Batman: Arkham Knight
7.6
Batman: Arkham Knight

Jeu de Rocksteady Studios et Warner Bros. Games (2015PlayStation 4)

Batman est un des héros de comics qui aura eu le droit à de nombreuses adaptations vidéo-ludiques sur quasiment tous les supports avec de l'excellentissime et d'autre fois du risible au possible. Heureusement pour la santé mental et la dextérité de tous, arrive depuis déjà quelques années, un jeu sobrement intitulé Arkham Asylum qui fut un chef d'oeuvre pour de nombreux gamers. Vient ensuite sa suite dite Arkham City dont la principale (si ce n'est l'unique) nouveauté était un petit open-world ainsi qu'une poignée de gadgets. Encore après viendra le jeu dont il sera question ici : Arkham Knight qui semble inspiré de Under The Red Hood, ce qui est, pour les profanes, une excellente chose. Malheureusement, ce dernier opus de la trilogie de Rocksteady montre de petites faiblesses à droite et à gauche ainsi qu'un manque cruel de fraîcheur par rapport à ses prédécesseurs, surtout le premier. Nous allons voir ici pourquoi.


Nous retrouvons dans le chevalier noir, après la mort du Joker, au milieu d'une Gotham City totalement désertée suite à une énième cachotterie de l'Épouvantail ; la fameuse toxine qui en fera voir des vertes et des pas mûres durant toute le long de la sainte nuitée. Aidé à Oracle et Gordon, il devra renvoyer son adversaire derrière les barreaux avant qu'il ne mette son funeste plan à execution tout en luttant pour sa santé mentale mise à mal par l'esprit de son nemesis.
Le premier soucis qui n'en sera un que pour une poignée de gens mais suffisamment important pour le souligner : Batman est devenu beaucoup trop high-tech. Son nouveau costume et ses finitions HD ainsi que sa batmobile over-cheaté ont de grandes chances de décevoir les amateurs d'un Bruce Wayne plus sobre et surtout plus débrouillard comme il l'avait été dans le long-métrage de Burton pour ne citer qu'un exemple. Ou même dans Asylum pour en citer deux ! Maintenant, la chauve-souris aura droit à un véhicule qui tire des missiles téléguidés, des slaves automatiques, des bombes IEM et j'en passe pour en découdre avec parfois soixante tanks et drones en face de lui, offrant au passage un théâtre peut-être trop spectaculaire et explosif pour certains adeptes du comics.


Deuxième soucis, une grande partie des dialogues parviennent à frôler le ridicule avec notamment les tirades du fameux chevalier d'Arkham, nouveau méchant énigmatique et masqué dont l'identité sera malheureusement aisée à deviner, et de Robin. Batman, quant à lui, ne cessera d'expliquer au joueur ce qu'il se passe ou ce qu'il va se passer pour que tout se passe bien (sans que celui-ci ne bouge les lèvres) voire même à lui dire la marche à suivre pour s'en sortir gênant ainsi la réflexion et la débrouillardise de quelques problèmes. Heureusement, qu'il s'agisse du comédien de doublage anglais ou français (toujours le beau Adrien Antoine), les deux s'en sortent haut la main bien que le chevalier noir demeure inexpressif au possible à l'instar d'un Venom Snake bien que pour ce dernier, cette attitude ne soit pas justifiée. Le reste du casting demeure relativement satisfaisant même si le dialoguiste doit sûrement être le même qui s'est occupée de l'optimisation sur Windows. Mention spéciale à Pierre Hatet qui double encore une fois le Joker avec une puissance saisissante qui fera rapidement oublier le reste des personnages. S'ensuit aussi les quelques " citations " à l'écran de chargement qui ne sont que la retranscription de quelques dialogues rarement percutants. L'intention de rappeler au joueur où il en était restait louable mais il ne fallait pas le présenter de cette façon. Pourquoi ne pas proposer plutôt les meilleures citations introduites dans l'univers de Batman, que ce soit dans les comics, dans les séries ou dans les films ? Il suffira de trouver les histoires de Miller ou Moore pour s'en faire une pleine marmite.


Troisième soucis et le plus notable : sauf la Batmobile beaucoup trop présente tant elle en devient énervante, aucune réelle nouveauté pour cet opus. Le système de combat est encore le même dans les grandes lignes. On attaque, on pare, on esquive quand on a la flemme de parer les armes blanches ou les projections et on fait gaffe au gros malabars qu'il faudra simplement étourdir avant. Un gameplay dont la qualité n'est plus à prouver mais qui montre un énorme effet de lassitude depuis trois volets. Même les phases d'infiltrations dont les mécaniques sont encore les mêmes, ce qui est légitime car moins présentes, mais dont une vent de fraîcheur n'aurait pas fait de mal. Néanmoins, Batman répond au doigt et à l’œil, grimpe, saute, esquive, court et interagit avec beaucoup de fluidité et d'aisance comme l'on a déjà été habitué et c'est tant mieux. On court toujours comme dans Arkham City au milieu d'une ville dont on n'a pas la moindre envie exploration malgré sa modélisation et ses décors splendidement esquissés comme le reste de la partie graphique, cela va sans dire. Ainsi, l'ambiance général de l'opus n'est plus aussi poignant que l'aura été Asylum et City dans une moindre mesure. Vouloir agrandir l'open-world et surtout le garder n'était pas une mauvaise idée mais le supprimer n'en aurait pas été une non plus. Un open-world n'est pas un gage de qualité, une saga qui offre pour la première fois un open-world ne sera pas mieux qu'avant juste parce que c'est l'open-world. Et là, encore comme pour son prédécesseur, le côté monde ouvert est mal usité. Comme dit plus haut, le désir d'explorer est inexistant, on ne fait qu'aller d'un point A à un point B comme un certain LA Noire sauf pour aller répondre aux questions d'Enigma. Ce qui est plutôt dommage pour un jeu vidéo qui se déroule dans une cité aussi passionnante et délicieuse que Gotham. Certes, on passe beaucoup plus de temps sur les toits que dans les rues mais on ne parvient pas retrouver cette sensation de connaitre les moindres recoins de chaque rond-point comme c'était possible pour San Andreas ou Spider-Man 2 : The Movie pour parler d'un autre jeu de super-héros.


C'est à cet instant que l'on commence à regretter le grandiose Asylum. Cette atmosphère pesante, cet isolement captivant et ces environnements fins et ouverts au moindre détail que l'on prend plaisir à observer. Évidemment, proposer de déambuler dans Gotham à pied ou en voiture-tank-HD vend du rêve comme celui de se balancer de toile en toile dans un joli New-York mais peut-être fallait-il garder un level-design restreint et clôturé plus réussi au lieu d'essayer d'agrandir un open-world déjà pas bien convaincant. Le spin-off Origins quoi qu'on en dise avait sûrement eu une bonne idée en voulant retourner à une zone plus petite avec plus de phases en intérieur. Il est aussi dommage que les combats contre les boss manque de challenge surtout ceux contre le chevalier d'Arkham et en particulier la bataille " voiture-tank Vs foreuse " même si elle reste plaisante, elle manque cruellement de difficulté. D'ailleurs, même si cet adversaire est en carence de charisme tant il s'énerve pour rien et sort des répliques dignes d'une racaille en plein Marseille, son anonymat peut, pour les néophytes, laisser planer un doute et amener un sentiment d'impatience et d'immersion jusqu'à la révélation de son identité (qui ne justifie pas forcément son caractère outrageusement belliqueux).


Certains instants demeurent tout de même parfaitement réussis comme les phases où l'on contrôle le Joker, une grand moment qui clôture plus ou moins la saga avec brio même si l'on regrettera par la suite de ne pas affronter directement l'Épouvantail qui nous attend sagement juste après. Le scénario se poursuit avec des twists surprenants même si certains demanderaient plus de mise en scène ou du moins une mise en scène plus travaillée.
Et malgré tous ces soucis, malgré tout ça, malgré ce côté redondant, malgré ce manque de nouveauté, Arkham Knight reste un bon jeu mais qui garde tous les beaux engrenages qui font tourner la machine Arkham et qui font toujours plaisir même s'ils s'avèrent bien rouillés. Un bon qui garde le cul entre deux chaises entre le bien et l'excellent. Comparé à la trilogie du Sorceleur qui avait radicalement changé de système d'exploration, de combat, de leveling, de personnalisation tout en proposant de nouveaux graphismes et des mécaniques de jouabilité toute neuve, la trilogie d'Arkham fait pâle figure. N'est-pas CD Projekt qui veut, évidemment mais néanmoins l'effort est là. Les choses se sont sûrement goupillé de manière différente pour Rocksteady et ce n'est pas forcément bien justifiable de leur jeter la pierre mais la pierre est tout de même jetée.


En définitive, même si Arkham Knight reste un bon divertissement comme City, là où Asylum sentait le chef d'oeuvre, le manque de renouvellements, le côté excessivement spectaculaire (sans doute inspirée par la trilogie de Nolan ruinée par son aspect trop réaliste), la Batmobile qui demeure démesurément présente et ses touts petits défauts dispersés çà et là, on en vient à regretter le premier opus qui n'avait, forcément, lui, pas besoin d'innover mais qui offrait une expérience bien plus propre et satisfaisante.

Djokaire
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le 16 mars 2016

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