Je viens de replonger dans cet excellent jeu au visuel éprouvant, voire repoussant, et de retrouver toutes les délicieuses (hum...) sensations que procure une récente arrivée sur le USG Ishimura. Ce jeu horrifique n'a pas pris une ride et vous auriez tort de ne pas vous y frotter.
A l'instar d'un "Escape from Butcher Bay", "Dead Space" mise sur une immersion la plus complète et la plus rapide possible grâce à son absence de HUD, ce qui surprend au début, mais qui devient très vite une évidence. A cette immersion réussie s'ajoute dès les premières secondes cette étonnante sensation de lourdeur qui ne vous quittera jamais vraiment. Isaac Clarke (bonjour la subtilité) , notre perso, est en effet lourd, pesant, ses mouvements et ses armes sont empoissés de lenteur.Cette pesanteur est parfaite dans le contexte d'un jeu qui vous impose tant de jump-scares. La frénésie des attaquants et la lourdeur de notre réponse créent un ballet assez terrifiant , comme ces cauchemars où vous courez au ralenti devant quelque menace...
Sans avoir vraiment rien inventé, Dead Space fait son travail admirablement. Il vous fiche dès les première minutes une sainte trouille qui va vous coller aux basques et vous empêcher parfois de jouer correctement. Le récit, les décors industriels, le gore omniprésent, tout va contribuer à garder vivace votre angoisse. Le design-level est là pour assurer une avalanche de mauvaises surprises (excellente zéro-gravité, nombreux coups tordus). Les assaillants sont laids, ils sont nombreux, ils sont d'une violence rare mais on s’adapterait très vite s'ils ne vous étaient servis dans une ambiance sonore épouvantable. System Shock 2 a longtemps été la référence pour la génération d'un univers sonore qui porte une histoire et Dead Space suit les mêmes règles. A noter que si la claustrophobie du lieu est importante, Dead Space recèle d'étonnants espaces intérieurs à gravité zéro et des promenades sur la coque du vaisseau qui font respirer votre vision.
L'histoire en elle-même est un peu convenue, avec son invasion de xénomorphs et ses méchants religieux , mais bon, elle fonctionne très bien. On regrettera peut-être que de la romance ait été ajoutée là comme une arrière pensée et mal exploitée ensuite. Le gameplay est brutal , simple et efficace. Les armes sont intéressantes et la gestion des munitions donne lieu à des choix cornéliens. L'alliance stase / arme de poing n'est pas sans rappeler FEAR et son bullet-time. Les puzzles sont d'une simplicité enfantine mais vous retardent, et vous exposent au danger. Le jeu réussit le pari d'avoir l'air technique et complexe, alors qu'il bourrine pour notre plus grand plaisir. La rejouabilité est bonne et bien sûr moins stressante que la première rencontre.
Ce côté trop bourrin apporte malgré tout le bémol certain et remarqué de cette histoire : car si la peur va vous accompagner pendant une bonne moitié des niveaux du scénario, elle se dissout peu à peu avec l'habitude pour laisser place à un sentiment clair de répétition , voire pire, de lassitude. Si vous gérez bien vos armes, un trop plein de munition peut même se créer . Heureusement les développeurs ont vu venir cet écueil et proposent sur la fin une progression plus scénarisée , plus intéressante qui ramasse juste à temps notre concentration défaillante.
Superbe jeu donc, assurant un spectacle impressionnant, très inspiré de System Shock 2. Il échoue sans doute à surpasser son intouchable ancêtre, mais il vibre d'une éprouvante efficacité dans l'abrasion de nos nerfs et de notre zénitude. Dead Space est réellement horrifique dans une grosse partie de son déroulé. Plus facile vers la fin, il reste totalement jouissif. A faire absolument, guys et guysettes, (avant de vous tourner vers SS2)