Dans la cour de récré de mon école primaire, les copains et moi on s'échangeait tout plein de jeux entre deux parties d'épervier et une lecture d'un livre dont Vous êtes le Héros. C'est ainsi que, alors heureux détenteur d'une GameBoy Advance flambant neuve, j'ai pu mettre la main sur les Castlevania GBA (et tout particulièrement Arya Of Sorrow, mon petit favori), de véritables petites bombes qui ont su relancer la franchise en opérant un savant mélange de RPG et de Metroidvania. Malgré un certain degré de difficulté, on y retournait avec plaisir et détermination, on apprenait petit à petit les subtilités du gameplay jusqu'à parvenir finalement à rosser Dracula dans les règles de l'art (pour s'apercevoir qu'en fait, il y'a un true last boss planqué quelque part, et donc rebelotte). Cette satisfaction particulière, cette sensation d'accomplissement, c'est bien dans les jeux qui proposent une difficulté sévère mais graduelle qu'on la retrouve : à titre d'exemple récent, on peut citer la série des Souls qu'on ne présente plus, mais également un genre à part entière dont le principe même réside dans le fait de recommencer encore et encore tout en apprenant de ses erreurs et en tentant tant bien que mal d'aller le plus loin possible, débloquant au passage de nouveaux items qui permettront de multiplier (ou pas) les chances de réussite de la prochaine partie (on dit "une run" si vous êtes un/e vrai/e) : Le Rogue-Like ! Ses illustres représentants sont légion : The Binding Of Isaac : Rebirth en tête, mais aussi Risk of Rain, Don't Starve, Darkest Dungeon, Spelunky, la liste est longue. Et c'est donc dans ce genre-là que Dead Cells s'inscrit ou plutôt, souhaite s'inscrire : le jeu est en accès anticipé, ce qui sous-entend que tout ce qui pourra être dit sur lui est amené à évoluer.


Un point commun déjà avec les Souls : le scénario est cryptique (certains diront inexistant, difficile de leur donner tort) : vous incarnez un corps inanimé et décapité dont une étrange boule de mélasse verte (une Cell ?) prend possession à chaque début de run. Et puis voilà, y'a plus qu'a ! De toute façon, les (très) rares pnjs qui vous adresseront la parole n'ont pas l'air d'en savoir franchement plus que vous. Et c'est franchement pas bien grave, car c'est plus à travers sa direction artistique et sa B.O. (mention spéciale à celle de la première zone, qui donne bien envie de repartir pour un tour) que Dead Cells distille son ambiance, entre solitude et adversité.


Venons-en finalement à ce qui donne tout son intérêt au jeu : son gameplay. Basiquement, le joueur peut esquiver et sauter deux fois de suite. Il dispose d'une barre de vie, de deux slots d'armes (épées, boucliers, sorts et autres armes de jet), de deux autres de techniques (bombes, tourelles et autres compétences actives) et d'un dernier réservé à un équipement passif (réduction de dégâts, amélioration du saut, etc). Ces items, vous les trouverez aléatoirement dans des coffres (attention, certains sont maudits !), sur des mobs, dans des magasins moyennant votre oseille ou encore au pif, comme ça, posés dans une salle à laquelle on ne peut accéder qu'après avoir vaincu certains boss (du metroidvania on vous dit !). Vous trouverez également des parchemins de puissance qui augmenteront vos points de vie, les dégats de vos armes ou les dégats et les cooldowns de vos techniques. Enfin, vous récupèrerez parfois des schémas débloquant de nouveaux items pour vos prochaines runs : un pnj vous attendront à la fin de chaque niveau pour vous permettre de les débloquer ou d'améliorer les items déjà obtenus, moyennant des cellules que vous looterez sur chaque ennemi tué.
Voilà tout ce que vous aurez en main pour tenter de passer progressivement les niveaux, et autant vous dire que ce ne sera pas de la tarte : les ennemis, bien qu'encore peu nombreux, disposent tous de leurs propres patterns (mouvements et attaque récurrentes) qu'il faudra apprendre sous peine de se manger une grosse roustre ainsi qu'une une perte significative de points de vie. Cependant, le gameplay se prend en main avec une rapidité exemplaire, très vite on s'amuse à sauter de plateforme en plateforme en calant une esquive entre chaque saut, et c'est très satisfaisant ! Certains items vous plairont plus que d'autres, d'autant que certains se synergisent particulièrement bien ensembles. Et bien que la mort puisse arriver très rapidement (que vous soyiez pourvu d'un gros équipement carry ou pas), elle ne semble jamais injuste : on se dit que si seulement on avait esquivé correctement et qu'on avait pas perdu ses moyens, ça se serait beaucoup mieux passé ! Du coup on y retourne, bien décidé à aller plus loin, et pourquoi pas terminer le jeu !


Dead Cells est une véritable bonne surprise : malgré le manque de contenu dû à son statut d'early-access, il est immédiatement prenant, et ses déjà nombreuses mécaniques de gameplay s'accordent parfaitement entre-elles. Le studio bordelais Motion Twin nous a déjà gratifié d'une update plutôt généreuse (The Elemental Update) et d'autres devraient bientôt voir le jour. En prenant le risque de réaliser un projet qui les tenait vraiment à coeur, ils sont parvenus à nous proposer un titre qui pourrait bien se faire une très bonne place parmi les grands noms du Rogue-Like.

ArthurHervé
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le 28 juin 2017

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Arthur Hervé

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