles et angéliques happées par la mort en même temps que leur arbre. Et c'est beau.