Zulu part d'une belle intention et promet sur le papier d'être un thriller un poil original de par sa situation. Choisir les décors et le climat social si particulier de l'Afrique du Sud paraissait en effet être un pari osé, pas évident par exemple de rendre à l'écran la complexité politique de l'endroit ainsi que l'insécurité qui y règne. Jérome Salle fait un chouette boulot à ce niveau et réussit à ancrer son film dans cette réalité un peu à part. Mais le bougre déconstruit par la maladresse de son script toute l'ambiance atypique qu'il avait su construire. Et se laisse rattraper par les démons hollywoodiens alors qu'il avait tout pour signer un thriller très personnel.


Mais c'était sans compter sur ses personnages qui bien vite s'affadissent pour ne garder comme caractéristiques que celles qui régissent le genre. Chien fou alcoolique et coureur de jupon, chef rigide comme une bêche mais intègre et le petit nouveau fraîchement propulsé sur le terrain qui est plein de motivation, on se croirait dans un cahier de vacances de scénarisation. Ajoutons à cela la facilité d'un script qui se contente d'un pitch bien lourdingue pour ensuite dézinguer tout le monde de façon presque clinique, histoire de donner l'impression d'un nihilisme couillu. Mais la sauce ne prend pas, les acteurs finissent par ne plus savoir quoi proposer, et pourtant les bougres s'investissent. Orlando Bloom parvient à nous faire oublier ses oreilles pointues et assure en flic paumé qui impose son physique.


Mais tout cela semble très court, on traverse le film sans jamais s'arrêter et on finit même par se détacher totalement de l'histoire quand Forest sort le shotgun. On devrait pourtant mettre nos tripes à son service, touché parce qu'il franchit enfin la ligne de ses principes, mais non, on assiste à sa partie vengeresse sans spécialement s'y investir.


Zulu est un film pavé de bonnes intentions qui s'embourbe dans les travers du genre qu'il s'approprie à chaque étape de son intrigue. Sans surprise, son script est d'une linéarité qui favorise l'ennui et les bons acteurs qui se doivent de l'illustrer peinent à force de propositions mal exploitées. La seule bonne surprise du lot finalement, c'est Orlando Bloom qui prouve qu'il peut jouer autre chose que le petit elfe sensible. Même s'il le fait avec un peu de maladresse, sa transformation physique le rend méconnaissable et lui confère un début de charisme qu'on ne lui connaissait pas.

oso
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le 1 juin 2014

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oso

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