Civilization: Beyond Earth
6.5
Civilization: Beyond Earth

Jeu de Firaxis et 2K Games (2014PC)

Le patron du 4X délaisse notre bonne vieille Terre le temps d'un épisode un peu particulier pour se lancer à la conquête de l'espace. Beyond Earth fait suite à l'excellent Civilization V, dont il reprend la substantifique moelle. Firaxis nous offre-t-il le digne héritier d'Alpha Centauri ou une simple mise à jour boostée du cinquième opus ? La question mérite d'être posée.

Se détacher de l'histoire de l'humanité ne se fait pas sans heurts, et c'est le premier reproche que l'on peut adresser à Beyond Earth. Exit la présence conjuguée de Napoléon, Moctezuma, Bismarck, Gandhi et consorts qui, bien que parfaitement anachronique, apportait une véritable personnalité aux peuples incarnés dans Civilization. Ici, on devra choisir entre 8 sponsors fictifs (contre 18 peuples dans la version de base de Civ V) tels que l'Union Africaine, la Coopérative Panasiatique ou encore la Fédération Slave, dotés chacun d'un bonus différent, comme dans l'opus précédent ; contrairement à celui-ci, il n'y a ni unités ni bâtiments propres à chaque sponsor, ce qui appuie le manque regrettable de personnalité des factions. En revanche, le paramétrage des parties est plus souple, permettant de mieux personnaliser son approche en déterminant son type de colons (scientifiques, réfugiés, aristocrates, ingénieurs ou artistes et le bonus associé), de vaisseaux (détection des côtes, de ressources, des nids extraterrestres, plus grand choix pour installer sa première ville ou bonus d'énergie) et de cargaison (bâtiment/technologie/unité/population offerte au démarrage).

Outre le choix de sa faction, on détermine également sur quel type de planète on s'apprête à atterrir ; ce sera probablement là où Beyond Earth saura se distinguer, non ? Perdu. Si les choix présents dans Civ V sont toujours là (un seul grand continent / plusieurs continents / îles etc…), la variété des environnements laisse franchement à désirer, par rapport à ce qu'on aurait pu attendre d'un Civ libéré des contraintes terrestres. Idem pour les extra-terrestres qui viennent remplacer les barbares et empoisonner les débuts de partie ; si le premier contact est appréciable, le bestiaire limité (sept espèces) peine à passionner à moyen et long terme. Un constat similaire pour les ressources : six sont d'un intérêt capital, les autres sont carrément anecdotiques avec la disparition des ressources de luxe. Auparavant très importantes pour la gestion de la jauge de bonheur, ces dernières disparaissent en même temps que le bonheur, remplacé par une jauge de santé bien moins intéressante à gérer. Les six ressources intéressantes se divisent en deux catégories : le pétrole et le titane servent à la construction de satellites (assez anecdotiques eux aussi), et l'énergie géothermique est utilisée comme source énergétique à long terme. La seconde catégorie est plus intéressante et nous mène à l'une des principales qualités de ce Beyond Earth, le système d'affinités.

Inspirées des idéologies apparues dans l'extension Brave New World de Civ V, les affinités sont au cœur de Beyond Earth et influent grandement sur le gameplay. Elles sont au nombre de trois : Pureté (reproduction de l'humanité telle qu'elle était sur Terre), Suprématie (technologie et robotique) et Harmonie (intégration harmonieuse à l'écosystème de la planète). Chacune d'elles, dépendant d'une ressource stratégique spécifique, offre des unités, des bâtiments, des avantages particuliers et mène à un type de victoire au bout d'un fil de quêtes scénarisées. Sans forcément casser des briques, les quêtes permettent de rompre un peu la monotonie du jeu tout en offrant un fil conducteur à la partie. Un bon point.

Un autre bon point, conséquence directe du système d'affinités, est la refonte du système de technologies qui prend désormais la forme d'une toile. Très bordélique à première vue, elle est nettement moins linéaire que dans le précédent volet et permet donc de véritablement personnaliser son développement scientifique selon son orientation, évitant les templates trop figés du V.

Malgré des qualités certaines, Beyond Earth hérite également de quelques défauts de son grand frère. La diplomatie, par exemple, est toujours à la ramasse ; honteux pour un jeu de ce genre. Il faut également aller chercher dans les hauts niveaux de difficulté pour que l'IA se bouge un peu le popotin ; on aimerait la voir aussi vive sans être dotée d'avantages aussi conséquents. La disparition de la religion et des personnages illustres est également fort regrettable. Comme le V, Beyond Earth sort clairement incomplet ; il faudra bien quelques DLC pour que le jeu arrive à la hauteur de son potentiel, même si la perspective d'un digne héritier d'Alpha Centauri en a pris un sacré coup dans l'aile, notamment à cause d'un univers un peu fade et d'une direction artistique frileuse.

Si le bilan paraît sévère, c'est que les attentes sont en conséquence ; Beyond Earth reste un bon jeu, aux mécaniques de jeu parfaitement huilées, addictif et chronophage comme ses aînés ont pu l'être avant lui. Si vous aimez Civ et l'espace, foncez. Pour les autres, Civ V et sa palanquée d'extensions devrait faire l'affaire le temps que le contenu s'enrichisse.
Boobrito
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le 26 oct. 2014

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Boobrito

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