Alcatraz est un marine tout ce qu'il y a de plus banal et muet qui aime faire des virées en sous-marin avec ses potes. Mais voilà qu'en ce beau matin de printemps 2023 le sous-marin d'Alcatraz et de ses amis est coulé par on ne sait quoi, obligeant nos joyeux drilles à s'extraire de la coque en perdition. Une fois à la surface les enfers se déchaînent : New York est en feu, la troupe se fait tiré dessus, Mike a oublier les bières dans le frigo du sous-marin et, pire que tout, Alcatraz est laissé pour mort.
Et mort c'est ce qu'il serait sans l'intervention d'un certain Prophet, vaillant soldat portant une saillante combinaison en nano-lycra, une combinaison que ne tardera pas à revêtir Alcatraz. Débute alors un palpitant périple pour sauver la Grosse Pomme d'une menaçante menace.

Ainsi démarre Crysis 2, une courte introduction pour poser les bases du scénario et surtout justifier l'inénarrable tutorial/premier niveau pour apprendre à manipuler la nanosuit 2.0, véritable pivot du gameplay de nouveau FPS de Crytek.
Comme son aînée, la bien nommée nanosuit de Crysis 1, la nanosuit 2.0 permet en effet d'augmenter les capacités de combat de notre avatar. En 2007 on pouvait jongler entre 4 modes (armure, vitesse, force et camouflage optique) qui partageaient une même jauge d'énergie pour fonctionner.
En 2011 les choses sont légèrement différentes puisque seul le mode camouflage est resté en tant que tel.

Un mode camouflage encore plus efficace que par le passé car il permet de faire des stealth kills digne de rambo et qu'il dure incroyablement longtemps, même en marche normale. En sachant que, plus tard dans le jeu, on peut même supprimer nos bruits de pas ainsi que diminuer la quantité d'énergie nécessaire à son fonctionnement ce mode camouflage, aussi fun soit il, fleure quelque peu l'abus. un sentiment encore renforcé par la stupidité de l'IA qui peut voir une voiture voltiger à quelques centimètre d'elle sans s'en inquiété plus que ça.
Le mode armure n'est plus le mode "par défaut" de l'armure puisqu'il faut désormais l'activé et qu'il consomme de l'énergie même au repos (comprendre : lorsqu'on n'est pas touché par un tir ennemi). Un changement louable mais à la portée limitée car la barre de vie (invisible désormais) a été boostée en conséquence pour ne pas trop pénaliser le joueur. Résultat Alcatraz est assez résistant, même dans les modes autre que le mode armure, et cette option sera réservée aux moment rares moment où l'on affronte des ennemis particulièrement forts. Dommage donc qu'on ne soit plus pénalisé au niveau de la prise de risque lorsque l'on est par exemple en mode camouflage.
Les modes Force et Vitesse ont quand à eux été purement et simplement supprimés ! Et ouais, c'est la crysis, faut bien faire de économies.
Pour la force il en subsiste tout de même quelques traces à travers un double saut (en laissant appuyé le bouton correspondant) permettant d'atteindre des points inaccessibles au commun des mortels tel un cabri high-tech. Sans doute l'ajustement le plus appréciable de ce rabotage puisqu'on en vient à parcourir les différents étages des aires de jeu de façon assez naturelle et souple, offrant ainsi pas mal de possibilité de contourner et surprendre les ennemis de l'Amérique libre.
Une souplesse qui fait du bien tant la disparition du mode vitesse est préjudiciable et que le maniement de base du personnage est étonnement lourd (surtout qu'on n'avait pas du tout cette sensation dans le premier Crysis). Adieu les courses folles pour disparaitre du champs de bataille : Alcatraz est une tortue incapable de courir sans l'aide de sa combinaison. Désormais notre sprint consomme de l'énergie, beaucoup trop comparé au ridicule gain de vitesse qu'il procure. Seul intérêt de la manoeuvre : faire des glissades qui sont utiles environ 2 fois dans tout le jeu (pour tout dire je les ais découvertes par hasard dans l'avant-dernier niveau et jamais réutilisée après).

Mal équilibrée voilà ce que l'on pourrait dire de cette nouvelle version de la nanosuit, entre son camouflage abusé/abusif, son double saut grisant et ses autres fonctionnalités inutiles. Les sensations ne sont pas mauvaises pour autant puisque la partie shoot "pure" reste nerveuse et solide avec son lot de nouvelles armes bien trouvées tel ce fusil à micro-onde qui cuit les vilains dans leurs armures ou ce mini lance-missile portatif crachant les projectiles par 8, aussi imprécis que jouissif. Les sensations sont donc là mais au lieu de gagner en profondeur de jeu on se retrouve avec un gameplay finalement plus cloisonné qu'en 2007, ce qui est tout de même un problème gênant, vous en conviendrez.


Ce sentiment de régression ne se retrouve malheureusement pas qu'au niveau du gameplay puisque le level-design a subit lui aussi son lot d'ajustements pour le moins regrettables lorsque l'on a combattu la menace communiste dans la peau de Nomad ou de Psycho (les héros respectifs de Crysis et Crysis Warhead).
Les développeurs ont misé sur la verticalité de leurs arènes, une idée qui s'avère sympathique dans un premier temps puisque certaines arènes autorisent des transitions entre sous-sol/sol/étages assez nombreuse et rapides. Les possibilités tactiques offrent un vrai souffle à l'action, faire exploser un véhicule pour attirer l'adversaire à gauche pendant que l'on grimpe sur l'immeuble de droite pour leur tomber dessus est le genre de petit plaisir qui ne se refuse pas.
Ces arènes offrent donc une certaine liberté d'action mais elles restent tout de même d'une superficie restreinte (d'ailleurs elles ont quasiment toutes une entrée et une sortie unique) et sont entrecoupés de passages bien plus linéaires qui cassent un peu le trip.
De plus ces possibilités s'estompent au fur et à mesure de l'aventure pour ne se résumer qu'à "passer à droite" ,"passer à gauche", passer au centre" sur les derniers niveau où seul l'arrière plan possède encore de la verticalité.

L'autre grande victime de la construction couloir-arène-couloir est l'utilisation des véhicules. On se retrouve ici avec une poignée phases imposées et d'un intérêt limité. On devra ainsi subir une fuite dans un blindé au maniement atrocement lourd, une course rectiligne d'une quinzaine de secondes dans une jeep et même l'éternel moment de rail-shooting ultra scripté indispensable à tout "bon" FPS de 2011. Ne rêvez pas l'heure n'est plus aux ballades en bateau permettant de contourner la moité de la carte.


Crysis était particulièrement connu pour son moteur de jeu incroyable, permettant d'offrir des maps gigantesques aux milles effets époustouflants.
Crysis 2 est un jeu qui reste techniquement au dessus du lot, bien au dessus même : le niveau de détail, les effets et la finesse de l'ensemble flatte l'oeil du joueur PC (le joueur console sera un peu moins à la fête même si le titre reste plutôt joli). Cependant on ne retrouve pas la claque de Crysis, une performance technique qui avait mis la barre tellement haute qu'elle sert encore aujourd'hui de référence, même pour cette suite.
Il faut dire que le New York dévasté de Crysis 2 est plus statique et plus monotone que la luxuriante jungle insulaire de Crysis. Il est d'ailleurs surprenant que le moteur physique du jeu, que l'on voit à l'oeuvre au détour de quelques impressionnantes séquences scriptées, ne soit pas plus mis à contribution dans le gameplay, Adieu maison destructibles planches par planches, adieu végétation qui réagit à la moindre balle, adieu shoot theup improvisé avec les éléments du décor... tout au plus voit-on quelques murs qui s'effritent ou quelques véhicules que l'on peut déplacer.
Beau l'univers de crysis 2 l'est (surtout lors des niveaux de nuit, les jeux de lumières étant très travaillés) mais malheureusement il parait trop figé. Trop figé par rapport à son aîné, trop figé par rapport aux capacités tant vantés du Cry Engine 3, moteur développer spécialement pour le jeu.


Il faut bien dire qu'on a aussi un peu de mal à rentré dans cet univers à la narration faussement dense. Dans son infini bonté Crytek essaye d'offrir un scénario travaillé mais se prend le tapis en rendant une copie incroyablement brouillonne et poussive. Outre des liens quasiment absent avec l'origine de la franchise (les extra-terrestre différents, l'absence de rapport entre les évènement de Crysis et ceux de Crysis 2, le devenir de Nomad ou Psycho complètement occulté) l'histoire du jeu se perd dans des rebondissements prévisible (hihihihi je suis un traître) et des retournement de situations abscons (le comportement de Prophet en est le meilleur exemple). Un détail secondaire pour le plaisir de jeu, certes, mais embarrassant lorsqu'on subit des pompeuses cut-scenes, impossible à zapper de surcroît, à l'intérêt limité.


Les fanatiques pourront prolonger l'expérience en ligne. Si les bases du FPS online ne sont pas bouleversés l'apport de la nanosuit 2.0 rend le tout assez originale et fun, à défaut d'être véritablement équilibré. En effet, comme en solo, l'abus de camouflage pourra se révéler pénible lorsqu'utilisé par les sempiternels campers qui pensent que l'apogée du fun vidéo-ludique consiste à s'asseoir dans un coin et à abattre les autres dans le dos. Cependant les cartes étant relativement étroites ils ne restent pas cachés bien souvent.
Ces petits désagréments digérés on pourra se marrer dans des parties finalement bien bourrines, où les tirs partent souvent dans tous les sens. Pas franchement captivant sur le long terme le multi de Crysis 2 permet de se détendre sans trop se prendre la tête, de temps en temps, c'est toujours ça de pris.


Tel le lièvre trop sûr de son coup Crysis 2 part vite et fort mais s'essouffle en chemin. Certainement piégé par l'enjeu que représente l'arrivée de la licence sur console de salon Crytek rabote, simplifie et vulgarise son game design au lieu de le faire évoluer vers plus de profondeur et d'intérêt.
Que l'on ne s'y trompe pas le titre à ses qualités : des sensations de tirs nerveuses, quelques arènes où ont peu vraiment s'amuser en s'infiltrant de partout, une moteur de jeu solide, une durée de vie acceptable (une dizaine d'heures si j'en crois le compteur Steam) que l'effort de variété sur les décors font passer sans trop d'ennui et un multi rigolo pour couronner le tout.
Crysis 2 reste donc un jeu qui saura satisfaire son monde, surtout les néophytes de la franchise où ceux n'ayant que les couloirs gorgés de scripts de la concurrence comme références du genre. Cependant il reste nettement moins audacieux et moins réussi que son prédécesseur. En affinant le concept du premier volet Crysis 2 aurait pu être un excellent jeu, en l'état il n'est "qu'un" bon FPS : loin d'être honteux, bien meilleur même que beaucoup de concurents mais loin d'être renversant pour autant. Un bon produit mais qu'on oublie aussitôt le PC éteint.
Vnr-Herzog
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le 2 avr. 2011

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