Dark Souls par Robert_Reynolds

J'ai acheté Dark Souls à sa sortie sur X-Box, j'y ai joué 2 heures, le temps d'arriver très péniblement au Minotaure, et d'abandonner. J'ai répété cette opération une fois par an, puis j'ai vendu le jeu, je l'ai racheté sur PC, et j'ai répété cette opération inlassablement. A chaque fois je détestais ça, aucun intérêt, jeu de merde, fais toi rouler dessus par un bus.

Ensuite j'ai fini Lords of the Fallen, qui est un clone où on contrôle un tank, et qui a des bases vaguement communes. J'ai appris à esquiver, à encaisser, et à perséver. C'est une mauvaise idée de comparer les deux jeux, mais pourtant c'est bien LotF qui m'a donné le coup de pouce dont j'avais besoin pour faire Dark Souls.
Bon, il n'a pas été seul. Je me suis fait aider par un ami qui avait retourné le jeu 15 fois et qui m'a montré "mais si, tu peux augmenter ton équipement, et change ton armure, voilà tu tapes plus fort et plus vite!". Hormis ça et une soluce pour certains moments, j'ai fait DS tout seul. Sans aide, sans PNJ qui vient taper les boss avec moi. Et j'en suis très fier.

Chaque joueur/joueuse aura son histoire avec Dark Souls, et son approche particulière. Pour moi, c'est peut-être bête mais ça m'a rappelé quand j'apprenais à skier. Moitié effrayé par la montagne et le vide, moitié fasciné, j'avançais encore, en serrant très fort les bâtons et en espérant pas finir dans le vide. DS est pareil, sauf qu'on finit dans le vide, empalé, brûlé, écrasé, électrocuté, bref, on en chie. Le jeu est difficile, oui, mais pas souvent injuste. Hormis des problèmes de caméras par moments, et des hitboxes qui parfois décident de vous chier ouvertement dessus, si on meurt, c'est de notre faute.

Et quand il décide de nous donner de l'amour, Dark Souls le fait avec une générosité malsaine. Que ça soit en nous valorisant quand on a ENFIN compris comment ça marche, en nous fracassant la rétine avec un décor, ou en nous permettant d'accomplir des actions impensables au début du jeu, il fait autant de bien qu'il nous a tabassé. Une fois passé le cap de difficulté quasi-insurmontable d'O&S (qu'ils aillent bien se faire foutre) le jeu devient beaucoup plus facile, presque trop jusqu'à la fin. On perd le côté "petit enfant perdu dans la montagne" et on se transforme progressivement en demi-dieu, même si on nous rappelle de temps en temps qu'on a commencé tout en bas et qu'on peut y retourner. La Tombe des Géants, nique toi bien aussi.

Dark Souls est devenu un de mes jeux préférés, parce qu'il a su plus qu'aucun autre me donner de l'amour et de l'estime. Réussir à enfin massacrer ce boss après trois heures à se faire éclater, c'est jouissif. Trouver ce raccourci qui lie toutes les zones entre elles et montrent la richesse et la construction parfaite du jeu, c'est beau. Qu'on nous rappelle après dix heures à se la péter qu'on peut se prendre une grosse fessée par un boss, c'est douloureux mais ça passe.

Je pense qu'aucun autre jeu que Dark Souls me fera retrouver la montagne de mon enfance. J'avance gaiement dans le 2 qui est un excellent jeu mais une suite ratée, et je suis très triste. Je n'aurai plus jamais peur du moindre escalier, plus jamais l'envie de m'arrêter devant un décor pour admirer, plus jamais des heures à passer sur un wikipedia pour comprendre cette saleté d'univers. Le jeu pourra parfaitement ne pas plaire, sans même prendre en compte sa difficulté de gros coquin. C'est un jeu archaïque à certains égards (ses menus de merde, ses bugs et autre caméra merdique), mais qui se rattrape sur tout le reste. C'est certainement le jeu parfait pour moi, malgré ses défauts qui vous sautent à la figure par moments.