Temps de jeu : 20 heures
Reçu dans le Humble Monthly Bundle de Décembre 2015
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#51]

S'il n'a jamais vraiment disparu au fil du temps, force est de constater que le tactical RPG connaît depuis quelques années un regain de forme exceptionnel : Wargroove, The Banner Saga ou encore TINY METAL côtoient aujourd'hui les piliers du genre, désireux de s'installer durablement et de combler des fans longtemps délaissés. Encore loin d'être saturé comme les Metroidvania ou les rogue-like, le tactical RPG n'en demeure pas moins un terrain d'avenir pour de nombreux indépendants, à l'image de Brace Yourself Games (Crypt of the NecroDancer) et de son Industries of Titan. C'était également le cas de Behold Studio avec Chroma Squad, originellement paru en avril 2015 sur PC. Disponible sur le Nintendo eShop depuis le 1er août dernier au prix de 14,99 €, le titre plonge les joueurs dans un univers atypique : le milieu des Super Sentai, ces séries japonaises pour enfants mettant en scène une bande de héros protecteurs de la terre contre toute une ribambelle de monstres.

Force jaune devant-marron derrière !

Passionnés, mais épuisés, voilà des années que cinq cascadeurs jouent les doublures dans des séries de sentai. Las de vivre dans l'ombre des stars et d'un réalisateur préférant le profit à la créativité, la petite bande décide de tout abandonner pour créer leur propre studio et série. Ils y seront non seulement cascadeurs, mais également acteurs, réalisateurs et producteurs ! Dans un garage prêté par un proche et à l'aide de quelques cartons, bouts de ficelles et rubans adhésifs colorés, leur but premier est simple : s'amuser tout en proposant une œuvre divertissante et sincère. Rapidement jeté dans le feu de l'action, le joueur devra ainsi parcourir le titre à travers cinq saisons (ou chapitres), chacune d'entre elles se composant de plusieurs épisodes (ou missions). Des missions pouvant être elles-mêmes séquencées en deux ou trois parties. À la fin de chaque épisode tourné, une fois les résultats donnés, le joueur perçoit non seulement sa paie, mais aussi son nombre de téléspectateurs et de fans.

Des données importantes, puisqu'à la fin d'une saison, il faudra impérativement ne pas passer sous un nombre de fans précis. Ces mêmes fans serviront à booster encore plus l'audience de la série via un sponsor que le joueur choisira et paiera pour un ou trois épisodes. Un cercle vertueux qui demande tout de même de respecter à la lettre les objectifs secondaires de chaque épisode joué, véritables sources à fans. Cet aspect gestion, fourni sans être trop complexe, permet à Chroma Squad de rythmer à la perfection son aventure, au lieu de balancer des batailles ad nauseam à la face du joueur. Outre l'opération marketing, les cinq héros – qu'il faut choisir parmi une dizaine, tous possédants des bonus et malus passifs qui leur sont propres – devront également répondre aux mails (de fans, de publicitaires, de concurrents...), acheter et louer du matos pour leur studio d'enregistrement (ils permettent d'augmenter le nombre de fans potentiels par épisode, ou tout simplement d'augmenter les points de caractéristiques du groupe), ainsi que fabriquer ou acheter leurs propres armes et costumes.

« Pentacolor », parce que y a cinq couleurs primaires...

Sans être exceptionnelles, ces phases de jeu permettent de se poser et de se sentir un peu plus immergé dans le monde de la production audiovisuelle. Rien de très réaliste bien sûr, mais un ajout qui donne un peu plus de substance à un jeu qui s'apparente davantage à une lettre d'amour des Super Sentai. En plus du nom de ses acteurs, le joueur peut personnaliser le nom du studio, du mecha, le nom de l'attaque ultime, mais également le cri de ralliement pour revêtir le costume de justicier ! Malheureusement, en dehors de son aspect gestion, Chroma Squad a toutes les peines du monde à se montrer convaincant : la direction artistique est loin d'être somptueuse ; la bande-son elle, bien fichue, n'en reste pas moins très oubliable en dehors de son générique d'introduction ; malgré sa légèreté, le scénario – qui tente en vain d'être drôle – ennuie plus qu'il n'amuse ; enfin, les mécaniques de jeu et le level design manquent cruellement de profondeur.

Des combats dont tout le sel réside finalement dans les objectifs annexes (ne pas perdre un membre, battre tous les ennemis, toucher le boss à chaque tour...), tant le reste ne parvient jamais à proposer une once d'intérêt. Le bestiaire ? Réduit à peau de chagrin et souffrant de palette swap (réutilisation d'un élément graphique avec une palette de couleur différente). Les champs de bataille ? Vides de tout élément interactif et stratégique (comme des bois dans Fire Emblem, par exemple). Les environnements ? Peu nombreux et cruellement classiques. Il n'y a guère que les boss, variés et rigolos, qui parviennent à faire passer la pilule. Dommage, car chaque personnage peut utiliser son arme, user de techniques spéciales (à distance, en zone, de soins, etc.), mais aussi et surtout attaquer en groupe et se mouvoir pleinement à l'aide de ses amis, à la manière des sauts dans Mario + The Lapins Crétins : Kingdom Battle. Enfin, gros coup de cœur pour les duels de mecha, lesquels se jouent sur un mélange de précision et d'actions à délais de récupération. Quant à la difficulté, il existe quatre options pour – au choix – profiter de l'histoire ou s'imposer un gros challenge.

Verdict : Peut-être ?

Pas foncièrement mauvais dans ce qu'il propose, Chroma Squad peine surtout à tenir la distance. Plus les heures et les épisodes passent, plus le titre devient répétitif et sans surprise. Là où tout l'aspect gestion est à souligner tant il est agréable, celui des batailles manque cruellement d'ambition, lequel préfère se contenter de cartes vides et d'ennemis tous plus ou moins similaires. S'étalant sur un peu plus de douze heures en ligne droite et pour peu qu'on enchaîne les épisodes, on en ressort épuisé. Parfait pour des courtes sessions, il est également possible de se lancer dans un New Game Plus, lequel incorpore notamment de nouveaux boss. À ce prix-là, la durée de vie est honnête et le plaisir existant, notamment pour un premier tactical RPG. Toutefois, trop de tares dans le game design l'empêche d'être pleinement recommandable, surtout en comparaison des cadors du genre.

Créée

le 3 juil. 2022

Critique lue 124 fois

Kalimari

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