Il s’agit là de la suite du premier jeu American McGee’s Alice sorti en 2000 , mais qui n’est absolument pas indispensable à la bonne compréhension de ce Madness Returns, qui peut tout à fait être appréhendé comme une aventure indépendante. Le jeu est une relecture et interprétation du roman de Lewis Carroll et cette fois, on est loin de l’adaptation Disney (d’ailleurs, le jeu est classé PEGI 18). En effet, avec un scenario mature et sombre, porté par un imaginaire aussi inspiré que troublant, ce titre aurait de quoi déranger les plus jeunes.


L’aventure d’une douzaine d’heures, se compose de va-et-vient entre le monde réel, (austère et triste), et le Pays des Merveilles (qui parfois n’en a que le nom).
Ce Pays des merveilles, un sanctuaire mental d’Alice, aujourd’hui jeune femme traumatisée dont la mémoire défaille. C’est d’ailleurs là tout l’enjeu de cette aventure : avancer de rêves en cauchemars dans la cervelle d’Alice pour faire la lumière sur ce qui lui est réellement arrivé.


La direction artistique est démente même si mal desservie par des graphismes irréguliers et un level design redondant ! D’ailleurs pour les graphismes, si vous le pouvez, préférez la version pc à celle de ps3 ou 360). On pardonne néanmoins à Spicy Horse ces quelques écueils, tant le voyage proposé s’avère insolite et plaisant ! Dans l’esprit perturbé (très perturbé) d’Alice on traverse des lieux de rêves et de cauchemars ! Des univers oniriques incroyables, diversifiés et foisonnant de détails et bizarreries, qui dans leur ensemble donnent à ces lieux un cachet et une originalité rarement vus dans un jeu ! Ce qui est sûr c’est que vous allez voir du Pays…. et des Merveilles (haha…). Certains de ces mondes sont tellement bluffants, qu’on les arpente de long en large pour le seul plaisir de leur contemplation. Plus d’une fois il m’est arrivé de poser la manette et de simplement regarder le paysage incroyable qui se dressait devant moi. Le Bestiaire, est quant à lui tout aussi farfelu que le reste ! Ainsi, on affronte des théières meurtrières, des poupées mazoutées, des insectes ninjas et plein d’autres étrangetés qui vous voudront du mal.


Vous l’aurez compris, dans ce Madness Returns on ne fait pas dans le conventionnel. On ne peut pas en dire autant du gameplay qui, quant à lui est très classique mais néanmoins efficace. C’est de la bonne vieille plate-forme saupoudrée de bastons avec un zeste d’exploration ! On avance et on saute sur des plates-formes figées ou en mouvements, visibles ou invisibles et on évite les divers pièges qui jonchent les niveaux construits aussi bien horizontalement que verticalement. Bref, il y a de quoi s’amuser… et mourir aussi, bien que la pénalité d’une mort soit quasi nulle en raison du très grand nombre de checkpoint. On a donc des mécaniques de gameplay datées mais qui après tout fonctionnent (Et puis on ne peut pas non plus attendre de chaque jeu qu’il révolutionne son genre, c’est déjà bien lorsqu’il lui fait honneur). Petite originalité tout même avec la possibilité de changer de taille : ce qui, en plus de vous permettre de passer dans des endroits exigus, vous octroie une vision spéciale avec laquelle il est possible de distinguer des indices et des plates-formes, autrement invisibles.


De la plate-forme donc, mais pas que : on cogne aussi ! Et pas avec n’importe quoi ! En fait si : un couteau à viande, une énorme masse à tête de cheval, un moulin à poivre et une théière Canon ?! Ok… remarquez c’est raccord avec le reste des bizarreries de ce titre. Ces armes sont toutes améliorables moyennant quelques dents (Les dents sont la monnaie du jeu, que vous ramassez à chaque ennemi vaincu ainsi que sur votre chemin ou encore en détruisant certains objets). Donc, à vous ensuite de voir ce que vous vous voulez upgrader selon que vous préférez trancher vos ennemis, les écraser, les poivrer (si si) ou les ébouillanter.
Plus secondaire dans leurs usages mais néanmoins indispensables, les chronos bombes et l’ombrelle. Les bombes évidement servent à détruire certains murs et obstacles mais permettent également d’enclencher des mécanismes grâce à leur poids. L’ombrelle quant à elle fait office de bouclier face aux projectiles qui peuvent ainsi être renvoyés à l’ennemi. Enfin, il est possible de passer Alice en mode Furie lorsque vous êtes à deux doigts de la mort. Ce mode furie, permet à Alice d’être invulnérable et de faire beaucoup plus de dégâts. Il est évidemment limité dans le temps.


Si les combats tournent relativement vite en rond, les phases de plate-forme sont, toujours plaisantes et offrent un défi oscillant entre moyen et facile. Notez, qu’à défaut d’être complexes ces phases sont toujours fun ! De plus, ponctuellement le jeu fait preuve de générosité dans son Gameplay avec quelques phases old school : plate-forme 2D ou shoot up, mais également des mini jeux, des mini boss et les sympathiques passages de glisse. Une façon intelligente de ne pas engluer le joueur dans une routine pesante.


On notera également que pour chaque monde, Alice possède sa robe thématique ! Une fois débloquées, ces tenues sont équipables dans le menu principal et octroient des bonus spécifiques. On aura ainsi le loisir de rejouer certains niveaux avec la robe d’un autre monde et donc de profiter de certaines caractéristiques bonus. Un petit aspect collectionneur est présent via les « groins de porcs » dissimulés partout au fil des niveaux, des groins qu’il nous faut dégommer avec notre moulin à poivre. Des Art Works sont également déblocables ainsi que des souvenirs d’Alice cachés ici et là sous forme d’objets spécifiques à la nature du souvenir : l’occasion donc de fouiller les niveaux pour en apprendre un peu plus sur le passé obscur de la jeune Liddle. Car il s’agit d’un personnage aux secrets difficiles à percer, tant le scénario nous perd dans les dédales de l’esprit malade de la jeune femme et distille avec radinerie les informations nécessaires à la bonne compréhension de son histoire. On galère un moment à assembler toutes les pièces du puzzle et à faire la lumière sur les cinématiques alambiquées et les dialogues délirants des différents protagonistes.


Le caractère design est superbe et nous offre des personnages et ennemis dérangeants au possible, aux physiques grotesques et monstrueux. Le chapelier fou, le chat de Cheshire, le loir et le lièvre de Mars, on a là un véritable petit Musée des Horreurs et de l’étrange. Enfin, les musiques ne sont pas en reste et consolident cette incroyable fresque de la démence et du trauma, avec des morceaux sombres mélangeant piano, violoncelle, et carillon ainsi que plein d’autres petites subtilités qui enrichissent l’ambiance de cette œuvre atypique.


Techniquement dépassé mais artistiquement incroyable, Alice Madness returns est un très bon jeu d’action plate-forme 3d à la sauce steampunk et un incroyable voyage dans un esprit meurtri mais fertile.

Carrhotus
8
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le 28 mai 2017

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