Quoi de mieux qu'un noël dans les égouts ?

Que de rêves et d'aventures j'avais alors vécu, cette nuit frigorifique, au fond de ces sombres rues, et que de capes noires j'avais sali, toujours au fond de cette boue poisseuse, méli-mélo d'une neige digne de Noël et d'une terre souillée par le crime. Courant et volant de toits en toits et de cordes à linge en cordes à linge, je prenais un malin plaisir à briser quelques crânes forts vidés de toute matière. Dans mon fier costume de chauve-souris, j'aurais pu passer pour un fou, atteint d'une paraphilie quelconque, tout comme ceux-là que j'écrasais sous mes bottes. Mais je n'étais qu'un justicier, que le désir de rendre le monde meilleur poussait à pourchasser les pires criminels de cette ville rongée jusqu'à la moelle. Et je me suis bien amusé.
Qui pourrait s'ennuyer au commandes du meilleur détective que le monde ait connu, de cet homme droit qui chaque jour frôle la mort pour le bien de tous, lui qui refuse de tuer et se contente de briser quelques dents aux plus tordus pour que justice règne ? Certes, Batman est un concept qui n'a pas attendu ce jeu là pour dévoiler sa grandeur. Mais jamais personne n'avait rendu, en dehors des films de Nolan, de meilleure adaptation du justicier masqué. (Audio-visuellement, j'entends.) Et ce rendu là n'a pas été ficelé à la légère, non. Une ambiance des plus obscures, des plus malsaines, que le joueur ressent jusqu'au bout des doigts grâce à une ville en open-world plongée dans la nuit, et surtout, plongée au fond du crime et du chaos. Cette ambiance, c'est le ciment qui lie chaque autre partie : Je parlerais par exemple de ces cinématiques hollywoodiennes, qui vous feront frissonner à chaque instant. Je parlerais aussi de cette bande sonore splendide, lourde et légère à la fois, pesante et volatile. Rien de mieux pour profiter de cette action tenante qui vous scotch littéralement devant votre écran, et vous pousse à entrer dans la peau de Batman à un tel point que vous tremblez d'impatiente devant cette intrigue intrigante. Les décors ont été pensés à merveille, les ennemis affublés chacun de leurs caractères propres et forts complexes, des plus cyniques aux plus marteaux. Bref, Batman : Arkham Origins a surpassé de loin ses deux prédécesseurs, qui, pourtant, offraient déjà une expérience incroyable à vivre. Ici, le soucis du détail prouve qu'il suffit à aimer ce qu'on fait pour rendre quelque chose de superbe. Tout se sent, jusque dans les dialogues, jusque dans les doublages : Les développeurs sont des inconditionnels du justicier masqué. Et je n'ai qu'une chose à leur dire : Bravo. Que d'impatience pour la suite !