Il faut Loot. Et partir, loin de tout, loin du monde.

Est-ce que vous vous souvenez de Fallout 3 ? C'est sorti en 2008 et, même si l'écriture de l'ensemble était en deçà de la grande série de jeu de rôle atompunk que l'on connaissait dès lors, le jeu avait le mérite de proposer une refonte de cet univers en 3D , plutôt joli, avec une ambiance de dingo et un système de jeu adapté à son époque. REBOOT TOTAL. Reprenant les artifices made in Bethesda qui ont fait la gloire des parchemins de vieux monsieur. Rien de folichon non plus mais c'était quelque chose et, mieux encore, sort même pas deux ans après une suite 1.5 nommée sobrement Fallout : New Vegas : même moteur de jeu et gamedesign globalement identique, on nous prendrait presque pour des jambons. La différence fondamentale tient en deux mots : Obsidian Entertainment. Et rien que pour ça , ça vaut le coup. Reprenant les poncifs du RPG, le jeu est peut-être l'une des plus grosses réussites du Role Playing Game contemporain : écriture bien au dessus de ce qui se fait chez la concurrence, quêtes annexes à embranchements multiples, densité et cohérence d'un univers nettement plus proche des jeux originaux de la franchise, optimisation et technique en mousse (oups ! ). Et vla t'y pas que les monsieur de chez Bethesda nous annonce en grande pompe (et avec une hype incommensurable) un nouvel opus de la franchise orné d'un gros 4 , signifiant à mes yeux non un renouveau mais du moins une évolution et une amélioration d'une formule qui était globalement réussie 5 ans plus tôt.

Et c'est sans doute ce que j'attendais, nigaud comme je suis, du nouveau titre d'une franchise qui avait déjà retourné cet univers post-apo ravagé d'une assez belle manière avec deux jeux finalement assez complémentaires. Ce que j’attendais c'était peut-être une refonte du gameplay, une amélioration de son système de dialogues et de choix, un travail approfondi sur les factions du jeu et le game-design global du titre, ainsi qu'un travail d'écriture performant sur les quêtes annexes. Sans oublier une refonte graphique et technique optimale. Est ce que on peut attendre ça en 2015 ? Bha oui vu qu'à part les aspects techniques et visuels, New Vegas avait pu le faire en 2010. Suffisait d'améliorer la formule, non ? Bha non.

C'est à se demander ce qui ne tourne pas rond chez Bethesda, le plus incroyable je crois est la façon non seulement qu'à le jeu à détruire complétement toute forme d’intérêt pour la quête principale de ce Fallout 4 en quelques minutes. Un exploit rarement vu, en vous expliquant globalement que vous êtes un gros gentil tout plein pour vous dire ensuite que la liberté s'offre à vous. La bonne blague ! Sacré Bethesda. Le jeu fait aussi l'exploit de considérer un gameplay pseudo FPS vieux de 10 ans comme étant correct en 2015. Et c'est franchement incompréhensible. Pensez narration : pour un RPG vous vous attendez à quoi ? Sans doute à un système de choix avec un ensemble de quêtes, un arbre de compétences et du stuff à looter , un système de karma ? Fallout 4 fait le minimum syndical. Pas de karma, peu de choix, dialogues limitées (vous pouvez quand même vanner les gens que vous rencontrez, quelle joie), écriture limitée, quête principale inintéressante et caduque, aucun impact sur l'environnement du jeu, manque d'équilibre entre les différents aspects du titre, loot à gogo.

Bon admettons. Admettons que le titre ai la volonté de proposer un game-design orienté vers le FPS. Ha. Physique vieille de 10 ans, système de jeu bancal vieillot et inadapté à un FPS, IA en mousse, level-scalling et courbe de progression à la rue. Alors qu'est ce qu'il reste ? Bha rien. Rien de consistant, rien d'intéressant hormis quelques quêtes secondaires de bonnes facture. Le jeu a le cul entre deux chaises mais n'a pas la technique Van Damme. On pourrait bien parler de cet aspect gestion/craft/construction posée là comme une chèvre dans un enclos de raptors car il faut croire que c'est bien la seule chose que les gars de chez Bethesda avaient envie de changer depuis Fallout 3, 2008. Mais vous savez quoi ? C'est aussi raté. Ne reste dès lors dans ces vastes plaines désolées qu'un univers, une ambiance post-apo comme on les aime, d'un Boston morcelé par la guerre et les goules, mais résolument identique à ce que l'on nous avait déjà servi à prix fort il y a déjà bien longtemps....

Fallout 4 est un mauvais jeu vidéo. A tout point de vue. Accusant en plus erreurs techniques, bugs et errances visuelles, le jeu parvient à dénouer les liens qui subsistaient entre son nom et celui d'une franchise aux mécaniques d'antan. Quittant ses apects RPG, son écriture et ses éléments réussis pour mieux focaliser son attention sur un game-design puéril et réemployé sans once de vergogne. Comme un tampon que l'on réutiliserait quelques années plus tard en pensant vainement qu'il suffira à contenir les flots incessants de besoins corporels. Fallout 4 est une vaste supercherie, sans mérite, sans émois, sans cœur et piégé par son manque d'ambitions. Inacceptable.