Quand un bon concept est repris par ton petit frère

Avant de commencer toute chose, il est sûrement important de préciser que j’ai joué à ce Evoland bien après la sortie de sa suite. Voulant donc me plonger dans Evoland 2 depuis un bout de temps, ayant vu maintes vidéos et avis sur le jeu à sa sortie, je me suis dit que je pouvais profiter des soldes pour essayer Evoland premier du nom avant de lancer le second opus. Je savais pertinemment, au vu des critiques générales, que ce premier Evoland était loin d’atteindre la qualité de son frère cadet, mais pour 2€ en promotion, et quelques heures de jeu seulement, je n’allai pas me priver d’une expérience qui serait au minimum sympathique !

Un gâchis...

Et ça me fait mal de le dire, mais ce premier Evoland est mauvais, terriblement mauvais. J’ai du mal à comprendre comment les développeurs peuvent être les mêmes que ceux du second volet ; je n’avais pas vraiment d’espoir particulier pour ce jeu, et il a quand meme réussi à fortement me décevoir. Il est vrai que certains penseront que l’on ne peut pas descendre un tout petit jeu indépendant sans aucune prétention ; mais pour moi, ce n’est en rien une excuse quant à sa qualité globale.

Si j’ai mis un 2 (comprenez plutôt par là que je n’ai pas mis 1), c’est pour le concept qui est très amusant en soi : un petit RPG dans lequel on débloque au fur et à mesure de notre progression des évolutions graphiques ou de gameplay qui ont marquées l’histoire du jeu vidéo. À la base, le projet n’était qu’un petit jeu de game jam qui avait posé ces bases-là ; le jeu flash ayant particulièrement était apprécié, les développeurs se sont lancés dans cette version complète d’Evoland. Sauf que voilà : ce bon point, intéressant sur le papier, se trouve être le seul point positif du jeu. Le reste est un gâchis monumental.

Le scénario aux oubliettes

Par où commencer ? Tout d’abord, le scénario et l’écriture, puisque nous sommes dans un RPG. Le jeu veut en vérité se montrer comme une sorte de petite parodie des RPG traditionnels, grâce aux messages qui apparaissent lorsque l’on obtient une évolution. Certaines remarques sont plutôt bien pensées et tournent bien en dérision quelques codes, comme le gros zoom sur le personnage qui ne fait qu’ouvrir un coffre. Le problème, c’est que cette ironie n’est en fait qu’un cache-misère d’un scénario et d’un univers totalement torchés ; on aura beau me dire que c’est normal que si tout sonne cliché, puisque c’est le but... sauf que le jeu, au final, ne nous fait remarquer que 2-3 fois au cours de l’aventure « oh la la le scénario est un peu nul... ». La parodie n’empêche en rien d’avoir quelque chose d’un minimum construit autour ; parce que littéralement, l’histoire est celle d’un gars qui veut aller battre le méchant maléfique... et c’est tout, vraiment tout, il n’y a rien d’autre. C’est VIDE.

Mais soit. Si tout l’univers mis en place n’est qu’un prétexte assumé par les développeurs, peut-être que l’intérêt du jeu se trouve dans son gameplay qui veut nous proposer un concept innovant ?

Le gameplay aux oubliettes

Et bien NON.

Celui-ci se découpe en deux parties principalement : le « Zelda-like », avec des combats en temps réel vu du dessus, et les combats au tour par tour. Dans le premier cas, la maniabilité est ultra rigide, certains ennemis comme les squelettes demandent juste d’être bourrinés pendant 10 secondes et le tout donne un ensemble cheap et peu agréable en main. Le ridicule de ces combats atteint son paraxosyme lors des combats de boss, notamment le deuxième qui est d’une difficulté abusée et d’un gameplay affreux (j’ai réussi à le vaincre en me planquant derrière un poteau et en bourrinant l’attaque comme un idiot). On note aussi des moments où des vagues d’ennemis complètement indécentes débarquent, et où la seule solution est... bah toujours de spammer la même touche en boucle.

L’autre type de combat est la même chose en plus ennuyant et pénible encore : il n’y a absolument AUCUNE stratégie dans ce tour par tour, puisque que tout ce que l’on peut faire c’est attaquer, ou se soigner avec l’autre personnage (sachant qu’il n’y a même pas de barre de mana, ce qui vous permet de spammer les soins également). Voilà tout. De plus, les combats aléatoires sur la carte sont incessants et deviennent insupportables en quelques minutes de jeu tellement leur répétitivité est insupportable.

En dehors des combats, on retrouve juste quelques énigmes qui doivent à peu près se reposer sur 2 ou 3 mécaniques dans tout le jeu. Il doit bien y en avoir une ou deux réussies avant qu’elle soit dupliquée encore et encore, jusqu’à l’overdose.

Et tant que l’on est sur le gameplay, je ne parle même pas du concept même de base du jeu, qui en vérité... ne sert à rien. Et oui, car à part débloquer quelques améliorations graphiques par ci par là (sachant que les 3/4 des évolutions se font dans les 20 premières minutes), en termes de gameplay rien ne change, à part pour un type d’énigme comme dit plus haut, qui ne fait que se répéter.

Le charme aux oubliettes

Enfin, certains trouveront peut-être à dire que le jeu, même s’il n’est certes pas très bon, possède un petit charme en étant coloré, et en faisant de multiples références aux jeux vidéo... Sauf que faire une référence, pour être appréciable, doit être un fait maîtrisé par les développeurs : ce qui n’est pas le cas ici. Par exemple, vous obtenez à un moment donné une épée ressemblant fortement à celle de Cloud dans Final Fantasy VII. Le joueur pourrait alors le remarquer tout seul et être content d’avoir remarqué le clin d’œil ; sauf que non, le jeu doit bien vous expliquer que « vous avez déjà vu cette épée quelque part » et qu’elle s’appelle « l’épée de Claud »... Subtilité, tiens donc ! Sans parler des jeux de mots intempestifs qui deviennent plus que lourds, tel que Clink, Kaeris, Zephiroth, etc...
Même l’aspect graphique en 3D reste pauvre, donnant un côté incroyablement cheap au jeu. Et le statut indépendant n’excuse pas la chose, vu ce que l’on peut déjà voir dans Evoland 2.

En bref

Evoland n’est pas un bon jeu. J’aurais aimé lui trouver un charme, pouvoir soulever des points positifs qui contrebalanceraient ce côté cheap et terriblement amateur. Mais non ; le gameplay est totalement à la ramasse, son concept innovant n’étant même pas exploité, le scénario est d’un vide sidéral et ce ne sont pas les lourdes références à quelques jeux qui sauveront la mise. Tout au plus, les quelques commentaires sur les évolutions obtenues peuvent prêter à sourire. Et c’est bien les seules fois où j’ai souri devant ce jeu.