We are all pigs, professor !
Amnesia : A Machine For Pigs nous plonge comme son prédécesseur dans un univers cauchemardesque, rempli de monstres et de voix décharnées. Le principe reste le même que pour The Dark Descent : le personnage que l'on incarne est frappé d'amnésie, et celui-ci se lance à la poursuite de ses enfants, en danger.
La narration est très similaire au premier. L'essentiel se fait au travers de souvenirs qui se déclenchent en pénétrant dans certaines zones, et un tas de journaux disséminés un peu partout. Seul ajout, un personnage qui intervient régulièrement via les téléphones présents dans le jeu. Toutefois, malgré ce système plutôt intéressant (même si, j'en conviens, on peut trouver les souvenirs un peu pénibles puisqu'ils ralentissent le jeu) le scénario est lui plutôt décevant. S'il n'est pas mauvais en soi, il laissera nettement une impression de déjà-vu, croisé entre un Resident Evil et n'importe quel jeu où une voix vous guide pour servir ses propres intérêts. Résultat, les "révélations" et autres éventuelles surprises scénaristiques n'en sont pas, puisque trop prévisibles.
Pourtant, tout cela n'empêche pas d'accrocher pleinement à l'univers. L'ambiance est bien rendue, avec de beaux décors, plus marquants que ceux du premier, et une bande-son particulièrement à propos. Mais ce n'est pas une surprise de la part de l'équipe qui s'est chargée de Dear Esther : le contemplatif, c'est leur rayon.
Ce côté observateur a néanmoins quelques mauvais côtés. L'interaction avec le décor est réduite presque au minimum. Il y a très peu d'endroits où fouiller, la plupart des portes et des tiroirs étant verrouillés. De plus, la disparition de l'inventaire rend la quête d'objets extrêmement succincte, de même que les énigmes, très simplifiées. Pour ma part, j'ai trouvé qu'il était intéressant d'avoir fait disparaître le système d'allumettes / lampe à huile du premier, car ce système m'avait souvent poussé à foncer pour ne pas tomber à court d'éclairage. Là, au contraire, j'ai pris un peu plus mon temps, puisque pas pressé par mes réserves. Cependant, je reconnais que malgré les moments passés à admirer le décor, le jeu est trop court. Il m'a fallut entre 8 et 9h pour terminer TDD, et entre 4 et 5h pour AMFP, c'est à dire moitié moins.
La conséquence directe est un problème de rythme. Concrètement, on passe pratiquement le premier tiers du jeu à se promener sans rencontrer véritablement un monstre. Au mieux, on en voit un au détour d'un couloir, mais guère plus. Le deuxième tiers rehausse le niveau, tandis que le troisième tiers semble être un rush précipité où l'on se retrouve un peu détaché de cette ambiance pesante et lente, pour courir partout puisque c'est la seule chose à faire. En prenant une heure et demie pour chaque phase, tout s'enchaine clairement trop vite.
Mais le jeu ne déçoit pas par son côté horreur. Outre le gore, aussi bien visuel que suggéré, le jeu applique une vraie pression sur le joueur, d'une manière une peu différente de son prédécesseur. J'ai trouvé TDD un peu trop prévisible pour être effrayant (à part les moments où il faut courir), AMFP en revanche m'a souvent surpris. Pas seulement à cause des scare-jump, mais grâce à sa mise en scène. Zigzaguer entre des monstres lorsqu'on ne voit rien et qu'on ne les entend pas arriver m'a plutôt éprouvé. Il ne lui manque que ces phases où il faut vraiment fuir un monstre, en se cachant par exemple, plutôt que de simplement les éviter. Un ensemble bon, quoi que perfectible.
Au final, même si le jeu m'a plu, je ne peux me résoudre à lui accorder meilleure note. Trop court, trop figé, avec une histoire qui est loin d'égaler la folie qui imprégnait The Dark Descent. Il reste un bon jeu d'ambiance et d'horreur, mais qui ne laissera pas un grand souvenir.