*NOTE : Ce pamphlet contient des spoilers et de la mauvaise foi. Et c'est bien mérité.*

Castlevania : une série mythique de plus de 25 ans déjà, ayant fait ses premières armes sur de l'action plate-forme en 2D, et enchaînant sur le modèle dit de « metroidvania » en action-rpg depuis « Symphony of the Night ».
Une série vaste, pleine de succès et avec fort peu de déceptions, celles-ci venant d'expérimentations en 3D peu abouties... dans les premiers essais uniquement. Exceptionnellement, on pourrait même citer le second volet de la série, erreur de parcours pardonnable, voire même lorsque Konami a cédé aux sirènes de cette abominable mode de l'online et des dlc (« Harmony of Despair »).
À côté de cela, on eut droit sur les dernières sorties à chaque nouvel épisode à notre lot de petites spécialités propres à chaque jeu afin de mieux nous dépayser, de thèmes (nouveaux ou remixés) mémorables et épiques, de new game+ gonflant nos complexes de Dieu et allongeant par là la durée de vie.
Mais voilà, à peu près toutes les cases chronologiques ont été prises, le château de Dracula de metroidvania a été surexploité, Dracula est définitivement mort et sa réincarnation s'avère être pacifiste (« Aria & Dawn of Sorrow »). Konami se retrouvait dans une impasse. Une impasse, vous dites ? Nous avons la solution : un reboot, du nom de Lords of Shadow, sorti sur PC, PS3 et XBOX 360. Et quitte à vouloir changer un peu... Castlevania revient à une nouvelle tentative de beat'em all en 3D, comme il l'a déjà fait dans le passé, et avec succès semble-t-il.

Ce reboot racontait une génèse de l'histoire, bien différente de celle de la série principale (« Lament of Innocence »). Un Castlevania plus sombre, plus sanglant, racontant l'épopée maudite de Gabriel Belmont, jouet du Destin, et chevalier de Dieu avant de sombrer dans le Mal et de devenir... Dracula.
Et voilà donc que ce « Castlevania - Lords of Shadow - Mirror of Fate » (oui, c'est le titre complet) s'annonce comme un chaînon entre ce dernier et une suite, qui sera « Lords of Shadow 2 ». Outre cet aspect bouche-trou, j'ai eu la bonne surprise de constater que même jeux-video.com n'accordait que 12 à ce jeu, eux pourtant champions de la chibrophilie et des notes exagérées pour grosses licences. Je me suis méfié, mais pas assez visiblement car j'ai fini par acheter ce jeu.

Et devinez quoi ?

C'est de la merde.

Voilà, j'ai tapé ma belle introduction le plus longuement possible afin de repousser le moment fatidique où je devais en parler. Et maintenant que j'y suis, je n'en ai pas l'envie. Et pourquoi le faire quand d'autres l'ont déjà mis à mort habilement ? Tout simplement pour mieux l'enterrer, et car je suis rancunier. Donc.
Dans ce jeu passionnant, on peut incarner 4 personnages différents. Sauf que c'est une blague, en réalité : le premier personnage que vous jouez est Gabriel avant qu'il ne vire du côté obscur de la force, et un an avant le premier volet, et ce pour le didacticiel (absolument risible, en passant), ce qui baisse le compteur à 3. Et en faisant mon chieur, j'ajouterai que 2 personnages sont la même personne dans le scénario (j'y reviendrai), même s'ils agissent comme deux personnages différents. On peut donc dire qu'on ne joue vraiment que 2 personnes différentes, avec un peu de mauvaise foi.

Le jeu se joue donc en 2D, ou plutôt en 2,5D, avec la possibilité d'activer le mode 3D de la console, qui passe bien ici (un des rares bons points). La surprise est qu'outre ce gameplay en 2D, on a droit encore à un système de a-rpg avec niveaux (en réalité bien plus linéaires qu'on ne le pense, et qui n'influent que l'apprentissage de nouveaux moves) et d'une map à la metroidvania avec ses petits carrés, dans une version dégueulasse. Rappelons que l'action se passe dans le château de Dracula. Hm, oui c'est un reboot et c'était inévitable pour le château, mais vous sentez pas la redite que vous vouliez éviter, là ? Bien sûr que non : le jeu s'avère au final être aussi un beat'em all ! Est-ce une meilleure nouvelle ? Que nenni, on se retrouve avec un mélange mal gaulé et inefficace entre le gameplay d'un Castlevania classique depuis SotN et celui du précédent volet, avec moult parades chiantes et infaisables à la clé.

L'action est donc très linéaire, on va d'un point A à un point B, et même si on nous oblige à des retours en arrière via de nouveaux power-ups, ceux-ci sont fait sans grande conviction. Bien entendu, l'OST participe à cette linéarité : pourtant un axe indétrônable dans la série, les musiques -sans être mauvaises- sont très quelconques, avec de rares pics qualitatifs, et très répétitives. Ajoutez à cela qu'elles sont parfois enclenchées sans raisons, comme une musique de combat (non-)épique s'activant alors qu'il n'y a pas d'ennemis aux alentours. Navrant.
L'ennui s'installe rapidement, ce jeu pue le Dimanche, et même les boss arrivent à ne pas éveiller votre attention : excessivement forts, les combats contre ceux-ci sont contre-balancés par de nombreux checkpoints durant la bataille. On meurt donc 2, 3 voire 4 fois afin d'affaiblir le boss, puis on se laisse mourir une fois un checkpoint atteint afin de pouvoir reprendre le combat en bonne santé. Autant dire que l'intensité en prend un coup sévère. J'aurai préféré avoir des boss plus faibles mais à tuer d'une seule traite, tiens.

Par ailleurs, les graphismes surprennent : voguant entre le somptueux et l'immondice pixelisée, la réalisation souffre tout de même d'une aberration : les cinématiques. Toutes en superbe cell-shading, celles-ci sont ruinées par la fainéantise des gars de Konami, qui ont eu la flemme d'animer les expressions et paroles des personnages, préférant des airs figés et brusques. On se retrouve alors avec des dialogues de ventriloques à se pisser dessus, ôtant à ceux-ci tout effet dramatique possible. Chapeau.

Face à ce bâclage évident se dresse alors la construction scénaristique chaotique. Après le prologue de Gabriel, on se retrouve des années plus tard avec Simon Belmont qui est en colère car Dracula (qui est son grand-père, mais il l'ignore) a tué sa famille quand il était môme et l'a ainsi obligé à vivre avec des bûcherons. Le dernier point est particulièrement insoutenable, vous en conviendrez. Aidé à deux reprises par un mystérieux individu, il arrive jusqu'à Gabriel et est rejoint par ledit personnage qui s'avère être Alucard. Bien.
S'enchaîne le scénario d'Alucard, qui reprend quelques heures avant, celui-ci se réveillant PAR HASARD au moment où Simon vient. Mettons. Le fils de Dracula semble d'ailleurs bien connaître Simon. Mais Dracula étant lui-même un Belmont et Alucard son fils, on voit de loin un immense spoiler peu fin que je vous laisse imaginer. Bref. L'aventure continue, Gabriel est vaincu, Alucard fuit sans donner son identité, youpi. Et...
Et... on revient pour la dernière partie 20/30 ans en arrière dans la peau de Trévor Belmont. Oooooooh.
Et comme Simon, Trevor il est pas content. Aaaaaaaaaaaaah.
Et il affronte Dracula et il meurt. Ooooooooooh.
Et il devient Aluc... COMMENT ?
Non, je vous fais marcher, c'était prévisible. Mais pourquoi mettre cet épisode maintenant, en fin de jeu ? Pour maintenir le non-suspens de l'identité d'Alucard ?
Car outre cette construction douteuse, cela donne une légère aberration : au fil du jeu, dès Simon, chaque personnage avance en récupérant des power-ups. Ceux-ci sont soit des magies, soi des sous-armes, soit de nouvelles habilités de déplacements. Si les deux premières catégories sont propres à chaque personnage et sont renouvelées à chaque chapitre, progressivement, la dernière est maintenue au fur et à mesure du jeu, entre chacun d'entre eux. Et il est ainsi fort amusant de constater qu'Alucard obtient dans son périple des griffes pour faire des sauts muraux, puis le double-saut, et cela en buvant le sang de deux boss, quand dans son passé en tant que Trévor (qui est le même personnage, pour rappel), celui-ci a déjà ces habilités-là (normal, car son chapitre suite le sien et il garde les mêmes pouvoirs). Il est probable que dans sa mort, Trévor ait régressé physiquement et prit du poids. Cruelle est la mort.

J'en oublie ainsi certainement, mais je compte m'arrêter ici, le cahier des charges est déjà trop lourd. L'impression que me laisse ce jeu sans durée de vie (14h de jeu pour finir tout à 100%, 4h de plus pour faire le mode « hardcore » débloqué à la fin et qui fait office de new game+), c'est une absence d'ambition, notamment via la (mauvaise) exploitation de quelques figures connues et appréciées des fans (ce qu'on appelle communément du « fan-service »). Un certain je-m'en-foutisme qui se repose sur ses lauriers, peut-être dû à une édition sur console portable, en attendant une suite sérieuse. Et puisqu'on parle de portable, j'ai même le sentiment que ces trois-aventures-en-une auraient été éditées séparément pour quelques sorties moisies en tant que jeux pour téléphones portables à 5€ le téléchargement, et que de dernière minute, ceux-ci auraient été mis en commun et reliés via quelques éléments, notamment les power-ups que j'ai énoncé.
Ce jeu n'est en soit pas injouable, il pourra même peut-être vous satisfaire quelques heures. Mais voilà, il sort sur 3DS quand de biens meilleurs jeux abondent actuellement sur celle-ci, ce qui limite déjà son intérêt. Qui plus est, il coûte actuellement 40€ et des brouettes en jeu neuf, ce qui pour un étudiant et un avare comme moi est impardonnable.

Poubelle.
Weltanschining
3
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le 21 juil. 2013

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Mrvn Rchrd

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