Diablo restait un souvenir lointain de mon enfance. Croisé chez des amis, brièvement joué puis abandonné. J'étais impressionné par cette ambiance sombre et oppressante. Au détour d'un podcast rétrogaming, j'ai décidé de m'y (re)plonger.
Diablo se vit comme un jeu d'action-rpg relativement simpliste. Vous avez une zone centrale (HUB) sous forme de village, et un unique donjon composé de 4 strates de 4 étages (16 niveaux en tout). Concrètement, on choisit une classe de personnage parmi trois, on s'équipe de potions, sorts et équipements, et on part castagner des vilaines bestioles dans un donjon. On note cependant quelques particularités notoires :
- Les niveaux sont agencés aléatoirement mais restent fixes tout au long de votre partie.
- Les trésors et les monstres ne respawnent pas !
- L'accès aux quêtes et à leurs récompenses est également aléatoire : durant votre partie, vous allez peut-être croiser les quêtes idéales pour équiper votre guerrier ou au contraire tomber sur des quêtes dédiées aux équipements pour le sorcier.
Diablo livre donc une expérience de jeu qui s'articule autour d'une philosophie qu'on imagine innovante pour l'époque: un jeu dont la partie est prédéterminée aléatoirement, mais dont tous les éléments sont finis. Ainsi, en revendant tous les objets et en dépensant tout votre argent en potions, vous pouvez assécher votre partie de son contenu.
En observant le jeu au travers du prisme "Diablo-like" ou "Hack'n'Slash", on constate que c'est principalement Diablo 2 qui va définir le genre, transfigurant les jalons posés par le premier. Là où Diablo 1 crée une tension entre la génération aléatoire et la finitude, le second embraye à fond sur l'aspect aléatoire. Ainsi le genre gagne en complexité et met au cœur de son gameplay des nouveaux éléments comme le farm, le loot et sa quête de l'équipement parfait, la création de "builds" de personnages, etc. Le joueur fan du genre risque donc d'être refroidi par les choix du premier épisode, alourdi par un inventaire réduit, un feeling plutôt sec et lent, un HUB statique, les allers-retours trop fréquents, etc.
Il serait pourtant malheureux de passer à côté, et j'invite chacun à aborder Diablo comme ce qu'il est : un action RPG simple et efficace où chaque partie est courte (20h) et unique. On ne peut pas rester insensible face à cette direction artistique et ces graphismes fins en 2D qui transpirent l'amour du pixel sombre et malodorant. Sans oublier cette bande-son de grande qualité qui contribue à l'ambiance gothique oppressante.
Le jeu est disponible sur GOG, mais je vous conseille d'y jouer via son moteur open-source "DevilutionX". Vous bénéficierez d'un jeu en 16/9 et d'une compatibilité à la manette qui, j'en étais le premier surpris, s'est avérée bien plus agréable qu'avec le combo clavier/souris.