Bayonetta
7.3
Bayonetta

Jeu de Platinum Games, Hideki Kamiya et Sega (2009PlayStation 3)

Bayonetta m'a traumatisé. Non pas par son gameplay ou bien sa difficulté, comme le penseront probablement nombre d'entre vous au premier abord. À dire vrai, j'ai adoré le gameplay. Très riche, perclus de bonnes idées et incroyablement jouissif, il justifie à lui seul les 7 points que j'accorde au jeu. Concernant la légendaire difficulté du soft, je ne l'ai personnellement et honnêtement pas rencontrée. J'ai trouvé tout le jeu relativement simple (en mode normal), à part un ou deux passages vers le tiers du jeu que j'ai recommencé quelques fois, et une deuxième partie de Boss final bien au-deçà du niveau du reste du jeu. Mon expérience en beat them all se résumait pourtant à la série God of War (un des potentiels lecteurs digèrera très mal cette phrase, je m'en excuse d'avance l'ami), certes longuement et bien dosée, mais ça ne fait pas de moi un joueur Japonais pour autant. Alors oui, Bayonetta est certainement un peu au-dessus de la moyenne de difficulté actuelle, mais vraiment pas de quoi déclencher un trauma.

Je pourrais en revanche être traumatisé par son game design. Néanmoins, malgré le fait que celui-ci soit globalement approximatif, ce n'est pas non plus le traumatisme dont je parle ici. En effet, en marge d'un battle system incroyablement riche et profond, le jeu est beaucoup moins performant sur des terrains plus classiques. Ainsi, il pourra se targuer de vous faire recommencer un Boss en entier pour avoir raté un QTE pendant la cinématique d'apothéose (alors que des fois faut bouger sans que rien ni personne ne l'indique), d'avoir des Boss redondants jusqu'à la nausée, de vous faire perdre votre sang froid avec des phases de plateforme des fois sympathiques, mais souvent à s'arracher les cheveux d'imprécisions, ou encore d'avoir un rythme excessivement mauvais.

Non, le vrai traumatisme de Bayonetta... Ce sont ses cinématiques. Alors oui, tout le monde s'accorde à dire qu'elles sont nulles, mais croyez-moi, cela va bien, bien au-delà de la nullité : elles pourrissent à elles seules l'expérience de jeu. Le début est un gang bang infâme de cinématiques horribles auxquelles ont ne comprend rien et dont on a rapidement plus rien envie de comprendre. Passé les trois premiers chapitres, les choses se calment et je me suis alors vraiment mis à apprécier le jeu. Il y a toujours un Boss pour nous raconter de la merde par-ci par-là mais ça va, ça passe. Et puis on arrive dans le deuxième tiers, et le gang bang reprend, en pire, puisque maintenant qu'on a vu le vrai potentiel du jeu on a encore moins envie de perdre son temps devant ces trucs immondes.

Le pire, c'est que ces séquences ont du prendre un temps fou à l'équipe de développement. Elles sont à mourir d'ennui, mais niveau animation il n'y a pas grand chose à redire, c'est assez impressionnant (sauf bien sûr dans les cinématiques figées). En revanche, c'est peut-être personnel, mais niveau mise en scène je trouve ça juste catastrophique, à quelques exceptions près. On est très, très loin de la science de la mise en scène qu'on peut retrouver dans GoW.

Encore, si ces cinématiques étaient appuyées par un scénario digne de ce nom, un script performant. Mais non, et c'est un euphémisme de le dire. À côté de Bayonetta, les scénarios de GTA V et Dead Space 3 sont des chef d'œuvre. Et je pèse mes mots. Une des cinématiques finales est d'ailleurs la pire cinématique que j'ai vu de toute ma vie : mais comment ce jeu peut-il se prendre autant au sérieux putain ?? On dézingue des anges kawaii avec une meuf habillée par ses cheveux, qui court sur les murs et chevauche des missiles, et on essaye de nous faire avaler une histoire trop d4rk de confrontation lumière/ténèbres blablablablablabla sage blablablablablablablabla sorcière blablablablablablablablabla créateur blablablablablablablablablablablab ta mère lablablablablablablablablablablabla Jubileus blablablablablablablablablab fin du monde lablablablablablablablablablablablablablabla.
D'autant plus triste que, quand le jeu joue sur son côté décalé (mais pas trop, car des fois c'est sidérant de nullité dans ce domaine là aussi) et le fun, il arrive à faire sourire.

Le soucis de tous ces moments atroces, c'est qu'il y en a trop, beaucoup trop. J'ai mis 11h à terminer le jeu, mais je suis persuadé de ne pas avoir touché à la manette durant plus de 6. Vient donc la question triviale : pourquoi ne pas avoir passé lesdites cinématiques ? Tout simplement parce que j'ai envie de savoir ce qui se passe durant ma partie. Autant j'en ai rien à foutre des délires du dernier sage des Lumen (worst character ever), autant j'ai quand même envie de savoir pourquoi je me bats contre untel ou pourquoi je me retrouve dans tel environnement. Bref, la base d'un jeu qui se veut action/aventure en plus de sa composante BTA.

Un petit mot sur les environnements d'ailleurs, que j'ai trouvé là encore passablement déséquilibrés. Il y en a des très jolis, d'autres simplement cool, et d'autres encore totalement dégueulasses. À ce titre, l'avion ou encore la ville tiennent des records de mocheté. Tout ce qui est urbain en fait. À côté de cela, j'ai trouvé la musique globalement plutôt cool et entraînante, bien adaptée au délire de l'univers.

Finalement, mon problème avec Bayonetta, c'est qu'à cause de ses errances, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une sorte de brouillon, de prototype ou bien de démo servant à montrer une partie des possibilités de son système de combat, qui lui est excellent. Le jeu est long, mais j'ai l'impression d'y avoir peu joué, et les moments où j'étais à fond étaient toujours rapidement cassés, que ce soit par d'interminables phases de véhicules, d'interminables cinématiques, etc. J'ai adoré jouer à Bayonetta, mais je n'y ai pas assez joué. On m'a plombé la tête avec des conneries au lieu de se concentrer sur l'essentiel, à savoir les moments de pure epicness, comme ce génial combat contre un ange-requin qui se fait sur une planche de surf improvisée.

Reste à savoir si un tel jeu, dont la dimension "aventure" est à ce point poussée, peut réellement ne s'appuyer que sur son système de combat. Peut-on faire abstraction de tout ce qui ne va pas dans Bayonetta pour ne se focaliser que sur son gameplay de combat ? Et si c'est le cas, de se poser la question d'à quoi rime tout cet enrobage dégoulinant. Sur ce, je m'en vais jouer à un jeu en rétro pixel art CPC 64 style, là où je serai sûr de n'avoir aucune cinématique kawaii pseudo-philosophique à affronter. Plein de bisous.

Créée

le 30 nov. 2014

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