Impératrice à la double casquette

Dishonored c'était surtout l'expérience inoubliable de tous les grands passionnés du meurtre méticuleux et silencieux. Plusieurs années après, sa suite sobrement nommée Dishonored 2 débarque et est bien décidée à ré-atteindre le rang de l’œuvre originale.

Tout d'abord, Dishonored 2 propose cette fois-ci de jouer un autre personnage que Corvo, en la personne de sa fille Emilly qui est maintenant Impératrice du royaume. Petit pitch : lors de la cérémonie d'anniversaire de l'assassinat de sa mère, un coup d'état se manifeste dans le but de prendre le pouvoir. Suite à cette attaque, vous avez alors la possibilité d'incarner comme précisé l'un des deux personnages. S'il me fallait en conseiller un en particulier ce serait sans doute Emily. En effet, si Dishonored 2 a un grand défaut c'est celui de ne pas faire évoluer le titre original plus que cela. Tout ou presque en est identique, du gameplay qui conserve maladroitement ses quelques défauts, en passant par l'histoire qui demeure du même concept. Concernant le scénario justement, on se retrouve une nouvelle fois comme étant une sorte de mal nécessaire, un assassin au service d'une cause juste et honorable malgré les apparences trompeuses. Pas de grandes nouveautés ici non plus, totalement déshonoré vous partirez en croisade contre les rouages essentiels de l'emprise de votre nouvel ennemi à coup d'assassinats méticuleux, jusqu'à finalement trouver le moyen de mettre un terme à son règne tyrannique. Vous l'aurez compris la narration se veut une nouvelle fois trop simple, bien que maîtrisée, mais se caractérise avant tout par être la même que celle de Dishonored premier du nom dans son déroulement.

Côté gameplay, les ambitions de Dishonored 2 restent les mêmes. À savoir, proposer une liberté d'actions maximale à son joueur en le laissant lui-même élaborer ses manœuvres d'assassinats. Le jeu reprend les mécaniques de son ainé et autant dire que celles-ci sont toujours aussi spectaculairement merveilleuses, même après tant d'années. Quand on débarque dans une zone on y déniche tout un tas de possibilités pour atteindre notre objectif, et avec un style qui sera propre à notre façon de faire. Telle une ombre, il est possible de tuer ou non sans se faire prendre grâce à nos pouvoirs mais également grâce à l'architecture des bâtiments. Les villes regorgent d'endroits secrets où faciliter notre passage et nos actions, que ce soit des chemins souterrains dissimulés ou un parcours à élaborer nous-mêmes depuis les toits. Que les moins discrets d'entre nous se rassurent, si un jeu Dishonored pense d'abord à faire passer l’infiltration au premier plan, l'assaut est également possible. Dans un style comme dans l'autre, les pouvoirs de notre assassin permettent de se sortir des pires situations, et si votre style est plutôt d'être un Dieu de la guerre féroce et implacable, alors c'est un choix qu'il est tout-à-fait possible d'entreprendre. Ceci dit, encore une fois comme dénoncé depuis le début de cette critique, Dishonored 2 ne prend pas la peine de faire évoluer le premier jeu, mais décide plutôt de le copier dans ses nombreuses qualités mais également dans ses quelques défauts. Pour le gameplay dans ce cas, on regrettera que le manque de précision des attaques soit toujours présent dans cette suite, alors qu'il ne fallait que saisir l’occasion de fignoler de légers soucis afin d'atteindre un prestigieux sans-faute.

Dernier point, Dishonored 2 est encore et toujours comme son aîné un maître dans l'art de faire passer chaque millimètre carré du jeu comme un véritable tableau qui attise la contemplation. En effet, les détails sont bluffants et soulignés par une direction artistique exemplaire. Dans ses décors cohérents loin d'être flemmards, on remarquera surtout le charme de Karnaca qui est à la base merveilleusement sombre au point qu'elle en est attirante. Les ruelles dégoulinent de sang, les appartements anonymes ouverts à l'exploration permettent de satisfaire les petits fouineurs, et la mort semble être propriétaire définitive des lieux à travers les traces de luttes et de maléfices qui se mêlent parfaitement au charme de la ville. De plus, l'ensemble est dynamisé par une bande son excellente qui rend les incursions très savoureuses. On se rend compte que ces quelques qualités gratifient encore plus le gameplay, puisque les éléments du décors sont présentés avec une grande homogénéité pour un terrain de jeu encore meilleur.

Conclusion

Dishonored 2 n'est ni supérieur ni inférieur à l’œuvre originale, il s'inscrit simplement au même niveau. Regrettable, le jeu ne prend aucun risque en renouvelant l'aventure sans l'améliorer et sans corriger quelques minimes défauts. Cette suite aura finalement manqué l’occasion d'atteindre la perfection.

This black-eyed bastard !