Bayonetta
7.3
Bayonetta

Jeu de Platinum Games, Hideki Kamiya et Sega (2009PlayStation 3)

Le papa de Dante (Devil May Cry) a une nouvelle fois tapé fort sortant une nouvelle licence en 2009 sur Xbox360 pour ensuite être porté sur Playstation 3. Développé par Platinum Games, le mélange entre sexe et jeu vidéo n’aura jamais autant chauffé nos consoles de salon. C’est sous une houlette provocatrice qu’Hideki Kamiya nous offre son nouveau jeu généreux dans le genre du beat'em all : Bayonetta. Difficile de se faire une place alors que Dante et Kratos (pour ne citer qu’eux) sont déjà installés depuis un bon nombre d’années sur nos consoles. Voici le pari audacieux pour cette toute nouvelle héroïne de se propulser parmi les grands catagneurs de nos parties décorées de combos et de pouces endoloris.
Est-ce que le genre du beat’em all pourra une nouvelle fois être réitéré avec du contenu nouveau mis à part les courbes de la nouvelle protagoniste du genre?



Il était une fois…



L'histoire de Bayonetta reste des plus classiques. Introduisant un éternel combat entre le bien et le mal. Un véritable exutoire pour installer le contexte d’un monde en tensions invisibles à l’oeil du simple mortel. Ici un combat acharné opposant deux clans puissants livrés à une bataille sans merci menant à l’extinction de ceux-ci. Plus de traces du clan des SorcièresUmbra ou des Lumen Sages.
C’est 500 ans plus tard que la belle Bayonetta, amnésique, recherche un objet précieux sans trop savoir pourquoi. Comptant sur sa découverte pour retrouver la mémoire et tirer au clair la raison même de son existence et de sa survie comme dernière représentante du Clan des Sorcières Umbra (à sa connaissance). Ceci est le fil directeur des intentions de la jeune sorcière du haut des ses 20 cm de talons et de son corps atypiquement allongé défiant les règles de l’anatomie humaine… cependant son but est parsemé d’embuches. Elle semble attirer le courroux des Anges qui tentent de l’occire par tous les moyens. C’est en déplumant ces créatures venues de sphères divines qu’elle se frayera son chemin jusqu’à son but ultime.
Epaulée (moralement) par ses “side-kicks” rien ne semble arrêter sa motivation si ce n’est sa facheuse gourmandise pour les sucettes aux effets bénéfiques.


Si la trame principale semble très simple, le character design et la trame musicale plongent le joueur dans cet univers à prendre très au second degré. Le ton adopté et les situations loufoques, souvent sans véritable logique, concoctent une alchimie à ne pas prendre au sérieux un instant. En effet, malgré la toile de fond biblique, c’est sur un ton décalé et sexy que l’aventure se déroulera. Au menu des femmes fatales aux plastiques ravageuses, des ennemis de toutes tailles et un humour plus que douteux. Autant mettre les choses au clair tout de suite: c’est le grand n’importe quoi… mais fait avec classe et envoûtement. Ici Platinum Games a voulu casser les codes du beat’em all laissé par les prédécesseurs du genre tout en profitant pour faire quelques petits clins d’oeil à d’autres licences connues. C’est l’occasion pour l’équipe de développeurs d’apporter une dimension supplémentaire à la fluidité des combats.


C’est ainsi que le jeu nous introduit dans son univers lors d’un affrontement épique entre Sorcières et Anges prenant appui sur un bout de clocher en chute libre aux rythmes des instruments d’un orchestre symphonique. Bayonetta utilise ses sublimes déhanchés et poses suggestives pour chorégraphier ses combats avec un sourire provocateur et des effets spéciaux ravageurs. Une belle entrée en matière qu’est le Prologue nous préparant clairement à en recevoir plein la vue lors de la progression durant les 18 Chapitres du jeu.
Oui effectivement le jeu se divise en chapitres entrecoupés de scène cinématiques en temps réel ou stylisée à la manière d’incrustations d’images sur des bobines de vieux films. Narrant l’intrigue ou capturant de belles pirouettes durant des combats mémorables. L’ambiance s’installe pronant un ton décalé et des dialogues cocaces. Cependant, avouons-le, le scénario n’a jamais été l’aspect fort des beat’em all et se révèle souvent inexistant malgré des mises en scène dynamiques et rythmées qui en feront sourire plus d’un.



You want to touch me?



Le portage sur PS3 ne s’est pas fait sans écueils. De longs temps de chargement viendront s’installer entre les chapitres. Ce sera à cette occasion de s’éxercer aux enchainements, via un didactitiel affiché, listant les possibilités de combos. Une bonne idée utile donnant le temps d’affiner ses timings et mémoriser les combinaisons possibles avec les armes actuellement équipées en cours de partie..
La durée de vie étant d’une douzaine d’heures et la difficulté normale étant la seule plus haute difficulté sélectionnable au lancement de la premiere partie. Tout le challenge se situe aux difficultés supérieures (déblocables à la fin de la première partie) qui demanderont doigté et précision lors des actions.
Le mode normal est à considérer comme un très long didacticiel afin de maîtriser les courbes de la belle et renforcer l’arsenal ainsi que les statistiques afin d’engager le vrai jeu sur un New Game +. Par l’occasion renforcant la durée de vie et apportant une strate de difficulté en plus bien conséquente.
La gratification du jeu est presque imperceptible si l’on se contente du mode normal. Ce ne sera pas anodin si dès les premiers chapitres, la frustration et la rage gagnent du terrain dûs simplement à l’apprentissage et gestion des commandes de la puissante sorcière.


Le jeu est beaucoup plus punitif qu’il n’y paraît:
- La bête est exigeante et demande un temps pour être domptée.


La satisfaction gagne du terrain lorsque les mécaniques d’esquives et de contre sont acquises. Le système de combat étant bien dynamique, il peut sembler brouillon pour une personne regardant simplement l’image à l’écran. Les effets spéciaux viennent inonder nos actions dès que les combats se font intenses. En réalité impossible de perdre de vue Bayonetta. Les effets spéciaux permettent de la localiser au sein des batailles les plus chaotiques ou anticiper les mouvements des ennemis souhaitant l’embrocher de leurs lances (l’objet hein!). Les mécaniques du jeu commencent à se plier face à l’expérience acquise lors des affrontements.
Ici un nouveau palier dans la gestion des combat du genre est franchi. Ceux-xi se révèlent être intuitifs et fluides. L’arsenal s’étoffant durant la progression; les combinaisons d’armes deviennent plus variées donnant naissance à de nouveaux combos venant renforcer la léthalité de vos coups. Ces combos peuvent être interrompus momentanément par des esquives pour ensuite être repris et terminés par un coup puissant si l’enchaînement est maintenu avec succès malgré l’interruption. Des objets peuvent être achetés et équipés vous conférant des bonus ou capacités donnant une réelle profondeur en plus au gameplay intial ainsi qu’une approche plus stratégique des combats durant les difficulté supérieures.


La base du système de combat réside dans le timing d’un coup esquivé de justesse. Ceci permet de ralentir le temps l’espace d’un instant (Witch Time) et déchainer la douceur des combos sur un pauvre malheureux à portée. Par la même occasion la barre de magie (représentée sous forme de pastilles violettes) se rechargera partiellement permettant l’invocation d’instruments de torture éradiquant un ennemi ciblé du terrain en un coup la plupart du temps. Une sorte de “Finish Move” m’voyez ?



Let’s dance boys !



L’image ne faisant pas le tout. Un aspect tout aussi controversé que le design graphique de l’univers lui-même : la musique !
Un auteur imposant le respect, Hiroshi Kawaguchi nous démontre sa maîtrise de la composition musicale dès les premières notes de l’intro. Cherchant à dépicter Bayonetta comme une femme superficielle dans ses goûts et attachements. Une sorcière aguicheuse et sexy dans un monde moderne naît de ses arrangements.
Un mélange élégant et progressif de jazz léger et d’influences R’n’B. Yamaguchi capture entièrement la féminité du personnage avec des accords savamment rythmés de piano jazzy, et d’instruments synthétiques. Quelques notes de flûtes viennent déposer une note de fraîcheur sur un rythme endiablé. Sans oublier la voix feminine de toute beauté embellissant les refrains ! Le remix principal de la piste “Fly me to the Moon” est un surprenant mélange de jazz et ce n’est qu’à la fin du morceau que nous retrouvons ses notes plus authentiques.
Malgré les notes colorés d’un univers “Jazzy”, un univers plus sombre se dépends au travers des notes des pistes de musiques. L’exemple le plus probant sera sans doute “One of a Kind” qui envoutera nos sens par son écriture épique pour orchestre et choeur.
Les thèmes musicaux des combats sont un autre aspect phare du travail musical crée pour le jeu. En particulier “Battle for the Umbra Throne”, un savant mélange de Jazz au piano et de guitare flamenco. Une union improbable et originale dans l’écriture. C’est une musique satisfaisant notre écoute à tous les niveaux et devenue référence pour les accords d’autres partitions.


Décidemment l’ensemble musical du jeu est de haute volée, retranscrivant sans mal le monde dans lequel Bayonetta évolue. Les rythmes endiablé accompagneront les batailles ainsi que la douceur féminine qui se dégage de notre sorcière aux courbes envoûtantes.



Un sort réussi ?



Bayonetta a tout pour être un jeu d’exeption. Malheureusement la technique utilisée sur ce portage PS3 est loin d’être à la hauteur de la version d’origine de la Xbox360. Des baisses de fréquence d’images viennent interrompre le rythme imposé par le jeu ayant au final un lourd impact sur le gameplay. Malgré cette touche négative le jeu est tout à fait satisfaisant à tout point de vue tant qu’il n’est pas comparé à sa version d’origine chez l’opposant.
La première impression lors des premiers visuels du jeu est immédiatement attiré par l’aspect délavé des couleurs rendant l’ensemble assez fade. Pourtant pensé comme un titre avec de bonnes accroches de couleurs malgré l’aspect assez sombre des environnements. Ceci vient faire tâche à la profondeur que donne la musique à l’image. Un loupé qui fait de l’ombre à la charmante sorcière de Platinum Games.
Un ensemble technique qui laisse transparaître moins de finesse qu’à l’origine chez Microsoft. Bien que les modèles 3D soient identiques sur les deux consoles. L’animation est tout à fait respectable, un peu plus de fluiditié dans les mouvements aurait été appréciable car les mouvements peuvent sembler par occasion un peu “tronqués”.


Il faut se l’avouer que la PS3 possède une version moins soignée, avec de l’aliasing comme cerise sur le gâteau.


Pourtant, le jeu est incroyablement jouissif et la récompense au bout du tunnel en vaut la chandelle pour avoir été capable de terminer le jeu en Apothéose (difficulté ultime).
C’est une valeur sûre pour la ludothèque des amateurs de Beat’em All et un bon défouloir (qui peut agacer pour les moins patients) pour ceux souhaitant juste castagner avec style.

Créée

le 28 juin 2017

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Hugo Polo

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