Another World, sorti en 1991 sur Amiga et Atari ST, est arrivé comme une bombe à l'époque de sa sortie. Développé presque entièrement par Eric Chahi, qui ne s'est fait aider que pour les musiques, Another World demeure un souvenir indéfectible pour toute une génération de joueurs.

Pourquoi un tel engouement autour du jeu, même aujourd'hui ?
D'un point de vue technique, le jeu s'impose comme une révolution en introduisant des graphismes vectoriels : Eric Chahi a filmé les séquences dont il avait besoin et les a calquées pour un rendu visuel inédit.

En termes de game design, le jeu se déroule sous forme de tableaux en 2D en vue de côté. Another World utilise des mécaniques de Die & Retry et propose au joueur un challenge relevé ; Eric Chahi est un amateur d'arcade et ses influences transpirent dans le gameplay de son jeu. La vraie rupture demeure dans son interface : à une époque où le scoring est une norme, presque une obligation, Eric Chahi n'offre au joueur aucune information et centre son gameplay sur l'expérimentation et la découverte. L'absence totale d'aide, d'explications ou de signes familiers (barre de vie, munitions, etc.) rend le premier contact très étrange, presque surréaliste. Il y a dans Another World une opposition saisissante avec le reste de l'industrie vidéoludique qui rend le jeu intemporel : en 1991, la tendance était aux jeux à scoring et difficiles ; aujourd’hui les interfaces sont épurées et le joueur très guidé. Another World se place à contre-courant et c'est ce qui rend l'expérience de jeu si riche et différente.

Mais ce qui ressort d'Another World, c'est surtout son ambiance. Après la cinématique d'introduction, le personnage est plongé dans un univers où se mêlent créatures étranges et décors immenses : un profond sentiment de solitude et de fatalité se dégage du titre. Car Another World reste certes un jeu vidéo, mais c'est aussi une œuvre majeure de science-fiction du XXème siècle. Considéré comme une des premières œuvres artistiques de notre industrie, Another World constitue l'apogée de la French Touch version jeu vidéo, aujourd'hui bien plus discrète. Entendre Fumito Ueda (Ico, Shadow of the Colossus) citer le bijou d'Eric Chahi comme source principale d'inspiration apparaît alors comme une évidence.
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le 18 janv. 2011

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