Second épisode de la franchise à sortir sur Wii U, Call of Duty Ghosts est le premier développé par Infinity Ward (studio historique de la franchise), même si le portage Wii U a été assuré par Treyarch (responsable du très bon Call of Duty Black Ops II). On aurait ainsi pu s’attendre à un épisode majeur. La réalité est un peu différente… Non pas que le jeu soit mauvais, loin de là, mais plutôt qu’il déçoive un peu par rapport à son prédécesseur.
On passera tout d’abord sur le fait que ce version Wii U a totalement relégué le gamepad à une utilisation anecdotique. Comme dans Black Ops II, il ne sert principalement qu’à afficher les objectifs. Outre le jeu off-screen (un classique sur Wii U), son seul intérêt (pas négligeable, néanmoins) est de pouvoir jouer à 2 en multi avec son propre écran (l’un sur la télévision, l’autre sur le gamepad… en évitant de devoir jouer avec un écran splitté). Si l’on ajoute à cela le fait que la version Wii U n’a bénéficié d’aucun des DLC (et notamment des cartes supplémentaires… sauf la carte Free Fall téléchargeable gratuitement… bien après les autres versions) ou encore que cette version ne supporte pas les clans, Activision s’est ostensiblement contenté du minimum syndical sur la console de salon de Nintendo… en dépit d’une réalisation très propre.
Si certains joueurs négligent le mode solo (voire ne le commencent jamais et se précipitent directement vers le jeu en ligne), ce n’est assurément pas mon cas. Certaines critiques ont pu reprocher à la campagne solo de Ghosts son absence de moments « forts » à grand spectacle. La critique est franchement un peu sévère… sauf à dire qu’avec la succession des épisodes annuels, il est plus difficile de surprendre d’année en année. Pourtant, la campagne solo ne manque pas de variété : missions dans l’espace (même si très anecdotiques au final, passé l’effet de surprise), fonds sous-marins, jungle luxuriante, zones urbaines, train lancé à pleine vitesse, phases en hélicoptère, en char… et même dans la peau du chien Riley… La traque de l’ancien Ghost Gabriel Rorke passé à l’ennemi sera ainsi le prétexte à une campagne particulièrement dépaysante, à défaut d’offrir une résistance décente même pour un joueur moyen. Non, le vrai reproche qu’on puisse faire à la campagne solo de Call of Duty Ghosts, c’est bien sa durée. Avec ses 18 missions qui pour la plupart ne vous retiendront pas plus de 20 minutes au grand maximum, le mode histoire se bouclera ainsi entre 5 et 6 heures. C’est sensiblement moins que dans Black Ops II. Pour un jeu vendu plein pot à 60-70 €, l’addition est un peu raide…
Bien sûr, les puristes vous le diront, depuis Call Of Duty 4 Modern Warfare, Call of Duty, c’est pour le multi qu’on passe à la caisse. Certes. Le problème, c’est que par rapport à Black Ops II, le multi est clairement un ton en-dessous. Il y a d’abord la grosse mauvaise surprise : là où Black Ops II supportait le jeu en multi en écran splitté à 4 (comme à la bonne vieille époque de Goldeneye), Activision s’est bien gardé de communiquer sur sa suppression avec un multi local désormais bridé à 2 joueurs (heureusement, les bots sont bien présents… pour un total de 12 soldats sur le terrain). Certains y verront la suppression d’un mode obsolète à l’heure du jeu en ligne et des connexions haut débit… d’autres comme moi qui préfèrent la convivialité de parties à plusieurs autour du canapé tomberont de haut… Mais les mauvaises surprises ne s’arrêtent pas là. Si le jeu propose un nombre généreux de maps (15 en incluant Free Fall), la taille de celles-ci a été sensiblement augmentée. Le problème c’est qu’avec seulement 12 soldats sur le champ de bataille (du moins sur les versions Wii U et old-gen), le jeu a été clairement déséquilibré et les affrontements nerveux et rythmés de Black Ops II ont fait place à de nombreux temps morts le temps de trouver des adversaires sur les cartes. Si certaines s’en tirent à peu près correctement (Free Fall, Prison Break, Octane, Freight, Warhawk, Strikezone…), d’autres sont clairement bien trop grandes pour être intéressantes (Whiteout, Stormfront, Siege, Stonehaven, Chasm…). Et ce n’est franchement pas le gimmick (très limité) des cartes dynamiques (avec quelques modifications du décor en cours de partie) qui vont sauver la mise.
Au final, les fondus de Call of Duty ou ceux qui voudront un FPS solo sympa sur Wii U (il n’y en pas tant que ça), pourront investir dans Call of Duty Ghosts. Les autres pourront tranquillement rester sur Black Ops II qui lui est globalement supérieur sur tous les points. Pas un mauvais jeu en soi… mais un Call of Duty moyen, tout simplement, a fortiori sur Wii U (surtout si l’on garde à l’esprit que les serveurs y sont plutôt dépeuplés avec à peine 800 joueurs le week-end… essentiellement regroupés dans le match à mort par équipes).
