Darksiders
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Darksiders

Jeu de Vigil Games, Nordic Games et THQ (2010Xbox 360)

S'il y a bien un genre de jeu dans lequel il est difficile de trouver sa place, c'est bien celui des jeux d'action/aventure façon beat'em all en 3D et à la troisième personne. Le genre est en effet dominé par les mastodontes que sont Devil May Cry ou encore God of War, à tel point que presque n'importe quel jeu reprenant ce genre sera accusé de plagiat envers l'un ou l'autre des titres. C'est pourtant bel et bien l'expérience de jeu que propose Darksiders, malgré les retards à répétition qu'il a subi durant son développement.
Est-ce alors la nouvelle référence du beat'em all 3D ou bien un autre ersatz honteux des précédentes sagas citées auparavant, méritant rien de plus que l'Enfer ?
Préparez vous chers lecteurs, l'Apocalypse est proche !

La Guerre ne meurt jamais...

Le soft nous propose d'incarner War (ou Guerre selon notre version française intégralement traduite...) qui débarque au plein milieu d'une bataille féroce entre les forces célestes (celles du Paradis, si vous voulez) et les forces démoniaques du Destructeur. Pour autant, l'arrivée de War semble être une anomalie, puisque ce dernier débarque seul alors qu'il était censé arriver avec ses trois autres compères. De plus, il semble que les sceaux créés après la première bataille entre les Cieux et les Enfers et censés maintenir l'équilibre entre le royaume des Cieux, celui des Hommes et celui des Enfers avant la grande guerre entre ces derniers n'ont pas été brisés, ce qui ne nécessitait donc pas l'intervention de War. Pour autant, le royaume des Hommes se retrouve impuissant devant ce conflit titanesque et finit par être détruit. War est accusé d'avoir agi à tort par le Conseil et d'avoir précipité la fin du royaume des Hommes, alors qu'il était garant de l'équilibre entre les royaumes. Mais War propose de se racheter en retrouvant les coupables de ce complot contre lui et d'anéantir le Destructeur qui a conquis le royaume des Hommes, ce qu'accepte le Conseil mais en le surveillant de près grâce (ou à cause!) d'un esprit censé guider et contrôler War durant sa quête, ce dernier étant en plus de cela privé d'une grande partie de ses pouvoirs. Sa quête l'amènera à pourfendre les élus du Destructeur avant de pouvoir atteindre son objectif.

Autant le dire, nous avons le droit à un récit épique rempli de références bibliques et efficacement mis en scène avec Darksiders. Si dans les premiers instants on peut penser que le récit est teinté de classicisme, force est de constater qu'il est vraiment bien narré et que les rebondissements ne manquent pas durant les diverses péripéties de War, si bien que le récit nous emporte aisément dans son univers, même si celui-ci n'apporte rien de révolutionnaire.
Mais ce récit aussi efficace comporte un bémol de taille, puisqu'en effet la toute fin du jeu ne fait office que de teaser pour des éventuelles suites, ce qui reste fort dommage car on reste sur notre faim et dans l'espoir que les autres volets d'une éventuelle saga pourront nous éclairer sur la suite de l'histoire, et ce d'autant plus qu'actuellement l'éditeur THQ a fait faillite et que personne n'a racheté la licence Darksiders. Aurons-nous ces suites tant espérées ? L'avenir nous le dira !

L’Apocalypse vous va si bien !

Comme vous l'avez compris, Darksiders nous propose une histoire véritablement épique. Et celle-ci est d'autant mieux servie par ses graphismes. Certes, ces derniers révèlent par endroits de l'aliasing et du tearing assez dommageables. De plus, on note parfois des temps de chargement qui interviennent ici et là et même des bugs de collision qui nous poussent à recharger notre dernière sauvegarde. Mais premièrement, il faut avouer que la variété des décors est là : villes détruites, désert, plaines, lacs... tout est là pour dépayser le joueur ! De plus, l'animation des personnages n'est pas en reste puisque les mouvements de War sont fluides, aussi bien durant les cinématiques que pendant les phases de combat, le constat valant également pour les autres personnages rencontrés, qu'ils soient amis ou ennemis. Enfin, nous avons le droit à un chara-design de qualité, pour peu que l'on adhère à la patte graphique de Joe Madureira, dessinateur de comics notamment connu pour son travail sur la saga Uncanny X-Men chez Marvel. Si tel est le cas, on y verra des personnages stylisés avec une vraie « personnalité visuelle » qui correspond bien au dessin de Madureira et qui colle parfaitement avec l'ambiance épique de Darksiders. On peut donc dire que la direction artistique est ici au rendez-vous !

La bande-son sert d'autant plus l'aspect spectaculaire du soft. Dès l'écran-titre, c'est une musique que l'on pourrait qualifier d'épique qui vient nous accueillir et qui nous met directement dans le bain. Et les musiques dans le jeu ne sont pas en reste, puisqu'on a également le droit à des musiques symphoniques qui viennent illustrer nos féroces combats de la plus belle des manières. Et même les (nombreuses) énigmes sont illustrées par quelques pistes sonores qui viennent souligner notre progression dans une énigme ou un puzzle lorsqu'on enclenche un élément nécessaire à sa résolution ou quand on résout ce casse-tête de manière définitive.
Pour les voix, le jeu ne nous laisse pas le choix : ce sera voix françaises pour tout le monde ! Pour autant, il s'avère que les voix françaises sont loin d'être ridicules, même si la traduction intégrale en français révèle quelques soucis, dont le plus important est de traduire littéralement le nom du personnage principal, même si là ça reste clairement subjectif. Mais à part ça, les voix françaises sont clairement audibles et les doubleurs réalisent un bon travail.

Une véritable machine, ce Guerre !

Pour ce qui est du gameplay, on retrouve tout ce que fait le sel des beat'em all 3D et divers emprunts à quelques titres clés du genre. Ainsi, à vous les séquences d'attaque et d'esquives si chères à ce type de jeu. Mais Darksiders ne se contente pas de faire un bête copier-coller de ce gameplay, puisque celui révèle en effet ses spécificités. En effet, là où la plupart des titres du genre proposent simplement un bouton d'attaque normale et un bouton d'attaque puissante, Darksiders propose une touche pour chaque arme. Dans la version Xbox 360 ici testée, le bouton X vous permettra d'attaquer avec l'épée de War, tandis que la touche Y vous permettra d'attaquer avec une autre arme parmi deux disponibles (l'une à acheter, l'autre à trouver plus tard dans le jeu), ce qui permet de varier ses combos de fort belle manière en jonglant entre les armes. Le bouton B vous permettra également de procéder à une exécution de votre adversaire une fois le dit bouton affiché au-dessus de sa tête, ou de manière immédiate pour les ennemis faibles, cette exécution vous gratifiant d'un nombre et d'une variété différente d'âmes (ce sur quoi nous allons revenir plus tard). Avec la gâchette droite de votre manette, vous pouvez vous servir d'un certain nombre d'outils ou armes secondaires à trouver pendant votre aventure et pouvant s'avérer utile lors des combats ou pour les énigmes que vous rencontrerez durant votre progression. La liste de ces armes ou outils secondaires s'avère assez varié : de la corne de brume au pistolet en passant par le « Couloir du Néant » qui ne sera pas sans vous rappelez Portal, il y en a pour tous les goûts et toutes les situations. Il est également possible de « locker » un adversaire avec le bouton LT afin de garder un oeil sur un adversaire, et de lui tourner autour ou l'esquiver avec la touche RB. Vous pouvez lancer des sorts dévastateurs en pressant la touche LB + A, B ou X ou alors utiliser un objet en pressant LB + Y, mais à vous d'attribuer par la suite le raccourci pour tel sort. Passé un certain moment du jeu, vous pourrez également utiliser la forme Chaos de War en pressant sur les touches LT et RB, ce qui augmentera sa force et le rendra invincible pendant un certain temps. Enfin, il vous sera possible à partir d'un certain moment du jeu de chevaucher Ruine, la monture de War, en pressant simultanément les boutons LB et RB, ce qui vous permettra d'aller plus vite et d'augmenter la puissance de vos attaques de mêlée.

On peut donc remarquer que ce ne sont pas les possibilités qui manquent pour fracasser du démon ou les forces des cieux, et en effet vous pouvez vous adonner à des combos véritablement dantesques si vous arrivez à manier ces différents outils de fort belle manière. De plus, il n'y a pas de souci particulier à remarquer pendant les phases de plate-formes ou d'escalade, et les commandes se montrent la plupart du temps réactives malgré parfois la commande de saut qui ne répond pas. Et il se paye même le luxe de varier ses expériences, car on aura le droit à quelques séances de shoot'em up avec une (longue!) séquence sur le dos d'une bête ailée ou encore en empruntant les pétoires de certains ennemis. Pour autant, il n'est pas irréprochable. D'abord concernant les armes et outils secondaires, on ne peut en attribuer que trois à la fois, sauf que la plupart d'entre eux seront utiles durant tout le jeu, or par conséquent on se retrouve obligé d'aller dans son inventaire, d'attribuer l'outil ou arme en question, puis le sélectionner grâce aux BMD, ce qui peut s'avérer fastidieux. Par conséquent, une roue de sélection aurait été la bienvenue. De plus, la visée pour certains armes (shuriken et pistolet notamment) s'avère assez délicate à gérer. Mais le gros point noir du gameplay, c'est sa caméra. Comme souvent dans ce genre de jeu, Darksiders n'échappe pas à la règle et offre parfois des angles de caméra assez douteux et fort peu pratiques, que ce soit en combat ou pendant ces phases d'exploration et de plate-forme. Avec de l'habitude, on parvient à gérer tant bien que mal cette caméra, mais une touche pour la recadrer n'aurait pas été de trop !

Vos âmes sont à moi !

Si vous pouvez trouver la plupart des armes au fil de votre progression, il va vous falloir passer à la caisse pour acheter certaines upgrades, des sorts et des objets. Et le marchant du coin ici, c'est Vulgrim, un démon qui vous ne laissera profiter de ses marchandises qu'en échange d'âmes. Car oui la monnaie dans Darksiders, ce sont des âmes, et plus précisément des âmes bleues puisqu'il en existe plusieurs types dans le jeu. Donc, ces âmes bleues vous permettront d'acheter nouvelles attaques, améliorations, sorts ou objets. Pour autant, tout ne s'achète pas nécessairement dans Darksiders, par exemple vous ne pouvez augmenter votre barre de santé qu'en tuant des boss ou en trouvant des fragments de pierres de santé, ou pour certains bonus pouvant être attribués à vos armes principales. A côté de ces âmes bleues, vous avez les âmes vertes qui sont là pour vous redonner de la santé et les âmes jaunes qui servent à remonter la barre de courroux, c'est-à-dire l'énergie nécessaire pour utiliser vos sorts.

Pour trouver ces âmes, vous avez principalement deux solutions : soit vous dézinguer vos ennemis sans pitié de manière à récolter le plus d'âmes possibles, soit vous les trouvez dans des coffres disséminés un peu partout dans le jeu, cette dernière option s'avérant souvent la plus rentable. Or, si les coffres d'âmes vertes et de courroux se trouvent relativement facilement car situés à des endroits stratégiques (après un combat, avant un affrontement avec un boss...), les coffres d'âmes bleues sont mieux cachés. Mais pour remédier à cela, il vous sera possible d'acquérir un objet dans une zone donnée vous permettant d'afficher les emplacements de tous les coffres. Sinon, vous pouvez aussi bien vous lancer dans la recherche d'artefacts que Vulgrim convoite, en effet si vous les retrouvez vous pourrez les échanger avec ce dernier contre un certain montant d'âmes, selon la rareté de l'artefact. Pareil, l'emplacement de ces artefacts peut être révélé grâce au même objet indiquant la position des coffres.
Toutes les voies sont donc possibles pour faire fortune !

Chroniques d'une épopée apocalyptique

Le monde du jeu est divisé en neuf zones, dont certaines sont agrémentées d'un boss à la fin de votre progression, parmi les cinq élus du Destructeur plus le Destructeur lui-même. Mais après avoir tué le boss d'une zone, rien ne vous empêche d'y retourner pour trouver des objets que vous n'aviez pas trouvé ou qui étaient auparavant inaccessibles, faute de ne pas avoir l'arme ou le pouvoir nécessaire pour franchir certaines zones. Et force est de constater qu'il y a pas mal de choses à trouver, entre les améliorations que vous pouvez équiper sur vos armes ou les morceaux de l'armure abyssale à trouver, cette dernière vous permettant d'être plus résistant et de régénérer une partie de votre santé lorsque vous infligez des dégâts.

De ce fait, le jeu offre une durée de vie assez conséquente puisque vous en aurez pour au moins une quinzaine d'heures, voire une vingtaine d'heures si vous voulez absolument tout trouver et tout explorer. Une telle durée de vie est certes louable, mais pas mal d'éléments viennent augmenter assez artificiellement celle-ci. Pour commencer, les énigmes et puzzles se font bien présents dans le jeu, voire peut-être un peu trop au détriment des combats et cassent assez souvent le rythme de votre progression. De plus, la dernière mission du jeu avant le boss final vous demandera d'aller explorer les différents coins de la map, ce qui peut s'avérer fastidieux et laborieux, même si cela peut-être l'occasion de revenir sur des endroits auparavant inaccessibles. Même chose pour la séquence de shoot'em up à dos de bête ailée qui est trop longue pour être appréciée à sa juste valeur. Cela mis de côté, on pourrait regretter l'absence d'un mode New Game + qui aurait pu nous permettre de revenir sur le jeu et de le compléter sans avoir à se retaper l'intégralité du jeu.
Quant à la difficulté du jeu en elle-même, elle est bien présente, mais sans être rebutante pour autant. Si certains combats contre les boss pourront vous poser quelques problèmes, il vous suffira le plus souvent d'analyser leurs patterns pour trouver la technique adéquate pour les vaincre. Et plus vous progresserez dans le jeu, plus votre personnage sera puissant et sera à même de vaincre ses adversaires les plus coriaces. Autrement dit, rien de compliqué si vous prenez le temps de bien améliorer votre personnage, ce qui permettra de mieux profiter de ce bon jeu !

Conclusion : En dépit de problèmes de caméra, d'énigmes parfois rébarbatives, d'une durée de vie artificiellement rallongée par moments et une conclusion faisant office de teasing pour de potentielles suites, Darksiders s'avère être bien plus qu'un simple ersatz de God of War grâce notamment à sa propre identité graphique, sa bonne mise en scène et sa durée de vie appréciable pour un jeu du genre. En définitive, une bonne alternative face aux titres phares de ce type de productions vidéoludiques !

Créée

le 17 juin 2014

Critique lue 293 fois

Lightstar

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