Des défaites attendent... Remerciez le jeu formidable !

Portés aux nus depuis les épisodes Dark Souls (et même Demon Souls avant eux), From Software est de ces studios dont la qualité n'est plus à prouver auprès des joueurs. Si bien que chacun attend impatiemment la nouvelle mouture pour s'y essayer, et venter les mérites de créateurs chevronnés.
Pourtant, avec l'éloignement d'Hidetaka Miyazaki de Dark Souls 2, un certain mécontentement a pu se faire sentir d'une frange de joueurs. De fait, l'annonce de l'éminent père des Souls à la direction de Bloodborne, nouvelle exclusivité Playstation 4, n'a eu de cesse de nourrir un désir croissant ! Le retour du maître, pour un énième jeu dans la veine de ses prédécesseurs ?


Bloodborne ne tarde pas à marquer la scission avec ses grands frères de par son univers. Fini l'heroïc fantasy, bonjour aux influences de l'ère victorienne du XIXème siècle, mais aussi plus globalement à une imagerie que ne renieraient pas un Poe ou un Lovecraft. Un univers auquel le joueur se familiarisera peu à peu, puisque le titre reste fidèle à ses habitudes en nous laissant sans trop d'introduction au milieu de tout cela. Vous êtes un Chasseur, et ça tombe bien, car la Nuit de la Chasse vient de commencer, et les monstres sont de sortie ! Super non ?
D'ailleurs, le jeu saura bien vous faire comprendre la menace qui plane avec une petite surprise dès les premiers lieux... De quoi se rendre compte d'un autre élément immuable aux titres From Software : son exigence absolue.
Et effectivement, les premiers affrontements vous feront bien vite comprendre que chaque adversaire peut être dangereux, et qu'en plus de votre armement, vos réflexes seront votre meilleure protection. Car si Bloodborne se repose sur les mêmes bases que ses prédécesseurs, il a toutefois le bon goût de dépoussiérer quelque peu ses mécanismes, pour un dynamisme bienvenu.


En effet, Bloodborne n'hésite pas à faire une croix sur un élément jusqu'alors fondamental: le bouclier. Ainsi, fini les parades et autres blocages de coups. Ici, il n'y aura que l'esquive. Les habitués devront ainsi se faire à l’idée de repenser leur façon de jouer, les néophytes quant à eux sauront peut-être presque avantagés, n’ayant pas une habitude à perdre, pratiquée sur plusieurs titres. Cependant, l’absence de la sacro sainte protection ne traduit pas pour autant un appauvrissement de l’armement, bien au contraire. En effet, Bloodborne remplace purement et simplement l’équipement de la main gauche par une arme à feu. Loin d’être capable de faire des dégâts désastreux (surtout en début d’aventure), cette arme, utilisée judicieusement, pourra s’avérer redoutable pour qui prendra la peine de s’y attarder.
Car c’est par le recours à une technique toute particulière qu’il sera possible de faire la différence. En profitant de la fenêtre de contre (extrêmement étroite) au moment ou l’adversaire s’apprête à porter son coup, il sera possible de lui loger une balle qui produira une sorte d’effet incapacitant. De là, l’enchainement avec un autre coup permettra une contre attaque quasiment digne du finish move, retirant énormément de points de vie à l’adversaire. Difficile à maitriser, cette technique sera pourtant bien souvent le meilleurs recours.
Cela étant, vous ne serez pas lâché dans Bloodborne avec seulement votre pistolet. Toute autre arme que vous posséderez dans votre main droite propose également une deuxième version (faux recourbée qui se déploie pour allonger la portée de vos coups, épée se transformant en marteau, plus lente mais aux dégâts plus marqués, etc…). Un move set propre à chacune, auquel il faudra se familiariser pour en retirer toute la maitrise. Cela fait, il sera totalement possible d’adopter l’arme de votre choix pour poursuivre votre chasse (j’ai personnellement assuré l’ensemble de ma partie avec la canne épée). La transformation de votre arme pouvant s’opérer en plein combat, cela laisse une belle part à divers combos à essayer. Moins d’armes qu’avant mais pour une utilisation plus poussée ? On prend, Bloodborne indiquant par là que ce que l’on perd en richesse de loot, on l’obtient en approfondissement d’amélioration (augmentation de dégâts et gemmes diverses à intégrer).
Couplez à cela divers objets objets pouvant vous seconder (les cocktails molotovs pour se débarrasser des loups garous) ainsi que quelques tenues que vous choisirez d’avantage pour leurs valeurs esthétiques que pour la protection qu’elles apportent (en dépit de quelques différences notables entre certaines). Vous êtes dans un jeu From Software, vous n’êtes pas sensé encaisser de coups pas vrai… ?


Cette comparaison de statistiques que je mentionne plus en avant sera toutefois une bonne invitation à vous attarder sur les menus, et notamment les descriptions d’objets. Car c’est par celles-ci notamment que passera votre compréhension du monde qui vous entoure. En effet, l’absence de tutorial et d’informations pourra s’avérer frustrante les premières heures si le joueur ne témoigne pas d’un minimum de curiosité. On pourra sinon pester parfois face à quelques éléments de gameplay obscurs (la gestion du levelling). Bloodborne ne se veut jamais impossible, mais il a très clairement la flemme de vous accompagner dans vos débuts en vous présentant ses différentes facettes).
Il en va de même pour son histoire, au lore bien plus riche et profond qu’il n’y parait. Là encore, ce sera en récompense de l’effort du joueur à détailler son environnement, s’attarder sur les descriptions d’items tout en portant une réflexion appuyée aux propos nébuleux tenus par les âmes errantes ici et là. Une forme de mysticisme de tout un univers qui s’avère donc intéressante, bien que l’absence de réelle explication jusqu’à la fin risque de diminuer l’intérêt de certains. On finit par établir quelques suppositions, tout en gardant des éléments qui ne font pas sens. ****Bloodborne** ne saura être saisi dans toute sa complexité dès le premier run, il faudra donc y revenir et s’y replonger pour le décortiquer, cela par le biais du New Game +.


Toutefois, malgré son austérité dépeinte en ces lignes, Bloodborne affiche une réelle maîtrise dans son ensemble. Bien que punitif à la moindre erreur, son gameplay en combat s’avère être un petit bijou de maitrise. Plus que jamais, il faudra apprendre à gérer son endurance pour ne pas se retrouver à court en enchainant trop de mouvements. Car si chaque coup en consomme, chaque esquive également ! Cela en tête, on est libre d’enchainer la danse avec nos ennemis, qui ne sont pas en reste de techniques retorses pouvant vous faire extrêmement mal s’ils parviennent à vous les infliger. Cela étant, BB ne privilégie jamais la fuite, mais encourage toujours à l’affrontement direct. De fait, lorsque vous encaisser des dégâts, une petite partie de votre jauge de vie pourra être récupérée sous condition que vous contrattaquiez en infligeant également des dommages à votre assaillant dans la seconde qui suit. Une petite subtilité qui est bien loin d’être négligeable pour votre salut, et surtout dynamise énormément les affrontements en poussant sans cesse à revenir au combat. Le bestiaire, quant à lui, s'avère très riche et se renouvelle au fil des zones traversées. Il sert également d’unité de mesure à la progression en quelque sorte, puisque l’on découvre bien vite que cet adversaire que l’on craignait tant lors de la première rencontre n’est maintenant plus si difficile à appréhender, à présent que l’on a découvert que bien pire se cache dans ce sombre cauchemar… Bien sûr, un jeu From Software ne saurait être lui-même sans ses fameux bosses, et Blooodborne ne déroge pas à la règle.


Peut-être dans l’ensemble moins immenses dans leur taille que ne le proposera par la suite Dark Souls 3, ils ont toutefois leur petit effet bien senti. La Bête Cléricale, à ce titre, vous mettra directement dans le bain. La musique, les cris, la vivacité et la portée des coups… Le tout participe à cet aspect impressionnant qui paralyse le joueur de crainte dès le début du combat. Un aspect impressionnant qui joue beaucoup sur l’aspect épique des affrontements. Si certains s’avèrent plus facile que d’autres (bien que ce critère d'estimation reste fortement modulable d’un joueur à l’autre), tous proposent un affrontement de qualité qui saura mettre vos nerfs à rudes épreuves (surtout toi Rom, pourquoi étais-tu si long ?!).
Si la rage sur certains combats donnera envie de maudire le titre, force est de constater qu’en réalité, celui-ci s’avère très honnête avec le joueur. Malgré quelques pièges sur votre cheminement, il fait preuve d’un level design de tout temps absolument excellent ! Vaste (Les Bois Perdus), tortueux (Yharnam), et pourtant aux embranchements et multiples raccourcis permettant de fluidifier les déplacement (tout particulièrement utile lorsque l’on retourne affronter le boss pour la énième fois sans avoir à subir à nouveau tout un trajet périlleux). De même, le farm ne s’avère jamais abusif pour peu que vous augmentiez régulièrement votre personnage et son équipement. Tout au plus le besoin se fait parfois sentir de retourner collecter quelques fioles de sang (les potions de soins du jeu) à la suite de tentatives infructueuses sur un même ennemi.


Dans les faits, la progression de Bloodborne ne déroge guère de celle de ses prédécesseurs. Chaque vaste zone est marquée par des lanternes (remplaçant les feux de camps). Celle-ci permettent de se téléporter directement dans le Rêve du Chasseur, hub central permettant de pouvoir faire vos emplettes en équipement, mais également d’améliorer vos armes et vos statistiques globale (moyennant les orbes de sang récupérés sur vos ennemis, monnaie qui remplace les âmes des Souls mais qui conserve la même utilité). De là, libre à vous de revenir vers n’importe quelle lanterne débloquée pour poursuivre votre chemin. A noter que bien évidemment, à chacun de ces voyages, tous les ennemis auront réapparus, rendant la zone toujours aussi dangereuse. Il vous sera également possible, une fois arrivé à un certain stade du jeu, d’accéder aux donjons Calices. Des niveaux générés de façon semi aléatoire, et de niveau de difficulté variable, permettant de poursuivre l’expérience en plus de l’aventure principale.
En sus des ennemis, vous ne serez également pas toujours seul dans votre quête. Une fois encore, le multijoueur est de la parti, sous sa forme toujours aussi sibylline. Vous pourrez ainsi toujours marquée votre avancée en laissant au sol des messages plus ou moins flous pour avertir les autres joueurs de ce qui les attend, tout comme la coopération pourra être réalisable en invitant un joueur à rejoindre votre partie ou inversement. L’expérience Bloodborne se faisant personnellement en solo selon moi, je n’ai guère poussé d’avantage cet aspect du jeu.


Techniquement parlant, le soft n’opère pas réellement de bon en avant. Il jouit cependant d’un excellent chara design et d’une ambiance réellement efficace, avoisinant sans cesse avec l’horreur (tant par ses décors que les ennemis à affronter). A de nombreuses reprises on s’arrête pour admirer cette pleine lune en arrière plan, ou se laisser renverser par la magnificence d’une cathédrale qui s’élève en fond. On retrouvera toujours des animations assez limitées chez notre personnage, a contrario de celle des ennemis, d’excellente qualité.
Aussi l’action est toujours frénétique, et en quelques très rares occasions peu lisible, la faute à une caméra automatique qui nous empêche parfois de bien suivre tout ce qui se passe à l’écran (Paarl Sombrebête). Apprendre à combattre sans devient de fait très tôt une bonne chose afin de s’éviter ces désagréments.


Sous ces airs de cauchemar, Bloodborne dépeint pourtant un gameplay superbe, et une expérience des plus exaltantes. Se présentant au cœur d'un tout nouvel univers, il prend de court les précédentes productions de ses développeurs pour adopter un rythme plus pêchu, conférant des affrontements moins lourds et favorisant l'attaque avant tout.
Un dynamisme secondé par un level design absolument génial, et une direction artistique splendide. Malgré son flou narratif volontaire, le titre sait se parer d'une aura lui conférant une réelle ambiance, le tout servant une durée de vie très correcte (40h environ, 50h voir plus pour l'ensemble du contenu, sans parler du NG+). Une bien belle réussite et un incontournable absolu de la PS4.


LES PLUS:



  • Une ambiance sombre et pourtant si attirante

  • Level design fabuleux

  • Gameplay nerveux et combats plus dynamiques


LES MOINS:



  • Absence d'explications parfois ennuyeuse

  • Caméra pas toujours fidèle

  • La difficulté... On l'aime autant qu'on la déteste

David_AVINENC
8
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Créée

le 12 déc. 2021

Critique lue 81 fois

David_AVINENC

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