DRIV3R
5.3
DRIV3R

Jeu de Reflections, Ubisoft, Mindscape et Atari, Inc. (2004PlayStation 2)

Bon. Mauvais. Les deux.
Tel était le slogan marketing de ce Driv3r, censé représenter le personnage de Tanner, et pourtant illustrant plus que jamais ce troisième opus. Malheureusement pour nous, joueurs, le titre tend plus vers le mauvais que vers le bon.

C'était en 2004. Moi, grand fan de la série depuis des années, j'attends avec une impatience fébrile ce nouvel opus. Attendu pour mars, finalement repoussé, je découpe des pages de magasines et m'en fait des posters pour m'aider à patienter. A mon anniversaire, je reçois enfin mon jeu, je bave comme un fou rien qu'en voyant la jaquette que je trouve toujours aussi classe aujourd'hui.

Que de souvenirs. Même à l'époque, je l'avais trouvé moins bon que les précédents, mais je ne pouvais que l'apprécier malgré tout. Quelle éclate dans ces trois villes ouvertes, reproduites avec grand soin ! Et puis surtout, jouer en France, à Nice, et foutre le bordel pour voir arriver nos voitures de police à nous... c'était assez excitant. Jouer à Driver, c'est toujours une petite part de voyage, de découverte de villes inconnues, aux ambiances différentes... l'occasion de voir les monuments, ou de découvrir comment sont les voitures, uniformes, sirènes ailleurs, pour se cultiver. Mais surtout, la principale source de fun est ce mode réalisateur qui nous permet de faire nos propres films. Déjà présent dans les précédents opus, véritablement amélioré dans celui-ci, je me souviens de nombreuses heures à "tourner" ma session de jeu, effectuer les actions les plus hollywoodienne possibles, puis à placer mes caméras comme je le souhaitais pour faire mon Michael Bay Junior. Quand on sait que les cinématiques in game du jeu sont réalisées avec ce même mode réalisateur, on se rend compte du potentiel ! (par contre, quand on sait que celles-ci sont nazes, ça refroidi, mais bon).

Evidemment, quand aujourd'hui je lance le jeu, ce n'est pas ce fun là que je recherche. Non, je recherche une aventure de Driver.
Et la claque est rude, la trace laissée sur la joue est loin de s'effacer, elle fait mal, elle est rouge, brûlante.

Pourtant tout commence bien, parfaitement même. Une très belle cinématique, surtout pour l'époque, une mise en scène excellente, une superbe utilisation des musiques, de l'action, le casting alléchant s'affichant à l'écran (Mickey Rourke, Michael Madsen, Michelle Rodriguez, Iggy Pop...), et soudain l'impensable : Tanner, le personnage principal, qui meurt à l'écran sur une table d'opération. Enfin, meurt-il ? Visiblement, on n'aura la réponse qu'à la fin du jeu. Une telle intro ne peut que donner envie.

La chute sera rude quand on découvrira que tout le potentiel est gâché petit à petit.
Driver, c'est avant tout un jeu de caisse, un jeu de course poursuite, on s'échappe, on traque, on dégomme. Au moins, les sensations de conduites sont au rendez-vous. La conduite se révélera moins arcade que celle d'un GTA, suffisamment technique pour s'améliorer avec de la maîtrise, mais assez simple pour pouvoir être prise en main par n'importe qui. La physique, sans être parfaite, est de qualité. On sent que les développeurs s'y connaissent en bolide.

Dommage que la conduite ne soit finalement que la moitié du jeu. Ce Driver porte très mal son nom, il aurait du s'appeler Shooter si on avait voulu être très honnête.
En effet, GTA 3 et Vice City étant passé par là, les développeurs (ou l'éditeur) se sont dit que maintenant les joueurs avaient envie de renverser les piétons, mitrailler tout le monde, et qu'il fallait intégrer tout ça.
Apparaissent alors des phases à pied, de shoot, particulièrement immonde. Et quand je dis immonde, je pèse mes mots. Elles feraient passer celles de Kane & Lynch pour Max Payne 3. Entre les sensations de tirs complètement nulles, la maniabilité effroyable, la visée misérable, le rythme inexistant, n'en jetez plus, on en a déjà assez... C'est sans parler de l'IA, qui est la plus mauvaise que j'ai vu à ce jour. C'est effarant. Les ennemis ne bougent pas, ils sont statiques, vous attendent gentiment et vous shootent quand vous êtes dans leur champ de vision. Et c'est TOUT. La plupart du temps ils ne nous voient pas, et alors on peut shooter tout le monde de loin sans que personne n'en ai rien à foutre.
Le pire étant tout de même que notre vie diminue très rapidement, et que certains passages blindés d'ennemis peuvent être assez difficile (rappelez-vous que la visée est misérable et la maniabilité effroyable, ce combo n'aide pas vraiment). Dans ces cas là, on meurt, et paf... retour au checkpoint... c'est à dire au début de la zone de shoot si vous êtes chanceux ou à l'autre bout de la map si vous l'êtes un peu moins.
Mais en toute honnêteté, à la fin du jeu on est tellement habitué à ces scènes nulles qu'elles se jouent avec un peu plus de plaisir. J'avoue en avoir même apprécié certaines, assez courtes, comme celle du souk d'Istanbul qui avait un décors plutôt sympa (mais bon objectivement c'était du TPS sans génie absolu).

Mais ne parlons plus des phases à pieds, car je pourrais encore dire que les animations sont à la ramasse et que... bref.
Si la conduite en elle-même est sympa, avec plus de 70 véhicules (dont des R5 !! Personnellement je trouve ça énorme!), les missions suivent-elles ? Le plus triste c'est que... pas vraiment. Le plus souvent la conduite va nous servir à aller à la zone de shoot et à s'en aller, et ne va que très rarement reposer sur nos performances de conducteur...
D'ailleurs, quid des courses poursuites endiablées avec la police ? Que nenni ! Il y en a à tout casser deux dans les missions. Triste. Tragique même. Les courses poursuites consisteront à soit poursuivre un ennemi, soit à détruire sa voiture en le shootant à la mitraillette. Des phases vraiment cools, techniques, difficiles (parfois trop, il y a toujours un certain problème d'équilibrage inhérent à la série), on galère mais au moins on joue à Driver, et du coup c'est bon ! Malheureusement, c'est beaucoup trop rare. Il n'y a donc pour ainsi dire, aucune inspiration dans les missions... Pour preuve, on aura même du recyclage d'une mission de Driver 2.

Le jeu a d'ailleurs lui-même honte des missions qu'il propose. A la fin de chaque mission, il va nous demander "es-tu sûr de vouloir passer à la mission suivante ?", l'air de dire " tu sais, la suite n'est pas plus glorieuse, tu ferais mieux de t'arrêter là".

Le scénario est assez simple, classique même: Tanner va s'infiltrer à South Beach, un gang de voleurs de voitures. Mais les choses ne se passeront pas toute comme prévu et... bref. Un scénario de film d'action, qui a au moins le mérite d'être très bien raconté grâce aux cinématiques et à la mise en scène dont je parlais précédemment. Malheureusement, celui-ci va trop vite, car le jeu est trop court. Seulement une vingtaine de missions, tout au plus, ça va très vite... mais au moins ça nous sort du calvaire rapidement. Si vous voulez une histoire d'infiltration, préférez lui mille fois Sleeping Dogs.

En un mot, Driv3r est un échec retentissant. L'équipe de Martin Edmunson avait la volonté de créer le meilleur Driver du monde, mais n'a pas réussi à relever le défi. A trop vouloir rajouter des trucs bonus tels que les bateaux, les motos, un petit panel d'armes, le développement s'est éternisé et est passé à côté de l'essentiel : la conduite, ce qui faisait la force de Driver. Avoir voulu surfer sur la vague GTA n'était pas une mauvaise idée en soi, bien utilisé ça aurait pu faire un jeu excellent, mais ils n'en avaient pas les capacités. Au final, les phases de shoot ruinent le jeu, les bugs sont légions et affligeants (des fois le personnage refuse de monter dans sa voiture... pratique, non ?), le jeu croule sous les imperfections et c'est ce qu'on retient.
Un constat bien triste, car les ambitions étaient honorables, la mise en scène et les cinématiques de grande qualité (malgré un charadesign peu inspiré, surtout pour Calita qui a vraiment une sale gueule), le choix des musiques véritablement excellent, et un vrai travail sur la physique des véhicules (pour l'époque).

Sans être complètement mauvais, Driv3r ne parvient pas à être un bon jeu malgré de bonnes missions finales qui m'ont fait monter ma note d'un point. J'ai énormément de regrets, car il aurait pu facilement être meilleur sans être excellent. Il échoue même à être fun à refaire si on est fan de la série, malgré une bonne volonté.

Tanner, avoue, ce n'est pas pour rien que ton coeur s'arrête au début du jeu, tu t'es suicidé pour ne pas assister à ton propre déclin. Mais rassures toi, en 2011 tu vas te réveiller et briller à nouveau. Sois patient.

Créée

le 10 nov. 2013

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