Drakerider
Drakerider

Jeu de Witchcraft et Square Enix (2012Android)

Suite au boom de l’industrie du smartphone et à l’engorgement des consoles portables par une armada de RPG, le téléphone semble être le nouvel eldorado des développeurs japonais qui l’investissent en masse. Square Enix ouvre de toute évidence la voie avec ses nombreux remakes et autres scoring games. Mais il arrive également parfois à l’éditeur nippon de faire dans la sous-traitance. En confiant à Witchcraft le projet d’un RPG ambitieux sur iOS et Android, la boite espère bien faire naitre une nouvelle licence susceptible de devenir le fer de lance de sa politique de colonisation agressive du support. Ainsi Drakerider, enfant bâtard, mal-formé, né de l’appât du gain et de la complaisance envers le public, voit le jour.

Kill or be killed

Aran a fait de sa vie une aventure quotidienne. En tant que traqueur, il chasse objets, animaux et personnes perdues afin de les remettre à leurs commanditaires. Mais ce jour-là n’est pas comme les autres. Alors que sa quête d’informations l’amène au fin fond d’un temple sous-terrain, il fera brièvement la connaissance de Quory, un être étrange, avant d’être soudainement interrompu par le vacarme causé par un monstre, un Dread. Aussitôt, celle qu’il vient pourtant à peine de rencontrer lui appose une marque lui conférant le pouvoir d’invoquer un dragon et la capacité de s’en servir comme d’une arme en le chevauchant. La guerre contre les Dreads est de facto déclarée, il s’agit maintenant de tous les éliminer et de ramener la paix dans le monde.

Si ce bref aperçu laisse entrevoir un scénario simplet, sachez qu’il n’en est rien. Drakerider se distingue justement, entre autres, par son ambition narrative. Empruntant quelques-unes de ses thématiques à Xenogears, l’histoire tente d’esquiver les nombreux clichés du RPG japonais, sans pour autant livrer une copie totalement dénuée de stéréotypes. Usant parfois d’artifices abracadabrantesques pour justifier tout et n’importe quoi, le titre de Witchcraft nous réserve tout de même quelques très belles scènes, quelque fois poignantes et frissonnantes. A travers des sujets tels que le pouvoir de l’imagination humaine, les rêves d’enfance ou encore l’alter égo, il évoque de façon posée et simple des problématiques intéressantes.

Drakerider n’est en somme pas ce que l’on pourrait qualifier de manichéen. Dans chacune des oppositions qu’il construit entre protagonistes et antagonistes, il s’efforce de justifier les actes de la partie adverse par des raisons qui peuvent sembler légitimes aux yeux du joueur. Ainsi même si l’on n’échappe pas aux idéaux-types des personnages de J-RPG, il est tout à fait plaisant de suivre les pérégrinations de notre trio de héros, embarqués dans une machination qui les dépasse. Comme le récit de David et Goliath, il s’agira de se dresser, aussi insignifiant soit-on, contre un ennemi qui semble imbattable.

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Drakerider représente tout ce que la fuite sur smartphone des J-RPG a de frustrant. L’ambition du titre de Witchcraft dépasse largement le cadre des bêtes exigences d’accessibilité du support. Manquant manifestement de moyens, cantonnés à une plateforme qui nécessite de se tirer des rafales de balles dans le pied, les développeurs ont tout de même réussi avec Drakerider une prouesse d’écriture créative sous la contrainte. Ne pas se méprendre donc, le bébé d’Akifumi Kaneko n’est pas une expérience de gameplay comme souvent sur smartphone, mais bien une aventure de qualité, à l’ancienne, qui souffre malheureusement de défauts inhérents au système qui l’accueille : maniabilité restreinte, manque de profondeur, répétitivité et simplicité. On regarde alors Drakerider avec un œil tendre tandis qu'il se démène comme il peut pour remplir un cahier des charges lourd, contraignant et absurde, tout en essayant de voir plus loin que les autres. A n’en pas douter l’un des meilleurs RPG de la plateforme.

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DocElincia
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le 12 nov. 2013

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