Les flammes et les fientes d'un dragon
Je ne vais pas faire une critique détaillée de tous les aspects du jeu beaucoup trop nombreux à analyser mais exposer le défaut majeur que j'ai trouvé à ce Dragon Age : Inquisition et qui concerne surtout le contenu open-world.
Fan inconditionnel de tous les jeux Bioware depuis la première ère, ce Dragon Age : Inquisition s'annonçait gigantesque.
Et il l'est effectivement par bien des aspects : la taille du monde, la gestion géopolitique, les relations entre les personnages, le nombre incalculable de quêtes et d'objets à découvrir ou à crafter,... En terme d'ampleur, c'est sans conteste le jeu le plus ambitieux jamais réalisé par le studio et même le RPG solo le plus ambitieux de tous les temps par la multiplicité des mécaniques de gameplay.
La volonté que l'on avait déjà ressenti sur les précédents titres Bioware de plonger le joueur au cœur d'un vaste monde dont il va être le super sauveur n'a jamais été aussi poussé et l'expérience vécu est plus proche de celle d'un MMO dont vous êtes le héros que d'un bon vieux RPG solo. Une sorte de mixage entre Dragon Age premier du nom et SWTOR.
Et c'est là que le bat blesse car malheureusement ce mixage est loin d'être aussi bon que prévu et ce qu'on va gagner en volume, on va le perdre en qualité, en saveur. Alors je loue l'ambition, le résultat beaucoup moins. C'est un peu si on avait voulu tout mettre sans ce soucier de l’alchimie entre les ingrédients et que le mixeur débordait déjà. Le pire défaut est justement d'avoir littéralement transposé trop de mécaniques de MMORPG à un RPG solo (et pas forcément les meilleures en plus) :
- Il y a d'abord toutes ces quêtes secondaires dont on se fout royalement et qui n'ont aucun lien avec l'histoire principale où le but est de faire du farming bête et méchant (va me ramasser des fleurs, va me tuer 10 ours, ramène-moi un bouc,...)
Alors si ces quêtes disposaient au moins d'une écriture soignée et d'une thématique intéressante, je serais loin d'être contre mais même pas. J'ai l'impression d'être retourné 10 ans en arrière là et c'est pourtant Bioware qui était parmi les premiers à avoir atténuer l'aspect rébarbatif d'une quête par une bonne scénarisation.
Étrange quand on voit que Blizzard a scénarisé un maximum sa dernière extension de WoW en s'inspirant du RPG solo ou d'un SWTOR et que Bioware s'inspire du WoW d'il y a 10 ans pour ses propres quêtes secondaires...
Bref ce grand rétro-pédalage entre quête secondaire qui tient sur un post-it et quête principale ultra-scénarisée est mal fichu.
- Ensuite il y a tout ce lootage et ce farm à profusion, en terme d'objet ou de matériaux de craft. C'est trop, à en vomir et ça casse pas mal le rythme d'une pure exploration sans contrainte. Dans les autres titres Bioware le loot était distiller d'une manière plus équilibré en prenant en compte le rapport challenge/récompense. Là on est carrément dans du Hack and Slash à la Diablo 3.
- L'exploration n'allie jamais vraiment le plaisir de la découverte à cause justement de toutes ces quêtes ultra-balisées et répétitives et de tout ce lootage à n'en plus finir.
-Le monde est vaste mais quand même bien cloisonné par zone, des zones finalement pas si grandes que ça. S'en ressent un manque de liberté et de une sensation d'enfermement.
- Et Le cheval c'est mal. Moi qui rêvait à une époque lointaine, très lointaine de pouvoir utiliser des chevaux dans les RPG, là je dis que le cheval est mal foutu et n'arrange pas la sensation de découverte qui devient trop rapide. De toute façon vous aller devoir vous arrêter toutes les dix secondes pour looter un truc donc à pied c'est mieux.
Voici en résumé les gros points noirs de l'open-world de Dragon Age Inquisition, s'en ressent une sorte d'artificialité dans l'immersion et dans le gameplay, comme si chaque aspect du jeu était bien cloisonné (Quete Princiaple/ Open World/ Géopolique,...)
Alors je veux bien qu'on créer un monde gigantesque mais si c'est pour y faire plein de trucs chiants je vois pas trop l’intérêt. Quand il y a trop de tout on a plus envie de rien.
En plus Bioware va s'accrifier une partie de se qui a fait sa réussite à cause de cet Open-World. Aucune véritable mise en scène ou scénarisation dans l'intégration de certains personnages par exemple, des choix de dialogues obscurs, ... Je suis convaincu que le jeu aurait été bien meilleur si Bioware s'était concentré sur ce qu'il faisait de mieux au lieu de vouloir en faire trop et de jouer à des apprentis sorciers qui auraient jeter tous leur ingrédients dans le même chaudron.
Un dernier mot sur les combats : on a changer de politique chez Bioware en rendant le gameplay de plus en plus dynamique (support console oblige) C'est pas un mal en soi mais le tout reste quand même confus par rapport à un DAO où on réfléchissait très longtemps avant d'activer une compétence et où la lisibilité des combats était impeccable. Ah oui : il ne faut surtout pas jouer en normal sinon torcher vous avec l'aspect tactique et l'interface PC est bien merdique (la faute aux consoles encore).
Pour conclure, je dirais que DAI est un bon jeu mais plombé par tout ce contenu open-world mou du genou. J'aurais largement préféré que Bioware se limite à la réalisation et à la scénarisation de l'histoire principale et des différents personnages. Comme quoi le trop est parfois l'ennemi du Bien.