BioShock Infinite par volklore
D'un côté Bioshock Infinite livre une histoire géniale à base d'univers parallèles qui a le bon goût d'être bien ficelée et de combler 99% des zones d'ombres qui s'accumulent au cours du jeu. On pourra tout de même critiquer la narration aux documents audio qui, si elle reste efficace en fournissant ce sentiment de découverte qui lui est propre, fonctionne moins bien dans le cadre d'une cité encore en plein âge d'or.
Un gros travail a également été effectué au niveau des personnages. Le duo composé par l'extrême Booker DeWitt et la naïve Elizabeth fonctionne très bien et la narration arrive assez aisément à créer l'attachement du joueur envers ces deux personnages. L'extrémisme de certains antagonistes comme Comstock ou Slate, notamment, choque un peu au cours du jeu mais trouve finalement sa place après le final qui permet de comprendre toute la symbolique des personnages, et même de la ville de Columbia elle-même. Ville qui est d'ailleurs le théâtre du voyage esthétique hors du commun que ce Bioshock offre; L'arrivée à Columbia, la plage, le Hall of Heroes... le jeu est pétri de génie artistique et vaut probablement le détour juste pour cet aspect.
De l'autre, Bioshock Infinite est un shooter où l'on massacre des vagues et des vagues d'ennemis tout en spammant F pour looter tout ce qui tombe à portée de main.
Les skylines et l'utilisation des failles temporelles savent dynamiser les combats mais ne changent rien au fait que quand il faut utiliser ses armes dans Bioshock infinite (c’est à dire très/trop souvent), ça manque cruellement de sensations, on ne sent pas le poids des balles, le recul de son arme. De même le corps à corps est super brouillon et ne fait pas sentir le contact au joueur. Du coup la violence de Booker, élément pourtant important dans le développement du personnage, semble factice.
Le système de loot, lui, est pleinement horrible. 50% de ce que l'on récupère consiste en une variété de munitions dont la majeure partie est d'une utilité limitée vu que l'on ne peut porter que deux armes. L'autre moitié est une batterie de consommables permettant de récupérer de la vie et du mana que l'on engloutit sans vraiment se soucier de leur nature. Au début du jeu, on vous explique que certains consommables diminuent votre mana pour augmenter votre vie et inversement, mais finalement le cocktail "F spamming" finit toujours par vous remettre en bonne condition pour passer au prochain combat. Et en plus, le loot correspond à la majeure partie des interactions possibles avec le monde pourtant si intéressant de Bioshock Infinite...
Il y'a aussi de l'argent dans le loot system de ce Bioshock, un argent qui nous sert principalement à upgrader nos armes et sorts. Assez chères, ces upgrades aurait pu affiner le gameplay par des choix tactiques affectant notre façon d'aborder les combats. Mais au final, les sorts (outre le fait qu'on ne comprend pas comment un dictateur aussi radical que Comstock en est venu à autoriser la vente au public de ce genre de chose) sont hyper basiques et se répètent (trois des sorts du jeu sont de simples "disable" dont seul l'effet visuel change) et tous les ennemis sont tuables avec n'importe quelles armes sans nécessairement que l'on manque de munitions. Et je passe sur le système d'équipement simpliste et d'upgrade via les potions qui sont hautement déséquilibrés (pourquoi augmenter sa santé quand on peut augmenter un shield qui se régénère tout seul?).
En tout et pour tout, Bioshock Infinite est un double-produit : une histoire, un univers, un voyage artistique hors du commun s'accouplant avec un gameplay qui s'il n'est jamais véritablement chiant ou jamais anti-fun, n'est également jamais gratifiant ou véritablement intéressant.
Pire il est en décalage avec la narration 90% du temps et finit par la desservir. Pourtant, par moment, on voit ce que Bioshock Infinite donne si la direction artistique et les gameplay designers interagissent lors de la conception du jeu : le hall of heroes et l'asile, deux passages d'anthologie. Et on se demande pourquoi ? Pourquoi un jeu à l'ambition narrative si évidente, peut-il ponctuellement nous fournir ce genre de passage où exploration, ambiance, shooter et narration sont en parfaite harmonie et remplir le reste du jeu d'arènes pleines d’ennemis à massacrer sans se poser de question?
Bioshock Infinite reste tout de même une bonne expérience... pour ses moments de pur génie qui finissent par plus marquer que son game-design bourré d'erreurs stupides.
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