Acting like a maniac... Whiplash !!!
Ça m'ennuie vraiment, mais vraiment. Voilà j'ai un problème, et vous y êtes pour quelque chose, oui, vous lecteur, êtes responsable de mon problème (sauf si vous n'avez pas vu le film... Dans ce cas, je ne sais pas ce que vous attendez... Mais ne partez pas, no spoil dans ma critique, promis.). Comme beaucoup ici, j'ai adoré ce film, et comme beaucoup, je tiens à vous faire partager mon avis dessus, parce que, quand même, il en vaut la peine que l'on s'attarde dessus. Sauf que les quelques centaines de critiques postées sur le site se sont bien partagées le gâteau, et il ne me reste plus que les miettes. Cruel lorsque ce sont ces mêmes critiques qui m'ont poussé à aller voir ce film, une semaine après sa sortie, chose que je ne fais jamais d'habitude.
Tout a été dit sur ce long-métrage, mais vraiment tout, la militarisation de la musique, le jeu d'acteur incroyable de J.K. Simmons, l'intensité qu'offre la dernière demi-heure et surtout la dernière scène et j'en passe.
Mais aviez-vous remarquez comment Chazelle se sert de la chambre d'Andrew (exceptionnel Miles Teller) pour allégoriser son esprit ? En-effet, au départ dégueulant de poster, d'articles (dont un titré "Les mauvais batteurs finissent dans des groupes de rock"... Au nom de tout les batteurs, va te faire foutre, cordialement.) et d'objets en tout genre, celle-ci va peu à peu se vider, d'abord pour se focaliser sur la batterie, ne gardant que ces CDs, posters, articles de jazz. Jusqu'à totalement se vider après un certain incident.
Ça vous la coupe là ? Non ? C'était nul ? D'accord ('faites chier...).
Une petite blague alors pour détendre l'atmosphère :
- Quelle est la différence entre un batteur et une boite à rythme ?
- Cinq mesures à la fin du morceau.
Vous avez compris ? Tant mieux, moi non plus.
Je ne suis pas un batteur, ça sonne maintenant comme une évidence, ni musicien, c'est comme pour la bouffe, je la mange mais j'évite de la faire, pour mon bien-être et celui des autres. Alors lorsque Fletcher craque son slip et balance une chaise droit vers Andrew à cause d'un mauvais tempo, je ne comprends pas. Même avec la plus grande attention, je ne perçois aucune différence entre ce qu'Andrew a précédemment joué et ce qu'il joue après. La musique semble absente, le plaisir n'est plus et laisse place à une série de souffrance. Jouer ne nécessite plus que persévérance et sens du sacrifice . Andrew laisse donc tomber sa magnifique copine, envoie bouler sa famille et se refuse d'avoir des amis. Un connard ambitieux, voilà ce qu'il faut être pour percer dans le milieu de la musique professionnelle. Et avoir un connard aigri comme professeur.
Beaucoup décrit comme le Full Metal Jacket de la musique, le premier long-métrage de l'américain Damien Chazelle parvient à se détacher de cette influence évidente à mesure que le film avance. Le sergent instructeur de Kubrick était un enfoiré et sa mort, méritée. Mais qu'en est-il de Terence Fletcher ? Sadique en puissance ou mal nécessaire ?
La vision d'un jazz en décrépitude, dépourvu de génies musicaux, voilà ce qui semble pousser le professeur à la cruauté. Une intention louable que de faire revenir le genre musical que l'on chérie autant. Mais de l'autre côté de la balance se retrouve la dépression et le suicide. Méthode ambiguë, pour une relation avec Andrew qui l'est tout autant. Sorte d'amour-haine entre deux personnes qui, au fond, se comprennent et partagent la même vision de la musique, impression accentuée par les nombreux gros plans et inserts sur le visage des deux protagonistes, comme seuls au monde. Le reste des personnages ne sont, à ce titre, que figurations et n'existent que parce qu'il arrive que l'un des deux interagisse avec.
Pour un premier film, Chazelle maîtrise aussi bien son sujet que sa mise en scène, ancien batteur (peut-être l'est-il toujours...), il crée une osmose parfaite entre le montage et les compos de batterie. Son film est ainsi monté comme le premier accelerando joué par Andrew, avec un départ plutôt lent pour finir sur un climax impressionnant et sans fausses notes où la tension monte crescendo.
La photographie, magnifique mais assez repoussante, laisse une place très importante à la noirceur (reflet du récit), semblant étouffer Andrew lorsque ce n'est pas Fletcher qui s'approprie le plan de sa carrure imposante.
Un chef d’œuvre, un coup de maître venant de Damien Chazelle, se servant de son expérience dans le milieu pour en proposer une vision masochiste, déshumanisée où la concurrence extrême pousse à l'antipathie et la condescendance.
Une claque dans la gueule, ni plus ni moins.