Darksiders II par Iblis

L'auteur de comics Joe Madureira et son studio Vigil Games avaient su laisser en 2010 leur empreinte dans le monde vidéoludique avec le premier Darksiders qui mettait en scène War, l'un des quatre cavaliers de l'Apocalypse. À mi-chemin entre un The Legend of Zelda et un God of War, le soft a su impressionner la presse et les gamers qui en ont redemandé tant le titre avait été jugé épique malgré ses petites imperfections. Du coup, le studio nous balance en 2012 un Darksiders II à la fois proche et éloigné de son aîné pour bien des raisons. Alors la question est : quel est le meilleur opus entre les deux ?

La première chose notable entre les deux jeux est bien évidemment le changement de personnage : on passe ainsi du bourrin War à son apocalyptique frangin qu'est Death (on notera que contrairement au premier opus, les noms n'ont pas été traduits dans la version française). Mais pourquoi la Faucheuse lui succède-t-elle ? Tout simplement parce que son périple ne se déroule pas après les aventures de War, mais plutôt parallèlement. Le jeu commence donc juste après que le Cavalier du premier Darksiders ait été jugé par le Conseil Ardent pour avoir apparemment déclanché l'Apocalypse sur Terre alors que le temps n'était pas encore venu. Bien évidemment, War est innocent et si vous avez terminé son périple vous devez avoir découvert une partie du complot qui se trame... Bref, vous en découvrirez un peu plus via l'aventure de Death qui aura à la base pour but d'innocenter son frère pris dans une guerre entre Anges et Démons. Au final, ce nouveau Cavalier aura une double-tâche puisqu'il devra également sauver plusieurs mondes pour atteindre son but, ce qui servira également de prétexte pour balader Death dans divers donjons. C'est là une des faiblesses du jeu d'ailleurs, puisque notre héros se verra obligé de se faire mener par le bout du nez tout ça pour venir au secours de son frère.

Mais si l'histoire est assez mise en retrait, beaucoup d'autres choses compensent cela. Contrairement à War, Death opte pour la rapidité et l'agilité plus que sur la puissance pure. Ainsi, là où son frangin pouvait bloquer les attaques ennemies, lui se contentera d'esquiver avec classe avant de contre-attaquer et d'effectuer un combo de taré. Ici, plus d'épée en arme principale mais, comme on s'en doute à l'évocation de Death, une faux énorme qui peut se séparer en deux plus petites si l'on souhaite attaquer plus rapidement au détriment de la force. Là où la différence se fait vraiment sentir avec le premier opus, c'est que cette fois-ci notre personnage ne possède pas une arme fixe et peut en effet récupérer des tas d'équipement divers et variés pour le customiser : diverses faux en armes principales, mais également des tas d'armes secondaires comme des massues, des lances, des haches, des boucliers, etc. Death pourra également porter des talismans, des bottes, épaulettes ou autres qui non seulement changeront son apparence dans le jeu, mais auront des répercussions sur ses statisques d'attaque, de magie, défense et plein d'autres choses encore. Au fur et à mesure que l'on tabassera du monstre et que l'on effectuera des quêtes, Death montera de niveau et pourra se choisir à chaque fois une nouvelle compétence ou en améliorer une déjà acquise. On remarquera que Vigil Games a donc choisi d'ajouter aux aspects Action, Aventure et Beat'em All du premier opus quelques autres genres vidéoludiques en empruntant ici et là des éléments de RPG et de Hack'n Slash. Ne vous inquiétez pas, ils ont fait du bon boulot et de ce mix des genres en ressort simplement un gameplay bien plus complet et passionnant que dans Darksiders premier du nom.

On retrouvera cependant des similitudes avec les compétences de War évidemment, comme la possibilité d'invoquer son cheval qui n'est plus Ruin mais Despair. Ce dernier sera disponible dès le début de l'aventure ; pour preuve vous la commencerez sur son dos, rien que ça ! Cependant ce dernier ne sera pas utilisable partout (ce serait trop simple sinon) et ne vous servira pas à grand-chose si ce n'est vous déplacer plus vite, encore heureux. À part ça, tout comme Death, ce Cavalier pourra effectuer des finish moves impressionnants et pourra invoquer sa forme Apocalyptique. Si War se transformait en une bête de flammes gigantesques, Death prendra une forme proche de celle que nous connaissons comme la faucheuse (jetez un oeil plus bas, vous m'en direz des nouvelles). Cette transformation ne durera à chaque fois qu'une dizaine de secondes mais ce sera plus que suffisant pour changer la donne d'un combat en votre défaveur par exemple. Death parcourra divers donjons avec chacun leurs énigmes sympathiques et pas insurmontables, affrontera de nombreux boss pouvant être de taille humaine ou bien titanesques. On notera cependant avec joie que pour Darksiders II, les développeurs ont inclus de nombreux donjons et boss annexes dont on se fera un plaisir d'aller au moins y jeter un oeil. Sachez que ces missions en marge de l'aventure principale auront pour effet de vous rapporter d'importants butins pour rendre Death plus cheaté que jamais, et tant mieux.

En plus de son gameplay de qualité, Darksiders II a la chance de posséder un design et une ambiance de qualité. Il faut dire qu'avec Joe Madureira à la tête de Vigil Games, la série ne pouvait que bien s'en sortir. Connu pour avoir bossé sur diverses séries de comics dont les X-Men, on ressent ici la patte graphique des comics américains basés sur la Dark Fantasy notamment dans le design des personnages. Si les aventures de War se déroulaient sur Terre après l'Apocalypse, Death n'y posera point pied mais se baladera dans divers mondes transcendant l'humanité. Adieu donc les villes américaines modernes en ruine, bonjour les décors fantastiques et variés avec chacun ses peuples et ses bad-guys qui leur sont propres. Death parcourra quatre mondes distincts et surtout énormes, j'en veux pour preuve que chacun d'entre eux aura la taille de la map du premier opus, rien que ça ! Mais ne vous inquiétez pas, vous pourrez vous téléporter à volonté dans divers lieux-clés de chaque monde en quelques secondes, histoire de ne pas se farcir des minutes de galopades inutiles à dos de Despair. Et le corbeau Dust sera toujours dans le coin pour vous guider si jamais vous êtes perdus en chemin, pas d'inquiétude. En outre, notre Faucheuse croisera la route de certains personnages déjà vus avec War, comme le marchand Vulgrim ou le Démon Samael pour ne citer qu'eux, et bien sûr des clins d'oeil au premier opus seront dissimulés à divers moments de votre aventure.

Côté sonore, on peut dire que la plupart des doubleurs français ont fait du bon boulot, même si certains personnages possèdent un petit côté cliché pas franchement dérangeant. Au pire des cas, rien ne vous empêchera de passer au doublage américain, bande de galopins. La bande-son quant à elle fait bien son boulot avec des accompagnements sonores qui collent parfaitement à l'action et l'ambiance de chaque lieu, et saura se montrer épique lors d'affrontements qui le seront tout autant. Finissons comme des malpropres sur les quelques défauts qui viennent ternir les nombreuses qualités de Darksiders II. Ainsi, si le titre possède un caractère graphique bien à lui, on sera cependant déçu que le jeu ne soit finalement pas aussi beau que ce que l'on a pu voir sur les premiers screens (comme celui ci-dessus par exemple). Nous n'aurons pas non plus le droit à de superbes cinématiques en images de synthèse comme ce que l'on a pu voir dans divers trailers, et certaines cinématiques (notamment l'intro et lorsque l'on passe d'un monde à un autre pour la première fois) seront simplement des genres de dessins sur grimoires avec quelques animations par-ci par-là. Rien de bien gênant cela-dit, même si on en espérait plus aux vues des bandes-annonces. Sinon, le jeu possèdera quelques rares baisses de framerate durant les phases de combats où Death sera submergé d'ennemis que vous vous ferez un plaisir de démolir.


Pour résumer...

Les plus...

* Un excellent mix de genres vidéoludiques
* Graphiquement classe et varié, c'est de l'art !
* Nombreux boss, donjons et quêtes annexes
* On ne s'ennuie jamais, ou presque
* La customisation très poussée de Death et de son équipement


Les moins...

* Le scénario trop peu mis en avant
* Quelques (très rares) baisses de framerate
* Despair, le cheval de Death, sympa mais pas très utile
* Comme pour le premier opus, la fin nous laisse sur notre faim


Bref, si l'on est indulgent sur ses quelques défauts et surtout que l'on a aimé le premier opus, Darksiders II se révèlera être l'un des meilleurs jeux de l'année et une très bonne suite aux aventures de War, même si plus de questions encore nous tourmenteront à la fin de ce périple, plus que l'on en aura résolu en tout cas. Le soft se démarque notamment grâce à son habile mélange entre les genres, ajoutant un peu de RPG et de Hack'n Slash dans la série. Death ne ressemble pas vraiment à son frère mais possède tout autant de charisme que lui et évolue dans des mondes à l'ambiance fantastique, superbe. Tout cela couplé à un gameplay qui fait largement ses preuves, il serait fou de ne pas prévoir dans son agenda vidéoludique une petite place pour le titre de Vigil Games... En tout cas, on a hâte de voir la suite !