BADEn Kaitos, la gerbance éternelle et le plaisir perdu.
Quand la Game Cube est sortie, beaucoup de gens, moi le premier, se disaient "enfin, la console à CD de Nintendo !". Sans doute trop nostalgiques de l'époque bénie Super Nes, les fans de RPG s'attendaient à ce que les développeurs oublient bien vite Sony et reviennent à leurs premières amours.
Que n'allions-nous pas penser là ! La Game Cube a timidement initié ce que la Wii fera ouvertement quelques années plus tard : se concentrer sur le casual gaming.
Déception donc, et attente aussi, pour les rarissimes RPG qui ont vu le jour sur Game Cube.
C'est dans ce contexte que Baten Kaitos est sorti. Un jeu de Monolith Software, en plus, à ce niveau-là ce n'était plus de l'attente, c'était au-delà de ça.
Mais là encore, gigantesque déception.
Pour une raison que je ne m'explique pas, ce jeu est encensé par les joueurs, alors qu'il pèche en de nombreux points...tous, en fait.
Graphiquement d'abord, en combat comme sur le terrain, la caméra est systématiquement à des kilomètres des personnages, histoire qu'on ne se rende pas compte de la pauvreté du design. Au niveau des décors, les jeux de lumière et les couleurs épileptiques et flashy sont absolument dégueulasses, et rendent le jeu difficilement supportable : on ne crache pas sur un RPG pour ses graphismes, aussi mauvais soient-ils, mais quand ça pique à ce point-là, faut quand même pas déconner.
Scénaristiquement, c'est plat. Pendant les neuf dixièmes du jeu, tu sais même pas pourquoi, en fait, pourquoi le jeu, pourquoi les persos, pourquoi les endroits où tu vas. Ce n'est qu'à la fin que le scénario apparait enfin, et même là, ça casse pas trois pattes à un canard.
Quant aux persos, ils n'ont aucune profondeur, aucun background, rien de notable ou d'intéressant.
À l'époque de la grosse baston Final Fantasy VS Dragon Quest, on avait tendance à dire que les scénarios des DraQue étaient excellents, et que les persos n'étaient que des pions au service de ce scénario, pendant que chez FF, c'était l'inverse, un scénario bon mais pas exceptionnel, mais des personnages particulièrement travaillés.
Hé bien Baten Kaitos mélange avec bonheur les deux : un scénario convenu et des persos transparents !
Le système de combat a le mérite d'être original, c'est suffisamment rare pour être salué. Cependant, même avec un bon deck, le côté aléatoire de l'apparition des cartes rend le truc proprement insupportable. Alors j'ai peut-être pas eu de chance, mais personnellement, j'avais le même schéma à CHAQUE combat : toutes les cartes de soin en premier, suivies de toutes les cartes de soutien, et enfin, quand tous les persos sont quasiment morts, les cartes d'attaque. Cinq minutes par combat, avec obligation de retourner en ville après chaque combat pour récupérer. Relou, insupportable, chiant, énervant au possible. Il m'a fallu une dizaine d'heures et des centaines d'essais pour réussir à poutrer le boss final, tellement l'apparition aléatoire des cartes semblait tout, sauf aléatoire justement.
En dehors de ça, au niveau des "détails" particulièrement important dans un RPG, on note la présence fabuleuse de ZERO quêtes secondaires, pas de donjons ou de boss optionnels, pas de new game+, absolument rien. Le jeu que tu finis en 40h et point barre (en 70h pour moi, rapport aux combats). À côté, dans FF VII sorti des années plus tôt, on a le Gold Saucer, l'élevage de chocobos, les Armes, les limites 4, plusieurs boss optionnels, une quête scénaristique secondaire, les armes ultimes, et j'en oublie sûrement.
En fait, TOUS les autres RPG de cette époque, que ce soit sur ps1, sur ps2, ou même les autres de GC (Tales of Symphonia en tête) présentent des NG+, ou au moins des trucs secondaires/optionnels.
Mais non, Baten Kaitos, lui, estime qu'il n'a pas besoin de ces trucs de hipsters, hein ?
Bref, un jeu oubliable au possible, et à oublier absolument.
