Shinkaille

J’étais entré dans la salle, m’attendant juste à une petite shinkairie lambda, jolie mais sans réelle identité émotionnelle. Jamais été aussi content d’être pessimiste.

Sur le coup on a vraiment un excellent film d’animation, peut être pas du début à la fin, mais un peu après le début jusqu’à après les crédits on va dire. Le film est d’abord présenté comme une histoire simple, tranche de vie avec des éléments de perte de mémoire pour lentement changer de ton et passer à une échelle plutôt gargantuesque, tout en gardant le charme d’un univers contemporain. On a un mélange de genre bien géré du début à la fin, sans longueurs. J’étais aussi particulièrement surpris de la qualité des dialogues, qui paraissaient très naturels à l’inverse de 5 Centimètres par Secondes, là où on se tapait des dialogues de cinq mots avant d’enchaîner sur un non sens pseudo philosophique et complètement vide d’intérêt. Il y a de l’humour, de la joie et de la tristesse sans passer par du tire larme français, et on en sors vraiment convaincu : Shinkai est capable de faire un film avec de la substance, de l’identité artistique et un caractère qui lui est propre. Je m’attendais pas à me prendre un (plusieurs, même si certains passages peuvent être facilement devinable en réfléchissant un peu) plot twist dans la tête. Jamais on a l’impression que ça va trop loin, car les éléments de science fictions sont complètements assumés.

Visuellement, je m’attendais à voir quelque chose de très joli, et Shinkai a quand même réussi à me surprendre. Les décors sont somptueux, passant des paysages urbains de Tokyo à la beauté naturelle de la campagne presque semblable à celle des Enfants Loups. Les plans sont propres, fluides, et ne nous donne jamais cette impression de “faux” et de numérique qui envahis l’écran. J’adore les plans en contre focus (j’invente le terme je connais pas le nom de cette technique) qui permet de donner plus de relief aux éléments du décor. J’avais eu très peur que l’image soit beaucoup trop “parfaite” et trop envahie par un sens du détail presque nauséabond, mais tout passe très vite devant nos yeux sans pour autant nous empêcher de profiter des frames et des paysages. Les plans s’enchaînent aussi vite qu’on s’attache aux personnages et aux environnements, et on a une expérience audiovisuelle presque assaisonnée à la perfection.

Côté personnages, ils paraissent un peu simplets et inintéressants aux premiers abords mais on finis vite par s’attacher à eux et leur désirs. Même les personnages secondaires sont vraiment adorables en plus d’avoir un chara design soigné. Leur doublage sont marquants, agréables, simples mais poignants et on ressens vraiment ce qu’ils essayent de transmettre. La musique et les effets sonores ont aussi une place extrêmement importante dans l’histoire, et les nombreuses insert songs ne donnent jamais l’impression de faire un peu trop kitsh tant elles concordent parfaitement à l’image. Je pense que c’est aussi une des rares fois où les bruitages m’ont autant marqué dans un anime, même des simples personnages qui trébuchent nous donnent presque l’impression que c’est réel et non pas un bête film d’animation.

Bref je pourrais dire beaucoup de choses mais j’ai vraiment pas envie de trop en dire tant il y a des éléments qui jouent sur la surprise (sans pour autant ne se baser que sur ça). Les scènes sont vraiment marquantes, les dialogues entraînants, et surtout, c’est putain de beau. Donc foncez le voir quand il sort pas trop loin de chez vous.