Assassin's Creed: Revelations
6.4
Assassin's Creed: Revelations

Jeu de Ubisoft Montréal et Ubisoft (2011PlayStation 3)

Déballer son Assassin's Creed annuel est devenu une habitude pour beaucoup d'entre nous. Si le premier épisode eut du mal à briller à cause de sa progression ultra-répétitive et barbante, il faut bien avouer que le second avait admirablement su redresser le tir en proposant des missions variées, si bien qu'après un succès critique et commercial incontestable on ne fut qu'à demi-surpris de découvrir l'an dernier Assassin's Creed Brotherhood, une demie-suite techniquement très proche. Riche en nouveautés mais loin de révolutionner la série, ce fut là encore un énorme succès. Mais voilà qu'à la demie-surprise moitié-générale arrive cette nouvelle mi-vraie mi-fausse suite, supposée mettre fin pour de vrai à la trilogie Ezio Auditore... Alors, finalement, cet Assassin's Creed Revelations, simple redite ou aventure digne de ce nom ?

Desmond Miles, l'Animus, Ezio l'ancètre du XVeme siècle, j'imagine que vous connaissez... pas tous ? Bon. Alors pour faire simple et sans trop spoiler, le jeu vous place dans la peau de Desmond, qui va lui-même se placer dans la peau de ses ancêtres par le biais d'un appareil capable de décoder la mémoire génétique de son utilisateur. Concrètement, Desmond est projeté dans des souvenirs plus vrais que nature de ses aînés et peut ainsi revivre chacune de leurs aventures. S'il aurait pu être le dernier descendant d'une lignée de violeurs de poules consanguins et analphabètes, on a de la chance, ses ancêtres à lui étaient Assassins. Pas de simples tueurs, non, ils étaient membre d'une organisation à peu près secrète qui s'était donnée pour mission de libérer le monde du contrôle qu'exercent les Templiers (qui sont entre-temps devenus pharmaciens).

Malheureusement, à cause d'une couille dans un potage virtuel et surtout à force de se mêler à celui des autres, son esprit a fini par totalement dérailler et il fallut placer son corps inanimé dans l'animus, en attendant qu'une solution soit trouvée pour le ramener. Voilà sans trop spoiler (vous excuserez les raccourcis) comment débute cet épisode 2.3. Desmond dont la veste a changé de couleur et qui a un visage beaucoup plus badass qu'auparavant reprend « connaissance » dans une représentation virtuelle de l'animus, et comprend rapidement que pour en sortir il va devoir plonger encore une fois dans les souvenirs du dernier ancêtre qu'il a incarné, Ezio Auditore, un brave type qui a déjà entre autres botté le cul du pape pendant la Renaissance.

On retrouve ici un italien plus âgé et plus mur, lui aussi en train d'explorer les traces de ses ancêtres puisque l'aventure commence dans les ruines de Masyaf, cité qu'occupaient les Assassins au XIIeme siècle et lieu que nous avons déjà pu visiter dans le premier épisode de la série sous les traits d'Altaïr Ibn La-Ahad, lui aussi ancêtre de Desmond. A la recherche de la bibliothèque secrète de son aïeul, Ezio va tomber sur un groupe de Templiers qui désirent également s'emparer de son héritage. Apprenant que les clés permettant d'ouvrir la porte de ce lieu ont été disséminées dans la ville de Constantinople, Ezio met le cape vers la cité Ottomane bien décidé à mettre la main dessus avant ses ennemis. A l'image de notre avatar, j'ai noté que la narration avait elle aussi gagné en maturité. Si on peut regretter que les principaux ennemis soient beaucoup moins mis en avant que dans Brotherhood, le scénario est plus direct et ne va pas chercher à faire jaillir toutes sortes de personnalités célèbres à chaque nouvelle séquence. Adieu, donc, les missions parfois sans rapport avec la quête principale qui venaient alourdir la progression narrative des deux derniers volets. Le jeu va d'ailleurs se montrer très avare en personnages secondaires pour accomplir un retour aux sources de la série et se consacrer quasi-essentiellement à l'ordre des Assassins, leur crédo, leur philosophie et aux destinées d'Ezio et d'Altaïr. Constantinople parvient elle aussi à se tailler une part du lion entre Byzantins et Ottomans, Assassins et Templiers. Au programme : action, devoir, complots, remises en question, révélations bien sûr mais aussi une certaine touche de romance. Comme vous le savez sûrement déjà, Ezio devra lui aussi revisiter les souvenirs de l'un de ses ancêtres les plus célèbres, Altaïr, à l'occasion de quelques missions malheureusement beaucoup trop courtes et quasi inintéressantes sur le plan du gameplay. Autre bémol, si le jeu enrichit considérablement les backgrounds et surtout les personnalités des maîtres assassins, Desmond est ici plus spectateur que jamais. En dehors d'un cliffhanger final qui réussit l'exploit incroyable d'être encore plus raté que celui du premier épisode, les Assassins du vingt-et-unième siècle ne connaissent pas la moindre progression dans leur quête. Le tout, en dehors de cette malheureuse scène finale, s'accompagne de cinématiques moins expéditives, plus soignées, et d'une bande son radicalement différente, en témoigne l'arrivée sur la série du compositeur Lorne Balfe (Inception, The Dark Knight...). Si les nouvelles compositions sont au moins aussi agréables que les anciennes, je regrette tout de même ne pas avoir trouvé de sonorités proches de Venice Rooftops.

S'il y a bien une chose que je trouve extraordinaire avec la série Assassin's Creed, c'est la faculté de ses concepteurs à créer rapidement des environnements vastes, détaillés, et surtout aussi réussis en terme de level design. La série nous a déjà permis de parcourir la Terre Sainte à l'époque des Croisades, trois des principales villes italiennes en pleine Renaissance, une gigantesque Rome jonchée de ruines à la même époque et un an plus tard, ils reviennent pour nous livrer leur vision de ce qu'a pu être la cité de Constantinople au début du XVIe siècle. Si on remarque sans peine qu'une bonne partie des éléments du jeu, à commencer par son moteur, étaient déjà présents dans les épisodes précédents, nous avons tout de même droit ici à des environnements dépaysants, loin de ceux que l'Italie avait pu nous offrir ces deux dernières années. Ainsi, on retrouve dans ce Revelations les gigantesques bazars couverts comme on pouvait en trouver dans le premier volet de la série, alors que les chapelles et autres cathédrales se voient remplacées par des mosquées et autres constructions plus orientales. Les habitants et les gardes ont vu leurs garde-robes modifiées, à l'instar de leurs sujets de conversation. Chose moins satisfaisante, on se rendra rapidement compte que la cité de Constantinople est moins vaste que celle de Rome, les campagnes environnantes ayant tout simplement disparues. On peut donc aussi dire au revoir aux chevaux, pourtant présents depuis le tout premier volet. Certains sont bien présents à quelques moments du jeu, mais leur comportement est totalement scripté pour servir l'action. Un mal pour un bien pour tous ceux qui comme moi n'avaient pas apprécié les ralentissements parfois lourds qui les accompagnaient dès qu'ils apparaissaient dans les rues de Rome ... heureusement, certaines séquences nous éloignent un peu de Constantinople et de Masyat pour nous faire découvrir entre autres un paysage qui a encore moins en commun avec ceux auxquels nous avons eu droit jusqu'à lors. Bien évidemment, je n'en dirai pas plus. On pourra également regretter de trouver une base de données moins riche que celle de Rome et surtout moins de monuments, même si l'aire de jeu est toujours aussi bien remplie.

D'un point de vue technique le moteur du jeu accuse toujours un peu plus son âge, à moins que la faute soit à jeter à nos consoles de salon elles aussi vieillissante. Les chutes de framerate me paraissent un peu plus fréquentes encore que l'an dernier, particulièrement pendant certaines séquences (chutes de neige, incendies...), et les problèmes de cliping sont un peu plus flagrants lorsqu'on se jette du sommet d'une tour (jeu testé sur Playstation 3). Des problèmes assez habituels dans la série qui ne devraient pas choquer pas les habitués mais qui m'ont paru avoir légèrement empiré, à cause de textures peut-être légèrement affinées ou surtout de rues un peu plus vivantes. Et si on retrouve sans surprise les bugs habituels de la saga et quelques rares approximations du level design, le jeu reste assez stable pour éviter les freezes malvenus. Reste à savoir ce que donnera la version PC sur des bécanes plus puissantes que nos consoles actuelles. L'impression de déjà vu se retrouve aussi toujours dans le maniement d'Ezio. Les bombes et la griffe permettant de se suspendre aux tyroliennes ne suffisent pas à décrasser un système déjà bien rôdé, on peut même facilement se passer de ces nouveautés en se laissant reposer sur des hommes de mains toujours aussi prompts à nous mâcher le travail. Les missions du jeu, à quelques exceptions savoureuses, donnent elles aussi un air de déjà vu à qui aura déjà arpenté les allées de Rome ou de Venise.

Niveau durée de vie, le jeu propose une quête principale un poil plus courte que les précédentes. Comptez moins de dix heures pour la terminer en ligne droite. Heureusement, on retrouve tout ce qui était venu enrichir la série dans Brotherhood : échoppes à racheter, bâtiments à rénover, armes et armures à collectionner, tombeaux à explorer etc... il reste évidemment toujours possible d'enrôler de nouveaux assassins pour nous assister durant nos missions, ou de les déployer le long de la méditerranée afin de leur faire acquérir plus d'argent et de toucher un loyer des villes sous contrôle. La conquête méditerranéenne est d'ailleurs beaucoup plus riche que l'an passé, avec des missions plus nombreuses aux incidences diverses et la possibilité de faire carrément s'installer ses recrues sur place, quitte à devoir en trouver de nouvelles pour nous accompagner dans Constantinople. Le rôle des recrues dans cette ville est beaucoup plus important que celles de Brotherhood, une guerre de territoire ayant lieu entre Assassins et Templiers. Si elle consistait simplement à tuer des capitaines ennemis et à mettre le feu à des tours l'an passé, il faudra ici venir régulièrement défendre ses bases puisque vos ennemis tenteront de les récupérer. Dans les faits, cela donne lieu à une sorte de mini-jeu dans lequel action et stratégie viennent se mêler et où lequel Ezio doit placer divers types d'unités d'attaque et de défense (archers, combattants, barricades, canons...). Si ce mode offre un peu de fraîcheur à ce troisième épisode en trois ans, on navigue ici dans un terrain qui risque de déplaire à bon nombre d'habitués de la série. Heureusement ces missions sont purement facultatives, il est possible de regarder l'ennemi prendre votre base pour la récupérer ensuite de manière traditionnelle. On peut cependant éviter ce genre de situation en aidant nos recrues à se développer. Elles peuvent toujours voir leur niveau d'expérience grimper en intervenant dans les missions principales ou méditerranéennes, et maintenant atteindre un rang suffisamment élevé pour qu'on puisse leur assigner la protection d'un territoire. Il faut tout de même leur consacrer énormément de temps pour en arriver là puisqu'il faut les porter jusqu'au niveau quinze, ce qui n'est pas un mince affaire, surtout quand on sait qu'il y a en tout sept bastions à protéger. A notez, faire progresser vos hommes et leur assigner des bases à défendre fait apparaître tout un tas de missions annexes supplémentaires car oui, les sous-fifres ont aussi leurs problèmes à gérer et prennent leur rôle très au sérieux. Quelques-uns ont même droit à deux ou trois lignes de background ! A tout cela s'ajoutent les missions des guildes, la traditionnelle collecte d'items éparpillés aux quatre coins de la ville et l'exploration d'un tombeau caché. On aurait aimé qu'il y en ait autant que d'habitude mais il faudra s'en contenter. On retrouve aussi, bien évidemment, un mode online héritant du gameplay si particulier de son prédécesseur. La formule s'est largement étoffée avec plus de modes de jeu, de compétences à débloquer et de cartes à explorer...

Pour finir, ceux qui n'en auraient toujours pas assez et qui auraient raté quelques-uns des épisodes précédents, ils seront sans doute ravis de trouver dans la boîte du jeu des codes de réduction de 30% pour les versions dématérialisées d'Assassin's Creed II et Assassin's Creed Brotherhood. Les possesseurs de la version PS3 se voient même offrir une installation gratuite du premier Assassin's Creed (une chose qui n'était sans doute pas possible sur Xbox360 à cause du format des disques). Des bonus franchement sympathiques de la part de l'éditeur qui nous feraient presque oublier la présence d'un passe obligatoire pour la partie online.

Conclusion – Aussi étonnant que cela puisse paraitre, Assassin's Creed Revelations n'est pas la simple « itération 2011 » que certains pouvaient craindre. Si ce nouvel épisode est loin de révolutionner la série et affiche air de déjà vu plus prononcé que Brotherhood, il parvient encore à surprendre grâce à quelques missions et éléments de gameplay originaux ou retravaillés. Le scénario, plus soigné et mieux maîtrisé que dans les volets précédents, révèle de nombreuses informations sur les destinées des maîtres assassins Ezio et Altaïr et devrait sans mal capter l'attention des fans de la série même si beaucoup regretteront que les ennemis soient moins mis en avant ou que les quelques missions permettant d'incarner Altaïr soient aussi rapidement bouclées.


Les plus :
Toujours quelques nouveautés
Une gestion de la guilde plus poussée
Ezio, presque aussi classe qu'Abitbol
Des promos sympas dans la boîte
Le retour d'Altaïr...

Les moins :
... pour des missions pas folichonnes
Des super méchants timides
Desmond spectateur
Un cliffhanger de merde, même pour du AC
Des redites dans les missions
Capitaine-Beko
8
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le 14 nov. 2011

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Capitaine-Beko

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