L'émotion comme coeur du game design

Qu'il est compliqué de parler de ce jeu. J'entends partout qu'il s'agit soit d'une grande réussite, soit d'un jeu d'une pauvreté ludique n'ayant que pour lui une belle esthétique. Et le problème, c'est que les deux opinions se valent et je m'en vais vous expliquer pourquoi.

Si l'on prend froidement le titre, il s'agit principalement de nager d'un point A vers un point B en activant par ici et là des mécanismes... Et c'est tout ! En découle des commandes ultra simplistes à priori à base de déplacement, d'un bouton d'action et d'un bouton pour faire des "pirouettes" sous l'eau. Mais s’arrêter purement au système de jeu est peut être une erreur.

Le maître-mot du studio Giant Squid derrière ce titre est l'idée de transmettre des émotions aux joueurs grâce à tout ce que peux offrir un monde aquatique. Avec cette simple idée de base, la démarche du studio a été jusqu’au-boutiste. Et c'est là où incompréhension peut naitre. Pour certains joueurs (dont je pensais faire partie), c'est le gameplay avant tout, un bon jeu est un jeu avec un système de jeu solide, le reste n'étant qu'un bel emballage qui ne peut que rendre un jeu meilleur mais qui ne peut pas le rendre bon de par sa simple présence. Mais aujourd'hui, Abzù nous propose une expérience à l'opposé de celle ci.

Pour ce titre, 3 axes ont été travaillés pour plonger le joueur dans un monde poétique :

L'environnement
Si le level design sera simple dans sa structure, il n'en sera que minutieusement travaillé quant à ses couleurs, architectures et beauté. Souvent, vous vous arrêterez soit pour admirer un bel endroit sous marins, soit pour scruter le décors et ce qui recèle pour tenter de comprendre l'histoire et le contexte narratif des lieux que vous parcourez.

La faune sous marine
Je vous invite à rechercher sur les internets les différentes interviews de Matt Nava qui explique a de nombreuses reprises l'importance du développement relatif à la faune et ses réactions par rapport aux actions du joueurs. Cela donne un sentiment d'un monde vivant aussi bien avec que sans le joueur.

Les déplacements
Comme je l'ai dit, les contrôles sont simple voir simplistes. Cependant, la façon de se mouvoir est assez unique dans les ressentis manette en main. Vous aurez une réelle impression de fluidité et parfois, vous oublierez que vous nagez et non que vous êtes en train de voler.

La combinaison de ces 3 éléments inter-dependants permet de créer un monde aquatique marquant mais surtout, de créer une beauté à l'opposé de passive. Le joueur sera partie prenante de la poésie qu'il verra, ressentira et/ou créera. Et c'est ici la force de Abzù. Il faut donc accepter ce postulat de base du studio anglais pour prendre du plaisir à l’intérieur de ce titre.

De par là même, il n'est pas à remettre entre toutes les mains, tellement son concept est poussé à son paroxysme. Il s'agit ici d'un jeu de niche, aux propositions intéressantes mais qui ne satisferont pas les joueurs en manque de nouveautés en terme de game system. Si la poésie, la contemplation et la nature peuvent vous suffire à prendre plaisir, alors le jeu pourrait très bien être un de vos coup de cœur de l'année. A défaut, une grande déception pourra naitre manette en main. Vous serez maintenant prévenu.