Pas un Assassin's Creed... mais bordel que c'est bien fait.
Bon, ne tournons pas autour du pot : Assassin's Creed Black Flag n'a pas grand chose d'un Assassin's Creed, ça c'est dit. Et il reste pour autant un très bon jeu, dont la logique n'est pas dénuée de tout sens quand on réfléchit à la saga dans son ensemble.
Donc pour ceux qui dorment au fond, je rappelle l'histoire : vous incarnez Edward Kenway, un jeune gallois désabusé qui s'est engagé en tant que pirate en rêvant de faire, un jour, fortune. Il croise un jour la route d'un Assassin qu'il parvient à tuer, et trouve sur lui une lettre qui lui promet richesses et gloire. Il ne lui en faut pas plus pour se décider à se faire passer pour feu Duncan Walpole, et commencer un long périple au sein des Caraïbes qui va largement dépasser ses ambitions premières...
Assassin's Creed à l'âge d'or de la piraterie, dit ainsi ça a de la gueule : autant dire que la partie piraterie ne vous décevra pas ! Il y a un ENORME travail fait sur l'ambiance (visuelle comme sonore), aussi l'immersion est-elle très rapide et totale. Le système des combats navals, déjà présent sur Assassin's Creed III, a été largement perfectionné et je peux vous dire que vous allez en perdre des heures à tirer comme un bourrin sur le moindre navire qui a le malheur de croiser votre chemin, et ce sans jamais vous lasser ! La piraterie (abordage / vols dans les plantations / missions confiées à votre flotte) sera de loin votre meilleure source de revenus et de matières premières indispensables pour upgrader votre navire, le Jackdaw, et ainsi pouvoir vous mesurer aux flottes de plus en plus fortes que vous allez fatalement rencontrer. Mais c'est aussi un très bon moyen de découvrir les îles alentour, pour y découvrir coffres, membres d'équipages, secrets... et cartes au trésor, cela va sans dire ! Le gameplay lors des phases navales est en plus assez agréable (fort heureusement pour nous, le Jackdaw est une ferrari des mers), et plutôt intuitive, ce qui compense le gameplay « à terre » (combats et course libre) qui est un peu plus poussif.
Assassin's Creed IV joue également bien plus sur l'émotion que les titres précédents : j'ai été véritablement très émue par de nombreuses séquences (notamment celle de "beuverie" qui se déroule peu avant qu'Edward réalise le vide de sa vie, qui est très forte). Edward Kenway a beau être un parfait connard, il a presque réussi à détrôner Ezio dans mon cœur, tant l'empathie avec lui peut se faire forte. L'existence des personnages secondaires assez travaillés avec lesquels notre héros noue des liens y sont pour beaucoup, et je tire mon chapeau pour ça.
En ce qui concerne la partie Assassin's Creed à présent... bon, là c'est un loupé, il faut le reconnaître. Le pauvre Edward, forcé de se balader un peu partout avec sa capuche d'assassin (qu'il ôte dès qu'il n'en a plus besoin, chose amusante !) n'a absolument rien de semblable aux véritables assassins de la licence, à savoir Altaïr et Ezio. Comme Connor, il se fout royalement du Credo, et bien qu'il connaît une évolution dans l'aventure, la plupart des missions d'assassin qu'il fera n'auront qu'une motivation financière derrière.
Et vous savez ce qui est le pire ? C'est qu'on aurait pourtant pu faire du pur Assassin's Creed quand même à partir de là. En effet en tant que pirate, Edward est attaché aux notions que le Credo protège : il met un point d'honneur, par exemple, à défendre Nassau et ce qu'elle représente, parce qu'il aime la liberté, l'égalité et la camaraderie qu'on devrait, selon lui, retrouver chez tout pirate. La transition aurait donc pu se faire de façon toute naturelle, notamment en exploitant davantage le personnage de James Kidd (assassin ET pirate de son état) qui a réussi quant à lui à concilier parfaitement les deux mondes. C'est bien dommage, car on passe vraiment très très près du but : il aurait fallu peut-être que la réalisation s'opère deux chapitres plus tôt pour qu'elle semble parfaitement cohérente et s'adapte à l'esprit originel de la licence. De plus, Edward est pour le coup le premier protagoniste à réellement choisir de devenir Assassin, ce que je trouve très intéressant (Altaïr était né dans la Confrérie, Ezio y a été lancé par le meurtre de sa famille, Connor y a été littéralement balancé par Junon).
Concernant les gros défauts du jeu, on peut retenir l'éternel problème de l'intelligence des ennemis, qui oscille entre le mollusque et le génie. Vous allez parfois pouvoir passer à deux mètres d'un soldat et tuer un de ses potes sans qu'il ne vous grille (même au pistolet ! Peut-être le quota de sourds ?) et parfois ils vous verront à 50 mètres et arriveront à 15 pour vous coller la fessée du siècle. Mais pas de panique, généralement vous cacher derrière une planche de bois suffira à les perturber. Ou mieux encore, ma technique préférée quand j'aborde un Man'O War : montez jusqu'aux voiles, et tirez simplement en bas : PERSONNE n'aura l'idée de relever la tête, et vous pourrez tranquillement dégommer l'équipage entier sans être inquiété.
La partie dans le présent est également, comme d'habitude, le parent pauvre du jeu (je pense que pour le coup ils ont mais totalement abandonné l'idée de faire quelque chose de bien avec) : on peut néanmoins applaudir l'idée d’intégrer Ubisoft Montréal ET l'équipe du jeu dans cet univers... c'est amusant il faut le reconnaître. On acquière également beaucoup d'informations assez intéressantes, mais hélas les missions pour les obtenir sont répétitives et surtout chiantes au possible, il vous faudra bien de la patience pour toutes les remplir...
Bref, si vous voulez vivre la vie de pirate, ne cherchez plus ce jeu est totalement pour vous. Si vous voulez jouer à l'Assassin... priez et attendez le prochain jeu soit mieux calibré, mais jouez donc quand même !
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