Un classique. Une référence en son temps. Une folie pure.
Deus Ex a souvent été associé à ces qualificatifs, en sa qualité de premier tome d’une série lancée il y a 15 ans.
Absorbé par la hype Half-Life, je suis complètement passé à côté de ce jeu, et c’est après avoir fini (et beaucoup apprécié) Deus Ex : Human Revolution et vu l’arrivée du mod Revision que je me suis lancé dans cette épopée dans un New-York futuriste.
Le premier contact avec ce jeu est une gigantesque tarte de vieillesse en pleine poire : ah non, je ne parle pas forcément des graphismes qui distillent toujours une certaine ambiance (le mod Revision rendant tout cela visuellement acceptable quoi que logiquement très daté). Par contre, la non-présence d’une carte, le HUD réduit à sa plus simple expression et l’absence totale de guidage nous renvoie bel et bien 15 ans en arrière, du temps du “on te file une mission et démerde-toi”. C’est valorisant et exaltant, mais quand on ne dispose pas (ou plus) des repères adéquats, il faut du temps pour se mettre dans le bain, et la relative mollesse du début du jeu n’aide pas.
Toutefois, il serait dommage de s’arrêter à ça, car on en oublie tout ce qui fait le sel de ce jeu : les skills et les augmentations. Et là, force est de constater qu’on est pas déçu du voyage : le système est intelligemment intégré et varié, et laisse surtout une latitude importante au joueur de se créer SON personnage, en fonction de SON style de jeu. Du plus furtif au plus bourrin, vous aurez le choix des armes, d’autant qu’augmentations et skills ne dépendent pas les uns des autres. Seule limite, le nombre d’emplacements d’augmentation ne posera réellement problème qu’en fin de jeu, et encore faut-il que vous n’ayiez pas déjà une configuration vous paraissant idéale…
Et ce n’est pas fini, car vos armes en elles-mêmes peuvent également être améliorées. Zoom, visée laser, diminution du recul ou amélioration du chargeur, il y a de quoi faire… mais c’est là où le jeu avoue une première limite : il est aisé d’obtenir rapidement (par exemple) un pistolet avec le combo complet silencieux/zoom/visée laser/faible recul/précision boostée, et à partir de là, la pluie de headshots qui s’ensuit tue un peu le challenge. D’une manière générale, les armes ont une fâcheuse tendance à devenir très vite craquées.
Et le déroulement du jeu dans tout ça ?
Du très classique en apparence. Vue FPS, des missions à accomplir (et aussi des quêtes à accomplir), à vrai dire, rien d’extraordinaire (même pour l’époque).
Sauf que Deus Ex propose de multiples approches pour mener à bien votre mission. En effet, le level design propose de façon quasi-systématique plusieurs chemins pour arriver à vos fins. Manière forte en frontal, contournement complet de l’ennemi, fourberie à revers, spots que l’on peut alterner jusqu’à élimination complète, bref, vous n'êtes pas "prisonnier".
Par contre, il est dommage que les réactions de l'IA soient parfois à la limite du ridicule : les ennemis ne cherchent pas bien loin (ni très longtemps) la menace, ne déclenchent pas forcément les alarmes alors qu'un de leurs collègues s'est pris une balle de snipe en pleine tête (quand même...), voire parfois ne réagissent pas du tout... le côté infiltration perd du coup une bonne partie de son challenge.
Pour finir, on peut noter aussi un scénario assez prenant, avec des choix pouvant influer sur le déroulement du jeu, ainsi que plusieurs fins proposées, le tout enrobé d'une bonne durée de vie (comptez 10/15h en tout droit, 5 à 10h de plus pour les petites quêtes annexes, car oui, c'est aussi un RPG).
Conclusion : En 2000, j'aurais sûrement pu porter ce jeu sur un piédestal. Mais le temps a passé, et les défauts de la cuirasse sont beaucoup plus visibles qu'avant. Reste toutefois un très bon jeu, qui mérite d'être retourné à 100%, et dont beaucoup de jeux devraient s'inspirer, notamment en termes de gameplay...