Voilà un film qui a vraiment du chien !

Viva Maria!, un film de Louis Malle sorti en 1965, marque une rencontre jubilatoire entre le cinéma d’aventure et l’esprit de la bande dessinée. Avec ses deux icônes des années 60, Brigitte Bardot et Jeanne Moreau, véritables bombes sexuelles mais aussi actrices charismatiques et complémentaires, le film s’impose comme un objet cinématographique unique, à la fois pop, politique et profondément divertissant.

C’est un film qui ne ressemble à aucun autre. On y retrouve le sens de l’épique populaire, de la comédie anarchisante, du western tropical, le tout porté par un rythme enlevé, une mise en scène inventive, et une direction artistique remarquable. Louis Malle, souvent associé à un cinéma plus "auteuriste", s’amuse ici à casser les codes et à livrer un feu d’artifice visuel et narratif.

Visuellement, le film est un régal. La photographie signée Henri Decaë capte magnifiquement les couleurs vives, les paysages exotiques, les costumes flamboyants et les ambiances carnavalesques. Le scope est utilisé avec générosité, embrassant à la fois les grands espaces et les scènes d’action foisonnantes. La reconstitution d’un Mexique fantasmé, révolutionnaire et burlesque, a un charme fou.

Sur le plan du scénario, on pourrait reprocher à Viva Maria! un manque de tension dramatique ou une certaine légèreté dans l’intrigue, mais ce serait oublier que le film ne vise jamais le réalisme ou la gravité. Il s’agit avant tout d’un conte libertaire, d’un jeu de rôle géant où deux femmes prennent le pouvoir, renversent l’ordre établi, et mènent une révolution à coups de dynamite, de chansons et de charme désarmant. C’est très "cartouzenesque", comme si les cases d’une BD s’animaient à l’écran.

La bande-son, avec les compositions de Georges Delerue, participe grandement à l’ambiance décalée du film, mêlant musique légère et accents dramatiques, tout en renforçant le ton parodique et joyeux.

Alors oui, Viva Maria! n’est peut-être pas un chef-d’œuvre de subtilité, mais c’est un bijou de liberté, d’audace et de fraîcheur, un véritable film d’aventure à la française comme on en fait peu, et qui mériterait d’être pleinement réhabilité. On peut s’étonner que ce genre, populaire, généreux, parfois naïf mais toujours inventif, soit aujourd’hui un peu dévalué. Pourtant, ce film a eu, a, et aura encore, tout pour plaire.Un film à (re)découvrir avec le sourire aux lèvres et l’esprit grand ouvert.

Moi je dis : Viva Maria!