Bayonetta
7.3
Bayonetta

Jeu de Platinum Games, Hideki Kamiya et Sega (2009PC)

Un délire qui correspond bien au genre BTA

Le beat them all, c'est assurément l'un des défouloirs par excellence. On avance, on tape sur tout ce qui bouge, les néophytes martèleront tous les boutons sans vraiment comprendre, les acharnés effectueront des enchaînements ininterrompus dans le niveau de difficulté maximum. Autant dire qu'on n'est pas franchement là pour se prendre au sérieux, et que ça fait du bien après quelques jeux pour lesquels on s'est principalement concentré sur le scénario.


C'est dans cette optique qu'a été développé Bayonetta, premier jeu du récent studio Platinum Games (héritier de Clover) sur les consoles HD. Bayonetta a donc pour principal atout son gameplay. Une touche pour les poings, une pour les pieds (on peut assigner à chacune de ces touches deux armes, formant ainsi deux paires A et B; on passe de l'une à l'autre par pression d'une simple touche), voici la base des combos dans ce jeu, avec une touche pour les pistolets mitrailleurs en prime. Rien d'incroyable, si ce n'est que le maintien d'une touche, et surtout les petites pauses durant l'enchaînement des touches permet d'accroitre la variété des combos. L'autre point important, c'est l'esquive qui, pratiquée avec un bon timing permet de figer l'action pour mieux placer ses coups. Les mouvements de la sorcière (Bayonetta) sont rapides, on a donc un jeu nerveux, en plus d'être assez accessible aux nouveaux arrivants (dont je fais partie) et riche et technique quand on creuse un peu et qu'on achète quelques techniques et accessoires.


Bayonetta est également un jeu très arcade. Terminez un combat, et vous aurez droit à un petit récapitulatif de votre score et de votre temps, avec médaille à la clé. De même, on vous attribuera une statue en fin de chapitre. Ainsi, le seul scoring participe à allonger la durée de vie. De plus, de nombreuses références sont faites aux jeux d'arcade, du mini-jeu de tir au niveau de shoot them up, en passant par les remixes de musiques de jeux d'arcade.


Alors, le gameplay seul suffit-il à faire de ce nouveau BTA la référence du genre ? Certainement pas. Il en faut bien plus à notre époque pour nous impressionner. Et Bayonetta a bien un autre intérêt.


Car c'est avant tout l'exercice de style qu'on retient. A la base de tout ça, un élément insolite : la chevelure de la sorcière. On en a vues, des coiffures improbables de la part des Japonais, mais celle-ci est surtout l'une des clés du pouvoir magique de Bayonetta. En plus de s'en servir comme vêtement (ou plutôt combinaison moulante), elle peut également former des poings et des pieds géants pour mieux terrasser ses ennemis. Contre les adversaires plus coriaces et surtout plus grands, elle utilisera cette fois-ci toute sa chevelure pour invoquer des démons qui viendront porter le coup de grâce. C'est l'Apothèose, ou, dans la version anglaise, «Climax». Car Bayonetta prend bien du plaisir à se battre, à frapper, piétiner, soulever, trancher, châtier les anges qu'elle combat. «Dance, fight», chante Hellena Noguerra dans le thème de combat. Pour la jeune sorcière aux lunettes de secrétaire, amatrice de sucettes, le combat est un jeu, un loisir. C'est qu'elle est un peu sadique, avec sa combinaison en «cuir» et ses divers instruments (guillotine, vierge de fer, chaînes, pierres tombales, etc.). Le doublage très «british» d'Hellena Taylor, de très bonne facture, fait bien ressortir la folie furieuse et le côté joueur du personnage.


Du coup, difficile de prendre le scénario au sérieux, tant Bayonetta ne semble être là que pour s'amuser. De plus, bien que j'avais plutôt accroché malgré les critiques sur sa confusion, plus j'y pense et plus je me dis qu'il manquait de cohérence, et même de réel intérêt. Néanmoins, j'ai bien aimé l'univers (les sages, les sorcières, les anges, dont le design est très réussi, etc.). Mais ne nous attardons pas sur ce point, et revenons à nos moutons.


Alors, que reste-t-il à aborder, à part les transformations très classes de Bayonetta, la bande-son endiablée, fort originale et qui tranche cyniquement avec la violence des affrontemens, le monster- et le character-design de haut vol, les décors corrects quoiqu'un peu recyclés, et le fait que Bayonetta a des pistolets roses fixés sur les talons ?


Je sais : comment faire plus stylé que des combats aux commandes d'une sorcière ? En faisant combattre deux sorcières, pardi ! Jeanne, seule autre survivante du clan des sorcières, est sûrement le boss le plus marquant du jeu (quoique les deux boss finaux ne sont pas en reste). Derrière ses airs de femme fatale se cache un adversaire redoutable qui nous donnera du fil à retordre à plusieurs reprises. Elle utilise les mêmes techniques que Bayonetta (y compris les invocations), et même sa moto à l'occasion, pour un duel toujours au sommet, toujours précédé par une cinématique à la mise en scène surprenante, et toujours accompagné d'une musique du tonnerre.


J'aurais voulu finir par une citation du jeu, à défaut je mettrai plutôt un lien vers le thème du générique de fin :


http://www.youtube.com/watch?v=YCUe7UyA_Ec

Enemia
9
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Créée

le 4 sept. 2012

Modifiée

le 29 sept. 2012

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Enemia

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