Bloodstained: Ritual of the Night
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Bloodstained: Ritual of the Night

Jeu de Inti Creates et 505 Games (2019PlayStation 4)

Entre hommage réussi et Igavania à l'identité inégale

Projet kickstarté avec grand succès depuis 2015, Bloodstained ROTN se veut être la suite spirituelle du magistral Castlevania Symphony of the Night, développé par l'ancien grand manitou de la licence de Konami, Koji Igarashi. Entre temps, ce dernier avait développé un excellent spin off de Bloodstained via le Curse of the Moon, qui rendait parfaitement hommage aux Castlevania 8 bits de la NES.


Concernant ROTN, après 4 ans de déboires, d’annonces et de vidéos de gameplay très inquiétantes concernant le projet final, le voilà qui arrive enfin sur PS4, One, PC et Switch en Juin 2019. Alors, un Castlevania SOTN Like réussi ou encore un énième Kickstarter qui s’est cassé les dents à l’arrivée ?


Se déroulant en pleine Révolution Industrielle, la guilde des alchimistes décide de réaliser un sombre rituel, afin de pouvoir continuer à prospérer, en transplantant des fragments de cristaux à différents individus. Ceci dans le but de canaliser les pouvoirs maléfiques des démons. Ainsi, ils deviennent les Cristalliseurs.


Dans ce contexte, le joueur va incarner Miriam, une jeune femme qui se réveille d’un sommeil long de 10 ans. Elle est l’une des dernières survivantes des Cristalliseurs, avec un certain Gebel, ami d’enfance de Miriam. Apprenant que celui-ci a réveillé les démons au sein d’un Château qui s’est matérialisé, Miriam décide de faire route vers le dit Chateau avec son ami Johannes, un exorciste, afin de découvrir ce qu’il est réellement advenu de Gebel et de l’arrêter.


Soyons franc, le scénario et la mise en scène de Bloodstained ROTN sont aux raz des pâquerettes. Aucune émotion ou mise en scène soignée ne viendront mettre en valeur une histoire et des personnages déjà vu et revus dans les anciens Castlevania en Metroid Like.


Pire, les personnages hormis Miriam sont complètement insipides et inintéressants, tout comme les événements que l’on verra au fil de notre progression.


Si on ne joue effectivement pas réellement aux Castlevania pour leur scénario, celui de Symphony of the Night avait au moins le mérite d’avoir un background soigné et surtout des personnages charismatiques entre Alucard, Maria ou encore Richter. Par conséquent, qu’en est t-il du gameplay ?


Dans les mécaniques, les fans de Symphony of the Night ou tout autre Igavania ne seront pas dépaysés. Il s’agira toujours de progresser dans un château labyrinthique, a travers des zones interconnectées entre elles, afin de trouver des pouvoirs pouvant débloquer d’autres chemins, combattre des ennemis, explorer pour ramasser santé, magie, armes et autres pièces d’équipement.


Évidemment, la composante RPG importante et propre aux Castlevania Metroid Like est toujours de la partie.


Bloodstained se permet même de reprendre le systèmes des âmes des Aria et Dawn of Sorrow via les fragments de cristal. En tuant un ennemi, vous pourrez parfois absorber son pouvoir et l’utiliser. Sachant que nous retrouvons des fragments offensifs, d’autres à distance, certains qui s’activent automatiquement de façon passive, ou encore des fragments conférant une augmentation de statistiques etc.


A noter qu'il existe le magasin pour acheter objets, armes, matériaux ou ingrédients chez Dominique. De plus, Johannes vous permettra de crafter des objets via des ressources collectées, de cuisiner ou encore d'améliorer vos fragments.


Bref, IGA n’avait pas menti. Le gameplay est purement Symphony of the Night dans les bases, la maniabilité de Miriam et l’interface. Ce qui est à la fois tout à son honneur, mais aussi témoignant d'une certaine fainéantise.

Car en 2019, force est de constater que si la recette fonctionne encore très bien, d’autres Metroid Likes sont arrivés depuis et ont réussi à moderniser ce genre via des représentants comme Ori and the Blind Forest, Axiom Verge, Yoku’s Island Express, Monster Boy ou encore Hollow Knight. Et a côté d’eux, Bloodstained ROTN fait assez vieillot et rigide sur l’ergonomie et la progression, bien que ce ne soit pas dérangeant en soi.


Côté réalisation graphique, si Igarashi a tenu compte des nombreuses critiques montrant un jeu immonde à ses 1ers trailers, on ne peut pas dire que le résultat final soit non plus ultra enthousiasmant, malgré des améliorations évidentes.


Déjà, le jeu n’est pas très stable sur la finition technique, se permettant parfois de micro freezer, ramer ou encore avoir des bugs de scripts, de maps ou autres trucs qui ne se déclenchent pas. Rien non plus d’alarmant, surtout que le jeu a été déjà patché en 1.03 actuellement, et que la version PS4 reste relativement stable avec du 1080P et 60 FPS quasi constant à chaque instant.


Pour les graphismes donc, nous avons un rendu très inégal où certains décors seront assez beaux comme le Jardin du Silence, la Salle d’Assassinat ou la Cathédrale. Et d’autres qui seront atroces comme la Tour des Deux Dragons Jumeaux. Le tout sans compter des animations assez raides et un chara design peu inspiré.


C’est pareil pour la direction artistique, c’est pas immonde mais à force de singer SOTN, ses décors et son bestiaire (on retrouve les mêmes démons, harpies ou autres Buer), Bloodstained ROTN n’a pas réellement d’identité à lui, sans compter que le jeu tente de forcer à mort avec des easters eggs partout à SOTN, des jeux indés ou autres développeurs. Sauf qu’ils ne sont pas vraiment placés subtilement.


Bref, une réalisation d’un autre temps pourrait – on dire et qui ne fait pas réellement honneur à SOTN ni à cette génération de consoles. Mais ce n’est pas non plus immonde au point de se dégoûter de jouer, il ne faut pas exagérer :p


Concernant la bande son, nous sommes devant un point largement plus positif. Les musiques sont signées Michiru Yamane, compositrice de SOTN et des Castlevania IGAS depuis.


Et le moins que l’on puisse dire est qu’elle a géré. Ses compositions rentrent dans la tête pour la plupart, les notes sont jolies et participent sans soucis à l’ambiance gothique qui se dégage de Bloodstained.


Mentions spéciales pour moi à Voyage of Promise, Luxurious Overture, le Main Theme et Tower of Twin Dragons. Sachant que certaines musiques ont été reprises dans Bloodstained Curse of the Moon en 8 Bits.


Les bruitages et doublages (anglais ou japs) sont bons, pas de soucis. D’ailleurs, nous retrouvons ce bon vieux David Hayter en Zangetsu pour son doublage anglais. Petit taunt subtile à Konami ? (MGS V, Snake, Kiefer Sutherland tout ça :p ).


Côté contenu et durée de vie, comptez une bonne quinzaine à vingtaine d’heures pour venir à bout de Bloodstained ROTN en explorant partout, en prenant votre temps pour crafter les objets et armes, upper Miriam sur vos statistiques et j’en passe. Sachant qu’une fois le jeu fini, vous débloquez divers modes comme le boss rush ou un time attack, et d’autres difficultés.


A noter que la difficulté est parfois déséquilibrée, car certains boss seront pathétiques et d’autres seront balaises au point qu’il vaudra mieux s’armer de meilleurs armes et vêtements défensifs pour s’en sortir


Bilan des courses vampiriques : Bloodstained Ritual of the Night, sans être un jeu parfait, est ce que Koji Igarashi nous avait promis depuis le début : une suite spirituelle de Castlevania Symphony of the Night sans pouvoir utiliser la licence de Konami, mais qui fait le job et reste un jeu agréable à faire pour tout fan de Metroid Likes.


Nous y retrouvons donc les forces et faiblesses de cette structure Igavaniaesque en 2019, mais sans réelle surprise non plus vu qu’il singe tout de son hit de 1997, sans chercher à apporter quelque chose de nouveau. Le souci est que Bloodstained ROTN est un produit d’un autre temps, supplanté par des Metroid Like nettement plus ambitieux que lui depuis quelques années.


Mais ne boudons pas notre plaisir, à l’heure actuelle où Konami n’en n'a strictement plus rien à cirer de Castlevania, IGA a fait l’effort de nous livrer avec sa nouvelle série Bloodstained, des hommages respectifs à son ancienne série via un excellent Curse of the Moon pour les Castlevania NES, et un fort sympathique Ritual of the Night pour les Castlevania Metroid Like de l’époque.


Quand on connait le parcours chaotique de Bloodstained depuis son annonce en Kickstarter, on ne peut qu’être respectueux d’Igarashi qui a livré ce qu’il avait prévu, sans trahir ses fans.


Maintenant, Igarashi a les cartes en main pour nous faire dans les années à venir, un éventuel Bloodstained 2 qui pourrait vraiment être ambitieux et mémorable. Et pourquoi pas, faire en sorte que cette nouvelle série puisse perdurer autant que les Castlevania en leur temps sur le long terme !


Nono

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Créée

le 25 août 2019

Critique lue 157 fois

NonoDudu31

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