Alpha Protocol. Ce nom résonne dans mes oreilles lorsque j'insère pour la première fois la galette de ce nouveau cru de Fallout. Attention, je suis un de ces joueurs qui ont découvert Fallout avec le troisième épisode, sans avoir eu l'occasion de jouer aux anciens épisodes, que beaucoup élèvent au rang de jeux cultes que n'atteint pas ces épisodes "new generation". Je suis donc dans l'optique de la découverte, après un Fallout 3 en demi-teinte, qui m'a convaincu par d'excellentes idées au niveau des quêtes mais déçu par sa technique archaïque et sa fin beaucoup trop bâclée. A noter que je n'ai pas eu la "chance" de m'adonner à tous les DLC sortis peu après...

Mais ce New Vegas a été mis entre les mains d'Obsidian, les gens qui m'ont complètement surpris par Alpha Protocol, un vilain canard qui a recélé bien des surprises et malgré beaucoup de défauts, j'avais complètement accroché. Autant le dire d'emblée: Fallout New Vegas est moche. Les textures sont grossières, les modèles des NPJ sont juste abominables et figurent sans peine parmi les personnages les plus moches que j'ai pu voir dans un jeu. Et par dessus tout la direction artistique manque singulièrement de charme par moments, alors que d'autres passages marchent déja mieux (sans être au top). Pourtant, ce New Vegas m'a fasciné.

Le gros point fort de ce Fallout est nul doute l'écriture des quêtes et de l'histoire en général. Magnifiquement dirigée, on entre totalement dans le cas typique de "quêtes à tiroirs", mais superbement bien pensé et faisant appel à un univers remarquablement contruit, à défaut d'être remarquablement représenté. L'univers du jeu est régi par plusieurs factions, et un moment de l'histoire vous demandera d'en préférer une, sans jamais vous obliger ou vous faire remarquer que ce choix est définitif. Car le titre repose sur un simple concept: le choix. Là où le troisième épisode vous demandait généralement des choix binaires, parfois plus complexes mais jamais sans avoir une influence réelle. Et ces choix sont directement visibles dans le jeu, soit par une adulation d'une faction principale ou secondaire, soit par une haine sans nom.

Et la progression durant l'aventure se fera très progressivement. D'abord catapulté dans un coin complètement paumé du Mojave, vous devrez poursuivre les hommes qui vous ont laissé pour mort et volé un mystérieux jeton de platine à travers les plaines désertes, tout en rencontrant plusieurs personnages et des lieux plus ou moins ravagés. On se rend compte au fur et à mesure de la progression toute l'étendue de l'univers, qui continue de croître au gré des rencontres. On apprend que la Légion fait office de grand méchant loup, que la République fait tant bien que mal justice afin d'apporter son aide tout en ne négligeant pas son propre profit, et qu'un mystérieux M. House règne sur la cité de New Vegas. Le barrage Hoover est au centre des préoccupations au sein de cet univers de désespoir, étant le seul lieu permettant de piocher un peu d'énergie pour survivre en ce bas monde.

Arrivé à New Vegas, la cité-casino, beaucoup de choix s'offrent à vous, et on se rend compte que la ville est déja un mini-univers au milieu de ce wasteland: magasins, gangs qui prennent le contrôle, quartier de luxe protégé par des robots, tous les moyens sont bons pour parvenir à vos fins. Et on retrouve la grande force du jeu, la possibilité de résoudre ses problèmes par les moyens que l'on juge bon d'utiliser. Par exemple, pour rentrer dans le quartier des casinos, il vous faut franchir un barrage de robots surarmés demandant un laissez-passer. Libre à vous de tenter l'assaut, mais c'est mission suicide. Vous pouvez toujours en acheter un pour 2000 capsules mais il faudra travailler pour obtenir l'argent, ce qui va de proxénète à coursier pour une société de caravanes plus que louche ou encore garde de magasins, ou alors entrer en contact avec le gang du coin pour s'attirer les faveurs du chef, ou encore acheter un faux laissez-passer pour une somme plus modeste.. Il n'est pas rare que plusieurs missions se croisent dans leur histoire, beaucoup de factions, gangs ou personnages louches sont liés entre elles, ce qui donnent des quêtes à l'écriture exquise.

Certaines missions vont jusqu'à éliminer une faction adverse, ce qui vous privera évidemment des missions qu'elle aurait pu vous donner, libre à vous de choisir votre voie. Par exemple, une mission vous demandera de retrouver une ancienne propriétaire de caravanes pour lui passer un "message", mais celle-ci peut demander à être un de vos compagnons et de tuer ses futurs agresseurs. Rien n'est blanc et noir, chacun essaye de survivre à sa manière et de trouver toutes les ressources nécessaires à cela. Et vous plus qu'un autre. Un voyageur qui se réjouit devant vous de sa victoire à la tombola peut avoir un "accident" afin de récupérer son billet gagnant. Tout est fait pour vous en mettre plein les poches, quitte à se salir les mains pour y parvenir. Et tout ça est multiplié par les choix de dialogues, qui proposeront certains choix déblocables grâce aux compétences de discours, troc ou autres.

Et c'est ce concept de choix qui est vraiment porté à son paroxysme. Là où dans certains jeux, le choix se contente d'être très binaire (inFamous, Bioshock...), Fallout va plus loin en vous obligeant à faire des choses que vous savez qu'elles ne sont pas éthiques mais nécessaire pour remplir la mission. Et le jeu vous pousse à chercher plus loin car certaines missions vous donne des alternatives lorsque vous découvrez certains facteurs non visibles au début de la mission. Des factions vous donneront l'ordre d'anéantir une autre faction plus secondaire, mais sur place, vous découvrez que celle-ci n'est pas aussi malfaisante que l'on vous a fait croire, mais fait tout pour survivre dans ce monde sans pitié, quitte à aller à l'encontre d'autres factions. Et vous avez le pouvoir de changer le destin de certains peuples, afin d'aller au bout et de pouvoir survivre vous-même. Les missions étant magnifiquement scénarisées, beaucoup de croisements s'effectueront et donnent vraiment l'impression qu'un univers évolue autour de vous, parfaitement crédible.

En ce qui concerne le gameplay, on retrouve ce qui a fait la force de Fallout 3, pouvoir ramasser tout ce que l'on trouve pour fabriquer d'autres objets, être accompagné par des compagnons parfois un peu trop efficaces, utiliser le SVAV pour abattre plus facilement les ennemis... On peut toujours faire les poches des PNJ (et même déposer un engin explosif actif pour le faire exploser) ou voler ce que l'on veut au risque de passer pour le méchant du coin. Mais le jeu n'est pas exempt de défauts: les animations sont moches au possible, et énormément de bugs peuvent être réellement gênants. Je n'en ai pas eu durant ma partie qui m'empêche de faire une mission, mais j'ai déja eu plusieurs freezes complets du jeu, m'obligeant à redémarrer la console.

Le jeu est par contre réellement long, surtout si l'on veut découvrir tous les lieux qui vous proposeront des quêtes plus ou moins longues, et souvent surprenantes. Mais le jeu pousse à explorer les environs afin de tomber sur des lieux pas communs qui propose une histoire inédite. Il n'est par contre pas possible de faire toutes les missions en une partie, le jeu vous forçant à remplir des objectifs qui annulent les missions d'autres factions, celle-ci vous détestant ou étant simplement anéanti par un de vos actes. Attention à ce que vous faites!

Fallout New Vegas est très similaire à Alpha Protocol. Un jeu qui demandera de l'investissement de la part du joueurs mais qui le récompensera par des quêtes passionnantes et un univers vraiment cohérent et réactif. Fallout New Vegas, c'est un peu comme un fromage français: repoussant à l'extérieur, mais délicieux à l'intérieur.
Cronos
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le 20 avr. 2011

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