"Et je coupe le son !"

Avant de commencer ce test, je précise que je connaissais Crypt of the necrodancer mais que je n'accrochais pas beaucoup au jeu pour une raison précise : je trouvais ça graphiquement assez infect. Le genre de pixel art assez grossier dans des environnements vraiment mornes. Cependant le gameplay était novateur et addictif.

Par contre s'il y a une licence que je connais très bien et que j'apprécie plus que tout, c'est bien The Legend of Zelda. Par chance ce Cadence of Hyrule réunit le meilleur des deux mondes : on pouvait s'attendre à un reskin de Crypt avec héros, ennemis et armes de The Legend of Zelda, finalement on a un Zelda vue du dessus plutôt classique avec le gameplay rythmique de Crypt. Une délicieuse surprise !

Au delà du gameplay, les autres emprunts à Crypt sont plutôt discrets et ne bouleversent pas la formule des Zelda. L'aspect rogue-like est très limité. La mort ne vous fait pas perdre votre progression mais uniquement vos rubis et quelques items "consommables" qui existent en quantité dans le monde : pelle, bottes, torches et anneaux (donnant des buffs). Mais tous les objets classiques des Zelda (et les nouveaux) à obtenir dans des donjons ou dans des grottes cachées dans l'overworld, votre progression, vos quarts de coeur, ainsi que la deuxième monnaie du jeu (les diamants), tout cela est conservé. La map et les détails des tableaux sont générés avec une part d'aléatoire en début de partie mais on reste avec un monde cohérent de parfois designé à la main. Bref à part ces détails mineurs, on est bien face à un Zelda.

Et quel Zelda mes aïeux. Graphiquement c'est superbe avec un pixel-art qu'on avait pas vu dans la saga depuis Minish Cap en 2004 alors qu'il lui sied parfaitement. C'est simple : c'est le plus beau Zelda 2D qu'on ait jamais eu. Au niveau musiques on est là aussi aux anges. Les réorchestrations de musiques cultes sont sublimes et varient au gré de l'intensité de l'action. Un pur plaisir pour les oreilles. Le fan-service est d'ailleurs très présent sans pour autant être putassier : tribus, personnages, armes, ennemis, compositions, on est en terrain connu mais réinventé malicieusement et respectueusement.

Le gameplay est diabolique et addictif. Vous mourrez beaucoup au début mais une fois habitué aux spécificités de cet épisode, passé la première demi-heure disons, et avoir accumulé les réceptacles de coeur, armes puissantes et sempiternelles fées en bouteille, le jeu deviendra bien plus abordable, comme dans les Zelda classiques. Les mini-boss et boss des donjons vous donneront quand même du fil à retordre, mais leurs affrontements sont très bien pensés, quoiqu'un peu courts. Si l'action est addictive, les énigmes musicales ou celles utilisant les différents items sont tout aussi bien pensées bien que peu nombreuses. On peut regretter que les différents objets servent peu : pour les affrontement on leur préférera les armes, plus maniables et que l'on peut améliorer dans les fontaines des grandes fées, mais celui qui veut de la variété dans la façon d'aborder les ennemis ou les énigmes sera servi.

Mais là où le bât blesse, c'est hélas sur le plan de la durée de vie. J'ai mis moins de 8h pour le finir à 100%, c'est à dire en passant la map au peigne fin pour trouver tous les secrets. C'est très court, surtout pour 25€, même avec autant de qualités. Il manque un véritable défi de fin de jeu où l'on pourrait utiliser tous ces objets, toutes ces armes et tous ces pouvoirs répartis entre les trois personnages jouables. Un défi semblable au donjon final, le seul réparti sur plusieurs étages consécutifs, avec des mini boss et une bonne difficulté. Mais il ne fait que quatre étages, et le refaire en boucle est inutile : il manque tout simplement un mode "dungeon-crawler". Un mode "crypt" en fait. Celui-là même que je craignais mais qui au final justifierait le prix et relancerait totalement l'intérêt du jeu passé le (très bon) boss de fin.

Là où le jeu entend se rattraper c'est sur sa grande rejouabilité. Une variété de paramètres existent pour changer la donne à chaque partie : on peut recommencer le jeu avec un personnage différent, avec un mode "off-beat" où l'on joue indépendamment du rythme pour se concentrer sur la stratégie des affrontements (et qui transforme le jeu en véritable Zelda au tour par tour), avec un mode "double-temps" au rythme deux fois plus rapide, un mode "sans pitié" où toute mort est définitive, et un mode "défi journalier" avec des paramètres imposés chaque jour. On peut aussi générer sa propre map à partir d'un code, que l'on peut ensuite partager à ses amis pour que chacun joue sur la même map. Enfin, le jeu encourage aussi au speedrun, avec un leaderboard mondial. Mais tout cela ne compense pas l'absence d'un mode dungeon-crawler ou d'une durée de vie plus conséquente.

Reste un jeu excellent sur tous les plans, qui ne souffre que d'un contenu un peu trop limité pour s'élever au rang de chef d'oeuvre et décrocher un Grammy. Comme un excellent EP qu'on aurait rêvé album. En espérant que Brace Yourself Games remette le son dans une prochaine mise à jour.