Mon nom est Desmond Miles, et je suis un crétin. Je SUIS un crétin.

Ma foi, ce titre, sans trop spoiler quand même, relève assez bien mon ressenti face au cliffhanger final proprement hallucinant de stupidité et de sans-gêne que nous ont servi les messieurs de chez Ubisoft sur un plateau d'argent (le fric appelle le fric c'est bien connu argent = fric vous avez compris haha hum c'était nul hop).
Et c'était sans compter sur les aussi interminables que prétentieux crédits de fin, bien entendu. Honnêtement, et question que je me pose depuis le 2, est-ce bien nécessaire de remercier le responsable marketing de la promotion des portes-clés Assassin's Creed dans la succursale Ubisoft d'Ouganda ? Perso, j'en doute. et c'est un peu mon ressenti général sur AC 3, en fait : "Etait-ce bien nécessaire ?".

Comprenez bien, je suis en bons termes avec la série AC, plus particulièrement en ce qui concerne la saga d'Ezio : des jeux au challenge frôlant parfois dangeureusement le zéro, qui ont pas mal tendance à se répéter aux fils des opus, mais dont je prends malgré tout un certain plaisir à jouer. Pourquoi me direz-vous ? Sans doute parce qu'au fond, se prendre pour un assassin encapuchonné aux charmes italiens dans un contexte historique totalement grandiose accompagné d'un gameplay certes assisté mais aux petits oignons, avec une soundtrack de gros oufo et une durée de vie pas dégueu qui plus est, c'est quand même assez cool.

Vous imaginez donc mon excitation à l'annonce d'un véritable troisième volet ; nulle extension camouflée vendue 70 balles sans vaseline cette fois, non non, une VRAIE suite, tout fraîche, toute belle. Exit Ezio, bonjour Connor ; adieu la Renaissance, faites coucou à la révolution américaine ! Quelques mois, des bandes-annonces revues en boucle et des poubelles débordant de mouchoirs usagés plus tard (ah zut j'avais dit que je la ferais pas celle-là bon tant pis), enfin j'obtenai le saint-graal entre mes mains, j'enfournai la galette dans la console, et c'était parti pour des heures et des heures de fun sans discontinuer. Il n'aurait pas pu en être autrement, c'était ce qui allait se passer, me disais-je.

Eh bien là, je risque d'être très original :
CE N'EST PAS CE QUI S'EST PASSE !!!!!!!!!

Pourtant, ça démarrait pas mal, la séquence d'introduction dans le théâtre (pas l'avant-propos avec cette quiche de Desmond & co) est bien fichue, bien mis en scène... Mais c'est après que les choses se gâtent.
Après un voyage en bateau pas forcément super passionnant (merci d'avoir fait l'effort de rajouter la possibilité de jouer à des jeux de plateau, non vraiment c'était tout ce que j'attendais d'un épisode d'AC), me voilà à Boston.
Et là premier constat : c'est vilain. Je ne parle pas des malotrus pas beaux qui peuplent la ville, non, je parle de l'environnement, et cela vaut pour tout le jeu : c'est morne, sans âme, répétitif... Aucun espace ne se démarque du reste, contrairement aux autres opus où des cités comme Constantinople ou Florence nous mettait sur le cul.
C'est l'époque qui veut ça me direz-vous, mais on a quand même du mal à croire que Ubisoft n'ait pas pu se dépatouiller pour offrir quelques lieux mémorables et un peu plus de variété architecturale. Et cela sans parler de la zone forêstière quasi-déserte et vide d'intérêt, mais qui nous permet de constater que la nature est quand même bien faite : grimpez à un arbre, et c'est une véritable séance d'acrobranche qui vous attend. Il faut savoir que cette forêt me faisait pourtant baver comme un abruti lorsque je regardais des vidéos de gameplay parce que "OMG y a d'la neige". Oui, je suis influençable, et un peu con aussi.

Maintenant, plutôt que de vous raconter le reste du jeu de manière linéaire, je vais passer en revue les autres points du jeu que j'ai appréciés/moyennement appréciés/putain c'est nul parce que sinon on va se faire grave chier et je finirais par vous spoiler la tronche.

Prenons le gameplay, tiens.
Déjà je tiens à féliciter Ubisoft pour ne pas avoir succombé à l'orientation trop simpliste des jeux d'aujourd'hui, par exemple en supprimant les points de vie pour les remplacer par une grosse barre de vie qui se recharge à fond la caisse, ou d'avoir accompli l'exploit de simplifier encore plus le système de parkour qui se résumait pourtant jusqu'ici à du "tu pousses le stick et t'admires" ; là, ça frôle la simulation de mort cérébrale. Franchement, bravo, la série étant réputée pour sa trop haute difficulté, elle avait bien besoin de ça.
On trouve aussi des ajouts très utiles, comme la chasse ; en effet, comment vous décrire le plaisir incommensurable que l'on éprouve en tuant des loups ou des ours à l'aide de QTE bien lourdingues ou le fait de préparer des pièges tous pourris et patienter trois plombes tout ça pour un vulgaire lièvre ? Comment, vous dis-je, comment ?

Quant au système de combat, il est assez dynamique et plaisant (bien qu'encore une fois trop simple, dès le début du jeu si on n'est pas manchot on devient une arme de destruction massive avec un pauvre tomahawk en bois), mais étrangement j'ai trouvé les contres fichtrement quelconques en comparaison des autres épisodes. D'ailleurs, les mobs s'étant enfin décidés à attaquer à plusieurs - même s'il y a toujours un côté trop mécanique -, on peut désormais exécuter des contres doubles ; ces derniers donnent une telle impression de dirigisme de par leur propension à partir en grand n'importe quoi acrobatique par la simple pression d'une touche qu'ils en deviennent agaçants.
Aussi, le contexte du jeu pose un gros problème de cohérence : comment des mecs armés de fusils pourraient-ils privilégier l'attaque de front à la baïonette face à un assassin qui tranche tout ce qui bouge ? Ainsi, dès qu'un combat s'engage, plutôt que de se reculer pour vous mettre en joue, et convaincus depuis 5 épisodes que le nombre fait la force, les méchants préfèreront vous foncer dessus pour aller se faire gentiment exploser. Certes, il arrive qu'un éclair de lucidité les traversent et qu'ils se décident à nous tirer dessus (de toute façon contré en un tour de main grâce au nouveau système de bouclier humain), mais cela reste occasionnel.
En parlant de l'I.A. du jeu, globalement les ennemis sont toujours aussi stupides :planquez-vous derrière un mur, sifflez l'heureux élu et cet imbécile se jettera tel un fidèle chien à sa mémère dans la gueule du loup. Et c'est un exemple parmi tant d'autres...

L'aspect infiltration est pour sa sa part fidèle à lui-même, c'est-à-dire inexistant : on pourra bien essayer de se la jouer discret par exemple lors des prises de forteresses, mais il suffit qu'un soldat un peu trop prévoyant nous repère par hasard à cause d'une erreur de manip' ou d'un de ces éternels foirages aériens et c'est la foire du Trône ; de toute façon, taper dans le tas est plus rapide, plus facile et moins contraignant, alors pourquoi se donner autant de mal ? Après tout, à la base un assassin c'est bien quelqu'un qui slashouille comme un neuneu sans se poser de questions non ? Ah pardon, je suis en train de lire la définition dans le dictionnaire "made in Ubisoft", excusez.

Tiens en parlant d'eux, petite parenthèse. Re-bravo pour nous avoir bien eus lors des vidéos de gameplay : nous faire croire qu'ils avaient enfin pensé à rajouter une touche pour s'accroupir (ce qui me semble quand même relativement essentielle pour un assassin voyez-vous) alors qu'en fait il s'agit d'une action automatisée se déclenchant lorsqu'on se trouve dans une zone précise, renforçant coup sur coup le dirigisme assumé et le bras d'honneur adressé aux joueurs, c'est quand même assez balèze.

Cependant, saluons tout de même les batailles navales tout simplement grandioses et carrément joussives grâce à un système de tirs aux canons simple mais terriblement gratifiant. Les développeurs nous disaient qu'ils comptaient au début en faire un jeu à part entière, honnêtement avec un peu plus de diversité dans les objectifs et une plus grande liberté d'action je l'aurais acheté les yeux fermés.

Sinon, la partie gestion est toujours aussi anecdotique. Même, la formation des recrues parmi les assassins, bien que devenue un tantinet plus scénarisée qu'auparavant, devient totalement inutile tant on ne se sert jamais d'eux.
Et c'est toujours aussi exaltant d'envoyer les membres de la Confrérie à Pétaouchnok pour accomplir quelques obscures missions dont la réussite ne dépend que d'un stupide pourcentage, je vous rassure...
Autre ajout tout aussi malvenu que la chasse, le commerce. La notion d'argent était déjà présente depuis le II certes, mais là, on peut carrément procéder à des ventes de matériaux fabriqués par nos artisans pour en tirer quelques biftons. Autant le dire, ce système ne comporte aucun intérêt. La faute à une interface déplorable et à une bien trop longue attente avant d'en tirer un quelconque réel profit.

Le jeu vous tiendra occupé quelques bonnes dizaines d'heures si on sait se montrer tolérant envers certaines quêtes secondaires. En effet, l'intérêt et la cohérene de certaines d'entre elles laissent tout de même perplexe : pour prendre le contrôle de New York, vous devrez mettre une rouste aux méchants racketteurs de norphelins (?) et achever des pauvres toutous atteints de la rage (???). Si quelqu'un à une explication...

Et si on parlait du scénario maintenant ? Eh bien, mis à part l'intrigue tournant autour de Desmond le triso et ses compères toujours aussi bidon, l'histoire de Connor alias Ratonhn... Non laissez tomber, se laisse suivre sans déplaisir, même si le manque flagrant de volonté et de réflexion du héros me perturbe un peu. Autre souci, et personne n'est passé à côté, c'est la lenteur ahurissante à laquelle le jeu se met en place : ce n'est qu'au chapitre 5 - sur un total de 12 - que les choses commencent véritablement à bouger. On sent que Ubisoft à voulu donner de la consistance en proposant d'incarner le père de Connor et ce dernier étant enfant, mais au bout de quelques heures, le joueur ne désirera plus qu'une chose : pouvoir jouer normalement en tant qu'assassin.
Je dois aussi avouer que quelques effets de mise en scène m'ont gênés tellement ils sont mal fichus : citons par exemple la rencontre entre Achille et Connor (bon déjà je vais passer sur le fait que sa maison se trouve pile sur le chemin comme par hasard ). En gros, elle se passe comme ça :

"Hey tu m'laisses entrer ?

- Non, casse-toi sale gamin !

- Ah bah je vais pas laisser tomber aussi facilement hein ! Je reviendrais demain d'abord ! Parce que là il commence à faire nuit même s'il faisait jour y a deux secondes ! Aller je vais me coucher sous la grange !"

*la nuit passe*

"Eh j'suis revenu ! Cette fois je vais passer par la fenêtre tellement j'suis un ouf ! Aller hop !

- M'emerde pas j'te dis ! Qui t'as appris à rentrer chez les chez gens par les fenêtres ? T'es cinglé ou bien ? Tu vois pas que je suis un vieillard qui cherche juste un peu de repos ? Allez ouste, du vent !

- Raaaah décidement tu es tenace vieil homme ! tu ne perds rien pour attendre, tu verras ! Mais d'abord, je vais me coucher sous la grange. C'est fou ça ! C'était le matin, je venais juste de me lever, et paf ! une cinématique plus tard et il fait déjà nuit !"

* la nuit passe, Connor à des emerdes et finalement Achille viens l'aider*

- Bon, je vais te laisser entrer finalement petit con, et pas parce que j'ai commencé à développer une quelconque forme d'affection grâce à ta détermination où un truc dans le genre, mais parce que si je le fais pas je sens que tu vas finir par complètement dérégler le cycle jour-nuit !

- Tu vois quand tu veux !"

Sérieux, j'exagère à peine.

Au niveau du contexte en général, c'est toujours aussi bien fourni. Apprendre l'histoire n'a jamais été aussi cool qu'avec Assassin's Creed, vraiment. Plein de petites anecdotes marrantes sont à noter, et c'est toujours aussi rigolo de voir vivre sous nos yeux des personnages historiques. J'aime beaucoup le Marquis La Fayette qui passe pour une grosse tapette en nous racontant comment il s'est une fois travesti pour fuir ses ennemis, il ne manquait plus que ça pour redorer l'image de la France.

Je crois maintenant avoir fait le tour... Remarque j'en suis plus trop sûr, j'avais arrêté cette critique pendant un gros mois après un fail d'enregistrement après avoir rédigé une grosse partie... Ah si ! La bande-son ! Rien à dire, c'est toujours aussi mélodieux, ça colle toujours aussi bien même si aucun thème ne se démarque vraiment du reste ce qui est assez dommage.

Tout ça pour dire qu'AC3 est, et vous l'aurez compris au vu de ma note, une sacrée déception. A vouloir fêter en grandes pompes ce qu'Ubisoft annonçait comme le renouveau de la série, les développeurs se sont tout simplement marcher sur les pieds. Maintenant, je vous laisse réfléchir quant au niveau de nullité intersidéral du jeu de mot que je viens de faire. Comprendra et rira qui pourra.


Ah, une dernière chose. On peut jouer à la pétanque. Dans Assassin's Creed. Oui oui. Sans déconner. Ils l'ont fait.
Boba
6
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le 29 janv. 2013

Modifiée

le 24 mars 2013

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Boba

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