Dragon age : Origins est une des propositions ludiques les plus fortes de l'année 2009.
Par Martin Lefebvre
En nommant son jeu Dragon age, Bioware fait appel à une époque révolue, les années 90, l'âge d'or du RPG narratif sur PC, genre qui avait connu son apogée en 2000 avec Baldur's gate 2, avant d'être profondément modifié par la transition vers le développement sur console. Publier en 2009 un jeu de rôle solo pensé pour le PC, avec un budget conséquent, et un respect méticuleux des recettes du genre, beaucoup de fan service, malgré les états de service de Bioware, risque de paraître complètement hors sujet. Dragon age : Origins ne plaira pas à tout le monde. S'inscrivant totalement dans un genre, il en expose les béances autant qu'il en rappelle les plus belles heures. Il n'en n'est pas moins monumental, jalon essentiel du RPG occidental, plus que nul autre jeu Bioware depuis bien longtemps. Pour qui sait profiter de l'oeuvre telle qu'elle se donne, DA : O tient du miracle, il ébahit par sa densité, sa générosité, son exigence.
Dragon age : Origins n'est pas original, c'est un RPG érudit. Les développeurs, ludovores, ont beaucoup joué, beaucoup observé ce qui se faisait de mieux dans le genre ces dernières années, pour en offrir une synthèse. Bioware a évidemment plongé dans sa longue histoire. Outre la filiation évidente avec Baldur's gate, Dragon age : Origins reprend la structure de Kotor, avec la liberté - toute relative - de choisir l'ordre dans lequel aborder les différents lieux de l'aventure. Mais le jeu emprunte aussi aux MMO leurs synergies de groupe, les cooldowns à la World of Warcraft, et surtout la manière de gérer une horde d'adversaire qu'il s'agit de contrôler pour l'éliminer efficacement. Les combats en temps réel, les équipiers programmables et les donjons qui osent la longueur rappellent fortement Final fantasy XII, d'autres aspects font penser à The Witcher...
Cette logique du florilège est aussi présente dans la narration, elle fait partie intégrante de la méthode Bioware. Mass effect se voulait un pot-pourri de la SF des années 70-80. Dragon age : Origins va quant à lui chercher une fantasy plus contemporaine, s'inspirant pour part de la version jacksonienne du Seigneur des Anneaux, mais piochant surtout ses intrigues politiques chez George R.R. Martin (Le Trône de fer), ou encore piquant à la dark fantasy de The Witcher ses elfes parias. Certes, on peut regretter le côté baroque des Royaumes oubliés de Baldur's gate, et considérer que le jeu, à force de travailler les nuances de gris, se prend parfois les pieds dans son sérieux, tout en offrant de la « politique » une vision de roman-feuilleton. Mais ne boudons pas notre plaisir. L'aspect générique de l'univers permet de trouver immédiatement ses repères, et un énorme travail de contextualisation a été fait : l'objectif de Bioware est de créer une licence, et pour cela de donner au monde, faute d'originalité, un luxe de détails. (...)
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