BioShock Infinite
7.5
BioShock Infinite

Jeu de Irrational Games et 2K Games (2013Mac)

SPOILERS POSSIBLES


J'ai découvert Bioshock avec le tout premier il y a un an, sur mac également, alors que je m'étonnais qu'il soit disponible sur cette plateforme. Un jeu sombre, glauque, qui prend aux tripes tant l'ambiance est particulière. Les contrôles étaient basiques, une main plasmide, une main arme et le reste c'était plus de l'exploration avec quelques combats qui donnaient à un univers plutôt bien mené même si dirigiste un rythme et un dynamisme très bienvenus. Sans passer par le deux qu'on m'annonce sans surprise, je bave sur les vidéos du 3, et puis j'en entends parler, on me parle de scénario incroyable, de monde fabuleux, certains me disent même que c'est le meilleur de la trilogie et de loin. Je me le procure récemment et décide de moi aussi y jouer enfin. Le début m'enthousiasme assez. On retrouve le phare, et deux personnages qui tiennent une conversation pour le moment incompréhensible et qui semble n'avoir aucun sens de toute façon. J'ai retrouvé un peu une ambiance à la Ionesco avec ces deux là, dès le début et j'avais l'impression que là où Rapture mélangeait des réclames à l'ancienne et du jazz dans de l'art nouveau au fond de l'eau, Columbia tendrait plus vers l'absurde à la fois drôle et dérangeant qu'il y a dans les orphelins Baudelaire, les pièces de Ionesco ou la frontière entre un soufflé au fromage raté et un réussi. Très vite le jeu prend une tournure malsaine et l'arrivée à Columbia ne nous fait que nous poser des questions : Mais comment un jeu avec le ton de Bioshock peut avoir autant sinon plus d'impact que le premier dans un tel endroit lumineux, avec autant de gens, autant de vie ? On attend, on s'impatiente et on a envie de plonger dans l'histoire comme avant pour voir tout ça.

Dès le début, le jeu devient très dynamique et punitif pour peu qu'on repasse des fps clavier-souris aux fps manette 360, on vise à côté, c'est nul, bref. Mais ce qui m'a frappé, c'est la violence du jeu. Là où Bioshock premier était dans le glauque et dans l'ambiance plutôt que dans le véritable explicite, Infinite va lui balancer de la gueule arrachée, du flot de sang et des violons stridents à chaque exécution brutale de votre tricrochet. Très vite on se rend compte aussi que cette nervosité des combats laisse moins le temps de s'amuser comme avant, de changer de tonique, on passe son temps à tirer, se mettre à couvert et on déclenche une petite boule de feu de temps en temps quand vraiment on a pas le réflexe de frapper au corps à corps. Certes on peut toujours se concentrer sur les toniques plutôt que les armes à feux mais les cristaux partent très vite. Au niveau des combats, la limite est aussi dans les améliorations de ces pouvoirs qui ne changent quasiment pas, ou de façon beaucoup moins efficace que dans le premier Bioshock, certains ne seront jamais utilisés plus d'une ou deux fois. Les armes aussi. Le port est limité à deux. En soi c'est pas si gênant si vous avez les bonnes mais si par malheur vous arrivez en combat et n'avez qu'une combinaison pourrie, vous allez le regretter. Souci de réalisme ? Pourquoi avoir enlevé ce menu tournant comme dans le premier ?
Bref, j'acceptai les combats plus speed, après tout ça défoule et c'est sympa d'avoir enfin un peu de difficulté dès le début (jouez en mode hard hein, pas tenté le 1999 encore). Et là, autre déception : Columbia est vide. 80 petits enregistrements et qui suivent juste le mode histoire, on perd le côté "anecdote" ou "pense bête" des enregistrements audio du premier, qui en comptait un peu plus de 120 je crois pour n'avoir que des journaux linéaires ou des dialogues qui indiquent seulement la marche à suivre. Il n'y a plus autant de petites choses qu'avant, pourtant je n'ai pas eu l'impression de rusher le jeu, peut-être en le refaisant en mode 1999. J'étais un peu déçu, surtout que là où le scénario du premier offrait un côté assez intéressant dans l'idéal d'un homme qui part en fumée à cause des failles du système qu'il a imaginé, là on se retrouve avec une bête dictature totalitaire tout ce qu'il y a de plus classique et même si l'idée des failles est intéressante, l'explication l'est un peu plus. Mais seulement l'explication, parce qu'on se dit "tiens ça renouvelle un peu ces thèmes là". La fin du premier Bioshock m'avait déçu aussi, mais celle-ci, j'ai juste eu l'impression d'une fin "qu'on a voulu compliquée" pour je ne sais quelle raison. Certes des choses trouvent du sens, notamment le couple étrange qui est une très bonne idée dans l'intrigue, mais à part eux, rien n'est vraiment attractif, attachant. Elizabeth est juste transparente, Booker a un regain d'intérêt vers la fin sinon rien de particulier. Comstock on s'en branle totalement (alors que bon, c'est un peu un élément principal de l'histoire non ?) le Songbird est presque anecdotique. Je ne sais pas, tout semble artificiel dans ce jeu, précipité. Comme s'ils avaient commencé à écrire, avaient changé en cours de route, écrit encore, et qu'ils avaient modifié leur fin en dernière minute comme ça.

Alors certes, le jeu reste un bon jeu quand même, y'a des bonnes idées, un univers propre mais il est vide, pas aussi attachant que le premier, et donne beaucoup moins envie de l'explorer tant certaines choses sont répétitives ou ont un schéma beaucoup trop similaire à d'autres situations rencontrées dans des jeux.
Un peu déçu par rapport à mes attentes mais bon, 1/2 que j'aime pas, ça reste la moyenne seulement, en espérant que le 4 soit bon !
Jacottin
6
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le 2 nov. 2013

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Jacottin

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