Bayonetta par Antevre

Excellente surprise que Bayonetta, un jeu qui est pratiquement parfait par rapport à ses intentions.

Bayonetta est une sorcière Umbra, des êtres dotés de grands pouvoirs, qui ont eu une importance essentielle dans l'équilibre du monde, aux côtés des sages Lumen, leurs contrepieds. Après avoir sommeillé pendant 500 ans, après la disparition de son ordre, elle est réveillée du jour au lendemain, sans un seul souvenir de son passé. 20 ans plus tard, alors que ses souvenirs commencent à ressurgir, elle affronte les légions de Paradiso, un des trois plans d'existence de l'univers, afin de lever le voile sur son passé, alors qu'une mystérieuse sorcière du nom de Jeanne croise sa route...

Concrètement (mais ce mot correspond difficilement au jeu), il s'agit d'un beat them all survolté où l'héroïne use de nombreuses techniques complètement improbables et des armes variées (y compris des pistolets fixés aux pieds et aux mains) pour terrasser des créatures angéliques variées, à grands renforts de mouvements sensuels voire érotiques (comme du pole dance ou des techniques qui dévoilent son corps, ses vêtements étant composés de ses propres cheveux qui peuvent aussi servir de supports à l'invocation de démons ET DONC FORCÉMENT ELLE FINIT À POIL SI ELLE INVOQUE UN DÉMON OUI OUI).

Mais ce qui caractérise bien plus le jeu, c'est son univers totalement barré, son héroïne qui ne respecte rien et violente joyeusement les grandes vertus chrétiennes incarnées dans des monstres titanesques. Clairement réminiscent des productions Gainax, comme Evangelion (avec qui le jeu partage le choix de la chanson Fly Me To The Moon comme thème principal ou presque) ou Gurren Lagann (par la démesure hyperbolique et décomplexée qui caractérise les deux oeuvres), Bayonetta est un délire permanent qui ne laisse pas un instant d'ennui au joueur. C'est sans doute ce qui m'a d'ailleurs le plus marqué dans le jeu : c'est peut-être le seul que je connaisse qui ne connait pas un seul instant laborieux, qui fait l'effort de constamment renouveler l'intérêt du joueur, en proposant une nouvelle phase de gameplay atypique, un défi de combat, un item caché, ou simplement un gag ou une référence visuelle (je reviendrai sur l'univers visuel d'ailleurs) ou sonore intéressante à chaque instant.

Dans le même ordre d'idée, le jeu est exigeant et difficile, mais pas excessivement, la courbe de progression est très raisonnable, de telle manière que l'on peut sans problème s'amuser à composer son propre style de combat, sans pour autant se contraindre à utiliser LA meilleure arme. Les finish moves sont jouissifs, les récompenses en nombre conséquent et il y a l'envie de maitriser un maximum le système de jeu (et donc de débloquer toutes les armes et accessoires, ce qui demande quand même de s'y consacrer).

Parlons un peu de l'univers visuel du jeu. Comme tout le reste, c'est ultra-référencé. Le personnage de Bayonetta est un vrai plaisir à manipuler tant son design est soigné (et pas juste parce qu'elle est bien roulée), et les environnements et ennemis sont très détaillés (grosse inspiration du modernisme notamment, et, en particulier, dans certains niveaux, du travail de Gaudí sur le parc Güell, parmi pas mal d'autres choses). Il y a un travail sensible et considérable de création d'un univers qui est finalement assez atypique par rapport aux canons du jeu vidéo.

On apprécie aussi également beaucoup de se retrouver avec une hiérarchie non plus de démons faisant penser à l'Enfer de Dante (énormément employé dans le jeu vidéo, notamment nippon), mais à leur contrepartie divine.

Bayonetta est un de ces jeux qui procurent un plaisir incroyable, sans cesse renouvelé. Un classique, dont j'espère que la suite débarquera un jour sur PC (et pourquoi pas Bayonetta 3...)