Avant de succéder à Edgar Wright à la tête d’Ant-Man, lui assurant une « reconnaissance (de commande) », Peyton Reed s’était illustré avec quelques comédies romantiques (pour certaines) anodines… jusqu’à ce que Yes Man passe par là : adaptant le livre de Danny Wallace, écrivain et humoriste (…) britannique de son état, le long-métrage réalisait une prouesse relevant de prime abord de ses prétentions basses du front et sa fougue communicative.
De fait, Yes Man est à l’image de sa tête d’affiche, Jim Carrey offrant une énième réplique de son jeu surjoué, pétri de tics, grimaces et facéties en tous genres. Pourtant, derrière l’extravagance des gags émerge en filigrane un manifeste pour le lâcher-prise, faisant ainsi de Carl Allen le sujet d’une démonstration plus réfléchie qu’il n’y paraît ; dommage toutefois qu’il n’égratigne pas davantage l’empreinte sectaire du mouvement de Terrence Bundley, ou n'aborde pas du tout les freins financiers, sujets connexes à même d’en étoffer les prétentions autres que purement humoristiques.
Bref, ne nous y trompons pas : Yes Man est pour l’essentiel une comédie hollywoodienne pur jus, parsemée de personnages lunaires et/ou hors-norme, à la fois rouages et victimes d’une ribambelle de situations toutes plus ridicules les unes que les autres. De facto, le fait que Carl applique à la lettre les préceptes du « Oui » place le film sous le joug d’un jusqu’au-boutisme aux limites du risible, mais le fait est que la sauce prend : si nous pourrons regretter qu’il n’aborde pas plus finement la dépression le guettant, les pérégrinations de l’employé de banque se veulent grandement divertissantes, pour ne pas dire (in fine) touchantes.
Yes Man se saborde néanmoins en partie en nous resservant le plat froid de la romance agitée, notamment marquée d’une séparation préfigurant la réunion finale, ce qui contrevient à la fraîcheur et douce folie de la rencontre initiale ; nonobstant cet écueil générique, le duo Carl/Allison demeure tout de même un beau motif de satisfaction, Zooey Deschanel incarnant à l’instar de son partenaire masculin un personnage lui allant comme un gant, conférant ainsi au couple une alchimie du meilleur aloi.
En bon artisan « capable », Peyton Reed capitalise davantage sur l’aura de ses interprètes (concédons-lui une bonne direction d’acteurs au global) que sur sa mise en scène, conforme aux standards d’un genre enclin à la paresse formelle. Difficile in fine de lui en tenir rigueur, le divertissement comique étant dans les faits pleinement assuré, doublé par une chouette réussite au box-office (il rapporta plus de trois fois sa mise de départ) : YES!