S'il y a bien une chose sur laquelle les asiatiques sont avant-gardistes c'est sur la place des gays et transsexuels au cinéma et autres médias. Prenons par exemple Resurrection of The Little Match Girl, film Coréen qui avait pour héroïne un transsexuel (Sing Jin), ou les top-models transsexuels qui sont très en vogue (Ai Haruna, Nong Poy) et certains faisant même de la politique, comme Aya Kamikawa, transsexuel ayant été élu au conseil municipal de Tokyo. Extrêmement progressiste, surtout quand on voit en comparaison les rayons ciné dédiés aux gays ouvrir dans les FNAC ou Virgin Megastore, qui annoncent clairement « on pense aux gays, mais ils ne sont pas comme nous », et qui soit dit en passant ne se composent que d'histoires d'amour à l'eau de rose avec des mecs torses nus en couverture, or les gays que je connais sont plus consternés par ce genre de productions qu'autre chose, certes rassurante pour le mâle lambda mais ne faisant que colporter une mauvaise image.
Dès que j'ai lu l'histoire de Yaji et Kita j'ai été emballé. Amour interdit entre deux hommes (shogouns), drogue, surréalisme, psychédélisme, anachronismes, humour, histoire (le film se passant pendant la période d'Edo), danses et chants à la façon de Zatoichi, bref un mélange, sinon LE mélange ultime du meilleur de ce que peut nous offrir le cinéma japonais.
Yaji est un homme marié à une femme, cependant il aime un autre homme, Kita, qu'il voit la nuit en cachette, malheureusement Yaji est en proie à des cauchemars et hallucinations, rendu fou par sa vie qui le déçoit et par le comportement de Kita qui se réfugie dans les drogues dures. Cependant un jour Yaji recevra une publicité pour le sanctuaire d'Ise, sanctuaire shintoïste dans lequel il verra un Eden pour eux deux et en particulier pour tenter de vaincre l'addiction de Kita. Partant à deux sur un gros chopper (premier anachronisme loufoque), ils se feront cependant arrêter peu de temps après pour excès de vitesse et seront obligés de continuer leur pèlerinage à pieds. S'en suivra tout un tas de rencontres, amusantes, curieuses, surréalistes, émouvantes, à un tel point qu'à chaque instant on se demande ce qui va encore leur arriver.
Le réalisateur, Kankuro Kudo, joue d'ailleurs à mort avec tout ce que le cinéma peut offrir et nous dépeint une fable extrêmement complexe, avec plusieurs niveaux d'interprétation, les hallucinations y jouant pour beaucoup. Quand on voit Las Vegas Parano on sait ce qui est réel et ce qui est hallucination, alors que là on est complètement perdus, la réalité étant parfois hallucinations et les hallucinations parfois la réalité.
Kudo réussit également l'exploit de rendre le film accessible à la grande majorité du public, certains l'interprétant comme une histoire d'amour compliquée entre deux hommes et d'autres l'interprétant comme une histoire d'amour entre deux personnes et surtout comme un fable sur le pardon et le sacrifice. Cependant, même s'il est compréhensible par un occidental, une bonne connaissance du Japon ne pourra qu'aider à une meilleure compréhension; et quand je parle d'une bonne connaissance du Japon je parle sérieusement, être fan de mangas et de JPop étant loin d'être suffisant, une connaissance de l'histoire du Japon, de sa géographie, de ses fables, de ses mythes et du Shinto étant plutôt ce que je sous-entends.
Sans conteste un chef-d'oeuvre du 7e art que tout bon cinéphile ou passionné du Japon se doit de voir, et d'ailleurs c'est presque un crime que le dvd ne soit disponible qu'en import (avec sous-titres anglais).
Mention spéciale pour Shimizu Yumi, jouant le rôle d'une jeune paysanne vivant au pied du mont Fuji, chantant faux et apportant le mauvais temps dés qu'elle commence à chanter.

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le 12 oct. 2010

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SlashersHouse

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