(Critique rédigée en octobre 2008 pour le site gamersince.com (R.I.P) )


Je n’ai jamais fondé beaucoup d’espoir sur Dead Space. Même après y avoir joué quelques minutes en mai dernier, je persistais à penser que le titre de Redwood Shores ne serait qu’un survival moyen, pas plus horrifique que ça, et pompant allègrement sur les mécanismes de la concurrence. Force est d’admettre que je m’étais complètement planté.


En même temps, vous m’accorderez qu’avec un tel pitch, c’était plutôt mal barré pour le titre d’EA. Un vaisseau gigantesque abritant une colonie minière ne répond plus à l’appel suite à l’excavation d’un artefact étrange, et qui c’est qu’on envoie pour vérifier si tout va bien ? Point de Space Marines ni de SWAT galactique, ça serait trop simple. Juste un ingénieur accompagné de deux clampins et chargé de réparer le système de communication de l’USG Ishimura.
Alors forcément, quand cette petite troupe va se rendre compte que la quasi-totalité de l’équipage a été réduite en charpie et parasitée par une forme de vie nécromorphe extrêmement agressive, notre ingénieur va vite se retrouver propulsé au rang de sauveur de l’humanité malgré lui.


Isaac Clarke, ingénieur charcutier


Dead Space est donc un survival horror. Bien vite, notre ingénieur Isaac Clarke (dont le nom est un vibrant hommage aux monuments de la SF que sont Isaac Asimov et Arthur C. Clarke) va laisser de côté sa mission initiale pour se focaliser sur le fait de trouver un moyen de s’arracher de ce tombeau spatial. La vue est à la troisième personne, très proche d’Isaac, façon Resident Evil 4, et l’essentiel du boulot consistera à arpenter les coursives sombres et les salles immenses de l’Ishimura en dézinguant absolument tout ce qui vous sautera à la gorge. Et j’aime autant vous dire que votre gorge est un véritable aimant à nécromorphe.


Le gros point faible des monstres de Dead Space étant leurs membres, il va falloir oublier vos vieux réflexes d’head shooter. Le fait est qu’avec ou sans têtes, et tant qu’ils possèdent des griffes au bout de leurs bras, les monstres continueront à attaquer. On apprendra donc très vite à les délester de leurs membres à l’aide des outils d’Isaac, pour la plupart dédiés à la découpe (Cutter Plasma, Trancheur, Découpeur), avant de s’en approcher pour leur coller un coup de semelle fatal. Ce parti pris totalement gratuit dans le gameplay de Dead Space s’avère réellement efficace puisqu’il renouvelle un peu les mécanismes éculés du genre, et ajoute par la même occasion beaucoup de tension aux phases de shoot.


Grande promo sur les scies circulaires


Pour vous aider dans cette grande entreprise de boucherie, vous pourrez compter sur deux pouvoirs : la Télékinésie et la Stase. Cette dernière vous permettra de grandement ralentir vos ennemis, histoire de prendre le temps de les découper proprement. Ces deux capacités seront également utiles pour résoudre certains puzzles, simplistes pour la plupart.


Vous trouverez régulièrement des distributeurs pour vous approvisionner en munitions ou en médikits, ou pour acheter de nouvelles armes et armures, le tout en échange d’argent que vous trouverez disséminé dans l’Ishimura ou sur les cadavres fumants de vos ennemis. Il sera également possible de dépenser des points de forces, eux aussi planqués à bord du vaisseau, pour améliorer les puissances, contenances ou rapidités de vos armes, ainsi que votre armure. Ceci augmente fortement le potentiel de rejouabilité du titre, puisque vous ne trouverez pas assez de points de force en une seule partie pour booster tout votre équipement au maximum.


Les nerfs à vif


Le bestiaire, presque aussi varié qu’angoissant, connaît bien les ficelles des bons films d’horreur et ne manquera jamais une occasion de surgir d’un conduit d’aération en hurlant à 1 mètre de vous ou de se glisser derrière vous le plus discrètement du monde, vous laissant seulement entrapercevoir une ombre furtive. Mais tout ceci est dosé avec parcimonie, et si Dead Space ne fait qu’user des mécanismes bien connus du film d’épouvante, il le fait avec un tel brio qu’il parvient parfois à nous effrayer en nous feintant, habitués que nous sommes des poncifs du film gore.


Et en dehors des apparitions de nécromorphes, tout est fait à bord de l’Ishimura pour maintenir la tension, même lors des passages plus calmes où il n’est pas impossible de rencontrer un survivant intégralement écorché se cogner le crâne contre un mur, dans un râle de douleur, jusqu’à s’en exploser la cervelle. Dead Space mélange habilement l’ambiance malsaine presque digne d’un Silent Hill et les moments de frayeur pure d’une Resident Evil old school, dans le but, avoué et largement atteint, de s’amuser avec votre palpitant.


Dantesque on arrive ?


Si la tension a quelque peu tendance à baisser d’intensité au fur et à mesure de votre progression et de votre maîtrise des mécanismes du titre, il faudra compter sur une réalisation technique et artistique de haute volée pour vous tenir en haleine, ainsi que sur certaines idées tout bonnement géniales. Certains combats et puzzles en apesanteur, où il sera possible, tant pour Isaac que pour les nécromorphes, de se propulser du sol aux murs et aux plafonds, ainsi que d’autres passages, dans le vide cette fois, où il s’agira de se débarrasser de nombreux monstres que l’on n’entendra pas arriver (dans le vide, tout ce que l’on entend c’est le son étouffé de la respiration d’Isaac et des battements de son cœur) tout en surveillant sa petite réserve d’oxygène, permettront de renouveler fortement l’expérience de jeu. Et je vous laisse imaginer les sommets d’intensité que l’on atteindra lorsque ces deux conditions, apesanteur et vide, seront réunies.


Autre point fort du titre de Redwood Shores, et pas des moindres, le HUD de Dead Space est tout bonnement le plus intelligent qu’il m’ait été donné de voir. Rien d’autre que l’action n’est affichée à l’écran, puisque vos jauges de vie et de Stase apparaissent sous la forme de barres de couleur intégrées au dos de l’armure d’Isaac. Votre inventaire, la carte de l’Ishimura, les objectifs ainsi que les archives des enregistrements que trouverez un peu partout, apparaîtront à l’écran et devant Isaac sous la forme d’une projection holographique de toute beauté.
Fouiller dans votre inventaire pour vous soigner ou consulter votre carte ne mettra donc pas le jeu en pause, vous pourrez même continuer à vous déplacer ce faisant, au risque de vous faire surprendre par un groupe d’aliens en colère alors que vous avez le nez dans votre loot. Cette absence d’informations parasites à l’écran contribue pour beaucoup à faire de Dead Space l’un des survivals les plus immersifs qui soient.


TL;DR
Dead Space n’est pas un jeu foncièrement innovant, ce qui ne l'empèche pas d'être un monument du survival horror. Redwood Shores s’est contenté d’utiliser les mécaniques classiques du genre, transcendées par une ambiance unique, une réalisation somptueuse, une bande-son de grande qualité, le tout saupoudré de quelques originalités telles que le concept de démembrement ou les passages dans le vide. Avec sa durée de vie conséquente, comptez une quinzaine d’heures pour en voir la fin, et un certain potentiel de rejouabilité, Dead Space se classe facilement au rang des jeux à se faire absolument avant de passer l'arme à gauche.

Yare²Daze
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs jeux de la PlayStation 3 (PS3), Les jeux de la vie et Les meilleurs jeux de la 7e génération de consoles

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le 6 juil. 2016

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Yare²Daze

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