UNE BONNE IDÉE QUI FAIT PSCHIIIT, MAIS UNE EXPÉRIENCE SYMPA QUAND MÊME.

Deadlight part d'une idée plutôt simple, à savoir caresser le gamer dans le sens du poil.
Pour ce faire, on vous met en avant un Gameplay très proche d'un Flashback (version Megadrive) ou d'un Pitfall; (Super Nintendo) avec ce que cela sous entends en terme de rigidité dans la maniabilité mais de plaisir de jeu. On finit enfin la présentation dans la surenchère, avec une trame à fond de rupteur sur la thématique Zombie / Apocalypse, incluant également la particularité du Survival Horror dans la narration et une histoire contemporaine revisitée.


Premier constat: au niveau visuel, on est dans le très agréable. Les graphismes en 2D sont bien réussis et entremêlent même de nombreux passages dynamiques. La caméra zoome par exemple sur l'action ou au contraire exploite un grand angle bienvenu pour apprécier tous les recoins d'un niveau.
Les effets sont saisissants, et juxtaposé avec une bonne dose d'originalité, (le jeu est quasiment exclusivement basé sur des effets de contre-jour et d'obscurité) on obtient un excellent rendu visuel.
On se fait donc d'autant plus plaisir que la trame s'y prête bien, les zombies (shadows dans le jeu) étant toujours prêts à traverser une paroi, jaillir d'un coin sombre ou jouer avec l'arrière plan pour vous sauter dessus. C'est suffisamment rare pour être cité.
Et justement : Le joueur ne se déplace que sur un seul plan, mais les ennemis donnent ainsi l'impression de débarquer de partout, avec un effet très proche de la mécanique de Fatal Fury sur Neo Geo pour ceux qui l'ont connu. Le personnage pouvait en effet sauter du premier plan à l'arrière plan très facilement et inversement, donnant par la même occasion une option tactique supplémentaire.
Ici c'est donc le même principe. On voit grâce à ce genre de choses que les développeurs ont chercher à fond à creuser le concept du Survival Horror. De petits détails qui font la différence... Et c'est une très bonne chose.
La Trame est également assez chiadée pour peu que vous mettiez le nez dans le journal de Randall. On y découvre un décalage de l'action vers la fin des 60's, début 70's, avec du coup le contexte Guerre-Froide qui pimente un peu la trame.
Les cut-scenes sont en fait des séquences semi-animées plutôt réussies artistiquement parlant, et viennent donc couronner l'aspect innovant de la narration en se payant le luxe de couvrir le manque de moyens évident.
Côté Gameplay, on développe rapidement un potentiel intéressant pour le personnage, et des niveaux parfois coriaces, ce qui termine de faire pencher définitivement la balance du bon côté.


Le seul problème est que le jeu finit pourtant par se révéler médiocre... Pour les mêmes raisons qu'il peut être sympa.
Les petits détails s'accumulent malheureusement aussi pour faire pencher la balance vers le côté obscur de la force.

Techniquement, il est truffé de bugs plus ou moins handicapants, et met également rapidement à jour les limites du Gameplay.
Certains bugs vous priveront donc du son pendant les cinématiques, (ce qui est encore pardonnable grâce aux sous-titres) mais d'autres vous feront littéralement planter le PC à l'approche d'un point de sauvegarde... Là ça devient vraiment chiant.
Côté Gameplay, le personnage est maniable malgré une inertie certaine, et les capacités allouées à votre personnage (Randall) sont nombreuses. On s'attend donc à pouvoir explorer librement les niveaux, à tomber sur des éléments rares ou à faire évoluer votre personnage, et ce d'autant plus que ces items existent.
Malheureusement rien de tout cela n'arrive. Le positionnement des items quasi systématiquement sur le parcours et leur faible nombre ne rajoute rien à l'expérience de jeu. Pire, ils peuvent vous placer devant une mort immédiate pour les rares dont le positionnement est plus recherché, autre détail fâcheux.
Aucune concession.
On tombe dans l'eau, on claque, on se fait entourer par plus de trois zombie, on claque; on rate une manipulation... Vous voyez le tableau.
Chaque renaissance vous obligera enfin à vous fader une petite cut scene, pas forcément longue mais agaçante, sans pouvoir la passer.
Côté histoire enfin, on finit assez vite par se résoudre: il s'agit d'un prétexte. Elle se révèle vite sans grand intérêt et même incroyablement niaise dans le déroulé, la faute aux ellipses en trop grand nombre, aux personnages peu développés et au background sous exploité, ce qui est infiniment dommage soit dit en passant.
Dernier point, ce jeu n'a pas pu bénéficier d'un budget colossal et les développeurs ont fait des concessions malgré l'estampillage "Microsoft".
Donc pour résumer: Si graphiquement on en prend plein les yeux, on le termine en trois petites heures et on souffle sur les bugs trop présents.


Voilà pour les côtés négatifs. Mais je tiens cependant à insister sur le fait que Deadlight a ses attraits, côté difficulté notamment. Il vous rappellera inévitablement qu'à une époque un jeu était avant tout un challenge.
Le finir se méritait et cela faisait partie intégrante de l'expérience du joueur, à tel point que certains jouaient largement avec vos nerfs et les codes du genre, à l'instar de Battle Toads, qu'un humain normalement constitué ne pouvait expérimenter au-delà du quatrième niveau.
On cherchait rarement à vous montrer la sortie ou à vous faciliter la vie, du coup on se lançait à fond. Retrouver ces sensations perdues est donc toujours un plaisir.
D'ailleurs si je cite Flashback, c'est parce qu'il est la parfaite illustration de ce que j'aime dans un jeu. Il représente une épreuve en soi, et bénéficie en plus d'une trame largement détaillée et attrayante.
Il symbolise un peu l'évolution actuelle du jeu vidéo à l'heure actuelle: une parfaite alchimie entre scénario, ambiance et Gameplay, que peu peuvent se targuer d'avoir maîtrisée.
Deadlight n'atteint certes pas ce niveau, mais vous demandera cependant de la patience, de la réflexion et du doigté pour passer certains niveaux.
Le Gameplay n'est pas non plus bon à jeter, car avec la rareté des munitions et la sur-abondance des Shadows, il faut parfois se montrer inventif. Votre investissement vous poussera logiquement à apprécier l'expérience jusqu'à un certain point.

amjj88
6
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Créée

le 6 juin 2015

Critique lue 321 fois

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amjj88

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