Entre deux âmes, entre deux mondes, entre deux choix, la vie de Jody est compliquée et dans le désordre. Est-ce un film, un jeu vidéo, une péninsule ? Comment définir une oeuvre aussi originale dans sa forme et son histoire ? Embarquons dans l’univers des créateurs d’Heavy Rain avec Beyond Two Souls…
Esprit, es-tu là ?
On joue sur une très grande période la vie d’une jeune fille, Jodie Holmes, interprétée par Ellen Page (Juno, Inception). Celle-ci est très spéciale, puisqu’elle possède des pouvoir psychiques : apparemment, une sorte d’esprit est en permanence avec elle, il s’agit d’Aiden. Il peut la soutenir comme la desservir, mais la plupart du temps c’est une aide précieuse. Avec lui, on peut traverser les murs, prendre le contrôle du corps de quelqu’un d’autre et parfois tuer : une véritable machine de guerre paranormale ! Le jeu se construit, ou plutôt se suit sur une espèce de ligne du temps qu’on découvre au fur et à mesure. On passe de chapitres d’elle plus vieille (vers la fin du jeu) à elle toute petite. Cette déconstruction du temps normal d’un jeu est également très perturbant pour le joueur, mais pas déplaisant. Comme après un long trauma, le gamer se prend à remettre une à une les pièces du puzzle inquiétant et sombre qu’est Beyond Two Souls.
Gameplay très (trop ?) discret
Les codes du jeu vidéo sont chamboulés dans leur totalité lorsqu’on joue à Beyond Two Souls. Loin des QTE agressifs ou des aides omniprésentes, éloigné des modes FPS ou des aventures « simples » telles qu’on en a l’habitude, BTS bouscule. Un petit point blanc figé quelque part sur l’écran indique la manœuvre à faire. Bien sûr il n’y a pas que ça, sinon on s’ennuirait un peu. En résumé, on utilise la manette de manière peu conventionnelle, plus subtile et moins « bourrine ». Il faut faire preuve de rapidité et d’ingéniosité mais surtout d’observation. Le principal défaut qu’on trouve à BTS c’est son manque de dynamisme et d’interactivité qui fait que l’on se croit réellement dans un film. Cela peut-être une qualité si on est vraiment pris par le scénario. Cependant, ce qui donne du pep’s c’est le changement Jodie / Aiden, et le fait de jouer à deux est réellement fun, quoiqu’Aiden est légèrement desservi en ce qui concerne le temps de jeu.
Questions existentielles
Une des nombreuses particularités du jeu, c’est sa narration, son histoire et les questions qu’elle pose. Qui est cet esprit nommé Aiden ? Quelles sont les frontières du paranormal ? (X-Files bonsoir) et, surtout à la fin, les questionnements sur la mort, la vie, l’au-delà en général, le deuil, les sentiments, la famille, etc. Heu, on joue toujours à un jeu vidéo ? Non, il s’agit bien là d’une expérience multimédia tel que je définirai Beyond Two Souls. C’est précisément là le gros point fort et selon moi, le fait que cela soit un chef-d’oeuvre : le jeu vidéo ne devient plus simple défouloir ou amusement, c’est un média culturel qui aide à réfléchir sur des thèmes parfois complexes. Comme pour Ico ou Journey, des jeux vidéos marginaux, Beyond Two Souls nous invite dans un monde où le jeu vidéo est redéfini.
Graphismes et jeu d’acteur
On parle bien de « jeu d’acteur » dans ce jeu vidéo… car les deux personnages principaux en sont ! Il s’agit comme indiqué plus haut d’Ellen Page et aussi de Willem Dafoe (cf. Marshall dans HIMYM) qui joue Nathan, un docteur chargé de prendre soin de Jodie pour un temps. Grâce à la technique de la motion-capture (des patchs dans ta face), les acteurs gardent leurs bouilles et leurs expressions : ce qui donne un véritable avantage au jeu vidéo, qui bénéficie d’un modeling de choix pour leurs characters (oui je parle anglais parfois). Pour ce qui est des graphismes généraux du jeu, je dirais qu’ils sont assez parfaits dans l’ensemble : les couleurs, les textures, les brillances et les ombres… On se croirait sur une next-gen ! (j’ai joué sur PS3) seul bémol : les cheveux, que j’ai trouvés nettement moins bien travaillés que le reste. Je sais que c’est dur mais un peu de courage, c’est pas 3 poils qui vont faire peur aux concepteurs !
Du western à la CIA
Ce qui est cool avec Beyond Two Souls, c’est que tu changes constamment de décors et de situations. Une fois on se retrouve clodo à galérer dans la neige, le chapitre suivant on est en pleine forme dans un désert à rider un cheval. A la CIA, les cheveux coupés, dans une soirée mondaine ou dans une maison de campagne, les environnements sont très variés et cela est très plaisant. Parfois, les séquences trop longues ou précises nous ennuient, mais la plupart des séquences valent définitivement le détour.
Comme au cinoche, mais en mieux
Entre plans cinématographiques intenses et prenants, gameplay posé, histoire sensationnelle et acteurs connus, on en vient à se demander s’il est utile de « jouer » à Beyond Two Souls plutôt que, finalement, à le regarder sur grand écran. Oui mais voilà, l’interaction se créé quand même, quitte à décevoir le jouer un petit peu, mais pour au final lui apporter un regard neuf sur « jouer à la console ». BTS s’apprécie, se déguste même, et laisse pensive la joueuse (hihi c’est mouâ) qui en retire une grande joie vidéoludique.