Castlevania: Rondo of Blood
8.1
Castlevania: Rondo of Blood

Jeu de Konami (1993PlayStation 4)

Nach einhundert Jahren, der Böse wieder auferstanden. Er kann sich in eine Fledermaus, einen Wolf, und Nebel verwandeln. Er liebt die Nacht. Er schlürft das Blut von jungen Frauen und lebt ewig. Der Burgherr des Teufelsschlosses. Der Herr des Bösen, Graf Dracula ist auferstanden!


Dès les premières secondes s'installe le doute. On hésite d'abord entre un mauvais paramétrage ou un problème de localisation, puis on réfléchit discrètement aux modalités de remboursement… Pourtant, pas de tromperie sur la marchandise. C'est bel et bien Konami qui, dans un souci d'immersion, a décidé de proposer une introduction en allemand. Premier constat donc, une prise de liberté étonnante vite confirmée par une mise en scène macabre qui n'aurait peut-être pas passé le comité de censure si Rondo of Blood était sorti sur une console Nintendo. Deuxième constat, c'est la première fois que Castlevania se paye le luxe de proposer des cinématiques, ce qui permettra à notre cher comte d'enfin prendre la parole et gagner en substance bien que cette histoire de sacrifice de vierge pour accéder à la résurrection s'avère pour le moins suspecte au niveau du lore (oui je sais, tout le monde se fout de l'histoire). Plus intéressant, le kidnapping de la bien-aimée de l'héritier Belmont qui, au-delà de s'appuyer sur un cliché bien connu du jeu vidéo, marque la volonté de Dracula d'affronter et accepter son funeste sort. C'est ainsi que la saga embrasse pleinement cette idée de cycles perpétuels héritée du Samsara, avec en son cœur ce conflit entre Bien et Mal illustré par la traque du chasseur et du vampire, ennemis jurés par la force du destin mais pourtant indissociables l'un de l'autre pour l'équilibre de ce monde. Le Yin, le Yang, toussa toussa…


Le Belmont de cet épisode se nomme Richter, héritier du précurseur de la saga Simon, et visiblement lui aussi atteint de climacophobie, cette mystérieuse mais bien réelle peur des escaliers que l'on ne savait jusqu'alors pas héréditaire. Plus connu pour son rôle à contre-emploi dans Symphony of the Night ou sa présence au casting de Super Smash Bros. Ultimate, c'est pourtant un jeune Richter au sommet de sa confiance que l'on découvre, en témoigne son arrivée mémorable à la barre d'une carriole lancée furieusement sous la pluie battante. Une fois en main, le jeune héros se démarque par une certaine robustesse, mais aussi par son incapacité à manier le fouet multidirectionnel introduit dans Super Castlevania IV deux ans plus tôt. Exit également la possibilité de se balancer avec son fouet tel Indiana Jones, compensé par l'arrivée d'un improbable salto arrière qui va naturellement de pair avec la dégaine de combattant de Virtua Fighter de Richter.


Des choix que l'on pourrait peut-être justifier par les limitations techniques de la PC Engine bien que n'étant pas spécialiste en la matière, je ne peux l'affirmer. Toujours est-il que ce retour à un gameplay moins agile et plus terre-à-terre permet une meilleure maîtrise de l'équilibre des forces entre les héros et ses opposants. Car il faut le dire, jamais les patterns ennemis n'avaient été aussi variés si bien que même un simple mob peut se retrouver avec plus de possibilités que la majorité des boss de la saga jusqu'ici. Des boss qui se démarquent aussi dans cet épisode avec une palette de mouvements étoffée, avec parfois des trouvailles un peu trollesques à l'image des attaques finales qui se révèlent finalement plus drôles que dangereuses. Le revers de ce maniement du fouet strictement à l'horizontal, c'est qu'il est évidemment moins aisé de viser un point précis de l'adversaire comme sa tête, ce qui rend également les ennemis volants bien plus agaçants. Mais cela donne aussi plus de pertinence à l'utilisation des armes secondaires, enrichie pour l'occasion par l'arrivée de la Bible, qui, sans prosélytisme aucun, est probablement la réponse à toutes vos questions.


Reste que cet épisode ne déroge en aucun cas à la tradition de la difficulté de la saga. Comme à l'accoutumée, le début de l'aventure se consomme comme un apéro, puis le challenge croît progressivement avant de franchir la barre du raisonnable dans les derniers segments (bien que n'atteignant jamais le craquage de slip de Castlevania III). Mais Rondo of Blood possède un atout dans sa manche que les autres n'ont pas : l'irrésistible Maria Renard. Complètement jouable à condition de la délivrer de son geôlier dans le niveau 2, elle est de loin le personnage le plus craqué de l'histoire de Castlevania. Elle en est aussi l'une des figures les plus intrigante, n'hésitant pas à changer radicalement de look voire de personnalité à chaque apparition même si d'aucuns préféreraient oublier sa présence presque gênante dans Castlevania Judgment.


Elle est ici une farce plutôt drôle de Konami qui nous propose un mode facile déguisé sous les traits d'une fillette de douze ans tout droit sortie d'un animé. C'est une totale opposition au statut de mâle-alpha du Belmont, un test à la virilité du gamer, un choix cornélien entre affronter la dureté de l'aventure avec Richter ou assumer sa faiblesse avec une héroïne en jupon qui utilisent des animaux magiques pour repousser ses assaillants. Elle est aussi une douce manière de réarpenter les alentours du château pour tenter d'en découvrir tous les secrets. Car après moult expérimentations plus ou moins fructueuses dans le level-design (Oui, Castlevania II, on se souvient…), la série trouve peut-être enfin la structure la plus jouissive pour un classicvania. Avec des embranchements permettant d'accéder à des niveaux alternatifs directement implémentés dans les niveaux d'origine, Rondo of Blood va d'une part densifier son contenu et donner un sens à la rejouabilité, mais d’autre part, permettre de transformer parfois une mauvaise chute en une bonne surprise.


Pour en revenir à Maria, il serait dommage de résumer sa présence à ses aptitudes au combat. Elle est aussi un symbole d'une liberté artistique totale, permise par une sortie plus confidentielle qui, à l'origine, ne devait pas dépasser les frontières du Japon. Avec elle, les horreurs qui peuplent ce monde gothique et ensanglanté n'ont plus la même couleur. Elle est à elle seule une caution d'accessibilité à une époque où ce concept demeurait encore quasiment étranger à l'industrie vidéoludique. Même son écran de Game Over nous devient sympathique avec ses allures bon enfant. Mais cela va encore plus loin lors des cinématiques, qui deviennent avec elle complètement décalée et absurde, le pinacle étant atteint lors de sa rencontre au sommet avec Dracula où la demoiselle balayera sans scrupules les tirades philosophiques du Maitre avec un « Pas la peine de parler pour rendre les choses plus complexes, un méchant est un méchant, je vais te mettre la raclée de ta vie et pis c'est tout » (Traduction non contractuelle). Priceless.


En définitif, Rondo of Blood représente autant l'apogée des classicvania que le fondement de la révolution qui sera plus tard amorcée par son grand frère Symphony of the Night. À eux deux, ils forment un diptyque mémorable qui offre à la fois deux versants de la saga, mais aussi un ensemble cohérent. Et forcément, quand on a connaissance des derniers épisodes sorties à l'heure actuelle, on se dit qu'un peu de cohérence dans ce grand bordel qu'est l'ensemble de la saga Castlevania mérite bien un voyage dans le passé.

LeMalin
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le 14 mai 2020

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